-Mais qu’est-ce qu’on s’ennuie…

La personne ayant débité cette pauvre phrase n’était autre que Ruthel. Assis dans un fauteuil luxueux, les pieds posés sur la table devant lui, il regardait, avait un air blasé, ce cher Lloyd qui avait la fâcheuse habitude de l’ennuyer au plus haut point.  Ce dernier venait de s’interrompre et foudroyait du regard la personne ayant eu l’audace de le couper dans son monologue.

-Tu ne t’ennuierais pas si tu avais la présence d’esprit d’écouter mes remarques et d’en prendre connaissance pour nos actions futur ! Ruthel !

Lloyd s’était levé et appuyait désormais ses deux paumes sur la table du conseil continuant de regarder James avec un air à la fois exaspérer et mécontent.

-Surveille tes paroles Lloyd ! vociféra  James qui venait de saisir l’un de ses pistolets pendant à sa ceinture.

Les deux conseillers se regardaient avec haine et ne s’occupaient déjà plus du sujet de la réunion.

-Il suffit...

Les deux perturbateurs ne répliquèrent pas à l’injonction et se postèrent de nouveau dans leurs fauteuils. La personne ayant mis fin à cette dispute  n’était autre qu’Alistair Lormëne. Ce dernier était le doyen des conseillers et quand il exprimait son mécontentement il ne valait mieux pas répliquer. James aimait bien le commandant des chevaliers. C’était en quelque sorte son meilleur ami étant donné qu’il passait du temps ensemble à chaque fin de journée. En revanche lorsqu’ils travaillaient il n’y avait pas de place pour l’amitié. Seul le travail importait.

-Quand cesserez-vous donc de vous comporter comme des gamins !

Il n’était pas rare qu’Alistair remette en place ses deux compères étant donné qu’ils ne pouvaient pas se voir en peinture.

-Alistair a raison. Lloyd, poursuit donc ton récit pour que nous puissions clore cette réunion. Quand à toi James je te prierais de manifester plus d’entrain dans cette conversation !

Cette fois-ci ce ne fut pas Alistair qui s’exprima mais Summer. Elle croisait les bras faisant comprendre  au reste du conseil que ce n’était pas le moment de l’énerver.

En effet, il était désormais 23h30 et tout le monde était fatigué par cette journée de travail. James aimait énormément Summer, il ne put donc pas répliquer. Devant l’absence de réaction de Lloyd il dut intervenir pour que la discussion se poursuive sans incident.

-Je m’excuse, Lloyd… Poursuit donc, nous t’écoutons…

Un sourire victorieux apparut sur le visage de Lloyd qui se délectait de la soumission de James. Il poursuivit donc son récit sans autre incident diplomatique.

Quand la réunion s’acheva, l’horloge venait de sonner son douzième coup.

James était sorti le premier pour venir se poser contre le mur adjacent de l’entrée. Il attendait Alistair pour pouvoir aller se dégourdir les jambes. En même temps, cela faisant quatre heures qu’ils étaient restés assis dans cette salle. Il ne fallait donc pas lui en vouloir de l'avoir quitté en premier… Quand le chef des chevaliers apparut dans l’encolure de la porte, Ruthel se mit à sourire. Habillé de son grand manteau rouge, le chef de la section Wakanda avait fière allure. Il portait un pistolet de chaque côté de sa ceinture mais également deux autres caché dans l’un des nombreux plies de son manteau. D’apparence jeune, comme  à son d’habitude, notre conseiller préféré attendait patiemment que son ami tire sa révérence à Summer avant de venir le rejoindre.

-Encore cinq minutes assis dans cette salle et j’allais imploser, lança t’ ’il à l’intention du chevalier qui venait de la rejoindre.

La soirée avançait à grands pas. Si Alistair ne fixait pas la pendule près de la porte par simple respect, en revanche, il lui arrivait de jeter quelques malheureux coup d’œil aux larges fenêtres. Depuis quelques heures déjà, les lampes s'étaient allumées dans tout Lohendra, et la lune avait pris place dans le ciel. Et pour une saison telle que le printemps, cette obscurité extérieure n'était que le signe d'une soirée très, très avancée.

Les bras et jambes croisées, le regard posé sur l'orateur, le général semblait à peine respirer. Il écoutait les paroles de chacun des membres du Conseil avec une infime attention. Le sujet en soi n'était pas si important, mais le blond restait terriblement attaché à la rigueur et l'écoute. Quand bien même lui fallait-il écouter les longues tirades de Lloyd. Ce dernier possédait une... telle aisance pour s'étaler sur des sujets sans importance qu'ils finissaient eux-même par devenir intéressants. Silencieux, assis sur sa chaise, le général osa un instant détourner le regard pour regarder à sa droite et parut un instant désolé face au spectacle qui s'offrait à ses yeux. James restait véritablement le plus jeune des membres du Conseil, et finalement, cela se voyait. Il avait vu passer plusieurs membres depuis son admission parmi ces derniers, et pourtant cet homme-là restait le plus détendu de tous. Les pieds sur la table. C'était devenu une habitude, si bien que plus personne n'y faisait attention. Alistair soupira pile au moment où James vint perturber les dires de Lloyd.

-Mais qu’est-ce qu’on s’ennuie…
-Tu ne t’ennuierais pas si tu avais la présence d’esprit d’écouter mes remarques et d’en prendre connaissance pour nos actions futur ! Ruthel !
-Surveille tes paroles Lloyd !

Ça y est, c'était repartit. À chaque fois que l'un d'entre eux ouvrait la bouche contre l'autre, ça finissait toujours par une engueulade. Vraiment, le Conseil avait bien changé. Mais il était aussi devenu plus vivant, et à vrai dire, cela arrangeait le vieil homme. Mais l'heure n'était pas aux souvenirs ni même à la nostalgie. Il était le plus âgé, et même s'il était légèrement d'accord avec le plus jeune vis-à-vis de sa première remarque, il calma aussitôt les choses, soupirant presque sa phrase.

-Il suffit...

Même s'il n'avait pas crié et même baissé le visage, il était persuadé que les deux jeunes perturbateurs l'avaient entendu. Et tant mieux pour eux, le général n'allait certainement pas répéter. Conscient d'avoir les regards posés sur lui, le blond finit par relever le menton et haussa légèrement le ton, de sa voix pourtant si monocorde et désintéressée.

-Quand cesserez-vous donc de vous comporter comme des gamins !

Sa fin de phrase s'était faite plus sèche qu'à l'accoutumée, mais Alistair voyait l'heure passer et souhaitait tout aussi bien rentrer chez lui. La journée de demain risquait d'être aussi chargée qu'aujourd'hui et il n'avait malheureusement plus cinquante ans. Il tenait par ailleurs à ses heures de sommeil. S'étant quelque peu éloigné de son dossier, le général finit par se détendre et reprit une attitude tranquille. S'il ne bâillait pas encore, c'était uniquement par respect pour les autres. Toujours est-il que James finit par s'excuser et Lloyd put reprendre en toute quiétude, après la légère intervention de Summer. Il appréciait tout aussi bien le fait que cette dernière se poste de son côté pour tempérer les choses à sa façon. Une présence féminine était de l'air pur par excellence.

Finalement, au bout d'un certain temps, Lloyd finit par conclure. Les chaises bougèrent, chacun se souhaita la bonne nuit et l'église sonna son douzième coup. L'espace d'un instant, Alistair ferma les yeux. Minuit. Quatre heures de réunion. Et pour parler de quoi, franchement ? Qu'arrivera-t-il lorsqu'un véritable incident arrivera sur Dena ? Le général se le demandait. Mais d'un côté, un peu de d'action ne ferait vraiment pas de mal à cette assemblée. Rouvrant les paupières, le blond se dirigea vers Summer d'un pas un peu plus pressé. Il devait s'entretenir avec elle un tout petit peu plus. Il aperçu les deux premiers hommes quitter la salle puis discuta un instant avec la dame. Finalement, il fut le dernier à quitter la pièce, son hibou se posant délicatement sur son épaule, et refermant soigneusement les deux portes en chêne gravé. Une légère lumière apparu à la rainure des deux portes, signe que la magie s'occupait de verrouiller la salle. Tournant son regard à droite, le général cligna un instant des yeux en apercevant James adossé au mur.

-Encore cinq minutes assis dans cette salle et j’allais imploser.

Un maigre sourire vint se poser sur les lèvre du plus vieux. Il était fatigué et rêvait de trouver son lit, mais la compagnie de James était tout aussi bien. Et puis, le général doutait de son sommeil après une réunion de quatre heures. Il lui semblait encore entendre les explications de Lloyd dans son cerveau, et ça ne l'apaisait pas plus que ça. Sans rien ajouter, le général passa une main dans l'épais plumage de son totem et soutint son bras droit grâce au pommeau de son épée. Par la suite, Alistair se mit à marcher tranquillement vers ses quartiers, d'ailleurs proches de ceux de son coéquipier. Le moment venu, il déclara :

-Tâche juste de ne pas trop froisser Lloyd à l'avenir. Tu sais quel intérêt il porte à ses discours.

Le sourire du blond s'étira encore un peu plus. Il était vrai que Worth n'était pas le premier des idiots. Bien au contraire. Dans une discussion, il avait toutes les chances d'obtenir ce qu'il voulait. Il pouvait tout aussi bien embrouiller et tourner les choses à son avantage. C'était une particularité plutôt appréciée, puisqu'il se trouvait aussi très doué pour rendre des rapports clairs et précis. Alistair approcha sa main droite de son front et se cacha le visage tout en fermant les yeux.

-J'ai l'impression d'avoir parlé pour ne rien dire. Les réunions deviennent de plus en plus longues et fatigantes.

Heureusement que James était parfois là pour réveiller tout le monde. Son énergie était décidément énorme, sauf quand bien sûr il s'agissait de travailler. C'était à se demander comment il s'était retrouvé à ce poste. Enfin... Chacun avait ses particularités, et Alistair ne pouvait blâmer aucun membre du Conseil sur sa simple opinion.

Les deux amis se dirigèrent vers les quartiers d’Alistair. En effet, comme tous les soirs, le vieil homme passait ranger des dossiers dans son bureau et naturellement James le suivait. Pour ce dernier c’était le meilleur moment de la journée. Passé du temps avec son ainé lui faisait le plus grand bien. Et puis, même si James n’était pas le plus sérieux des conseillers il n’en était pas pour autant le moins intelligent. Il analysait tout ! Les mimiques des gens,les traits sur leurs visages, leurs réaction...tout.

-Tâche juste de ne pas trop froisser Lloyd à l'avenir. Tu sais quel intérêt il porte à ses discours.

Curieusement James se mit à sourire. Apparemment son ainé se méfiait de Loyd mais semblait apprécier ses qualités de travails. C’était sans doute pour ça que les deux ne s’était jamais aliéné entre eux contrairement à James…

-J'ai l'impression d'avoir parlé pour ne rien dire. Les réunions deviennent de plus en plus longues et fatigantes.

James devint hilare à la remarque d’Alistair.

-Que veux-tu mon ami ! Nous vieillissons. Et puis les réunions j’ai toujours trouvé ça barbant…même quand j’étais plus jeune. Mais alors avec l’autre barge de Lloyd c’est vraiment le vide intersidéral !

Alistair, comme à son habitude, se contenta d'avancer sans rien ajouter.
Ensemble, ils parcoururent les quelques centaines de mètres les séparant de leurs destination parcourant les nombreux couloirs que comptait le siège de conseil.

Les deux compères arrivèrent finalement devant le bureau du doyen. Il entra le premier suivit de James.

Le jeunot, si on pouvait s’exprimer ainsi malgré ses quatre-vingt-quatorze ans, prit place sur le fauteuil situé en face du bureau d’Alistair tout en observant son ami. Passant une main dans ses cheveux il se mit à parler de tout et n’importe quoi pendant Lormëne d'affairait à d'autre tâches. Il avait l'air concentrer dans ce qu'il faisait. Aussi, James décida de se reposer. Il se leva pour admirer la vue depuis la fenêtre à sa droite. En fulminant les quelques informations qu'il avait retenu de son dernier échange avec les autres membres du conseil.

-Alistair ? D'après toi le monde a t'il une justice ? Et si oui quel est le sens de la justice du monde ?

Il attendit patiemment la réponse, en regagnant son fauteuil délaissé quelques secondes plus tôt. Il s'assit à son aise et replia ses genoux contre son ventre lui donnant l'air d'un gamin. Il fixait Alistair de ses yeux rouges jusqu'à croiser son regard.

Sans doute n'était-ce qu'une infime impression, mais depuis quelques jours, Alistair se sentait perdre son temps. Et c'était de mal en pis, avec cette saison. Il faisait si beau la journée, sans pour autant déshydrater son pauvre corps sous une chaleur torride. De toute évidence, le général préférait le printemps à toutes les autres saisons. Les arbres bourgeonnaient, les feuilles apparaissaient, la nature reprenait lentement ses droits et et le climat était on ne peut plus clément. Enfin, qu'importe, s'il ne travaillait pas, qui le ferait ? Il ne doutait absolument pas du nombre de chevaliers remettant en question sa propre autorisé et accessoirement sa place. En revanche, il se permettait quelques moqueries quand au travail à fournir et à la volonté de ceux qui lorgnaient son statut. Quatre jours. Alistair donnait quatre jours au prochain qui remettra sa position en question. Quatre jours où le général n'en serai plus un et déléguerai tout, absolument tout. Il était certes le plus vieux du Conseil, et par ailleurs celui le plus près de clamser, mais concrètement, le blond possédait encore 20 à 30 ans à vivre. Ce qui, avouons-le, n'était purement pas négligeable.

Il prononça à haute voix ses ressentiments, sans se douter que James s’était vraiment intéressé à ses paroles. sans même se douter que cela allait provoquer un excès d'hilarité chez le plus jeune. La main encore proche de son front, il se retourna vers James, légèrement surpris. Était-il lui aussi si fatigué pour rire d'une remarque purement subjective et franchement mécontent ? Sans doute. En tout cas, sans chercher à savoir, Alistair poursuivit sa route jusqu'à arriver dans son bureau. Il ne s'étonnait guère d'être suivi. Il était certes tard, mais James devait avoir tout aussi envie que lui de se changer les idées.

-Que veux-tu mon ami ! Nous vieillissons. Et puis les réunions j’ai toujours trouvé ça barbant… même quand j’étais plus jeune. Mais alors avec l’autre barge de Lloyd c’est vraiment le vide intersidéral !

Le général s'offrit un léger sourire, à l'abri des regards. Il s'en voulait un peu de penser du même point de vue que James. Après tout Lloyd, sans sa capacité époustouflante à s'exprimer pendant des heures, était quelqu'un de... de... Pourquoi le mot n'arrivait-il même pas à franchir la barrière de son esprit ? Tout en ouvrant sa porte, le général répondit alors, d'un ton un peu plus désabusé encore :

-Si tu lui vouais un peu plus de respect, les réunions termineraient aussi bien plus vite. C'est bien parce que tu finis toujours par faire une remarque de côté que Lloyd se fout en colère.

Certes, il fallait dire que, niveau irritation, Lloyd en tenait une couche, et une belle. Alistair avait parfois lui-même du mal à garder son sang-froid face à certaines... paroles du plus jeune. C'était pour dire. Quoiqu'il en soit, le général n'attendit guère plus et pénétra dans son bureau, suivit de près par James. Sans se figurer un seul instant de ce que ce dernier était bien en train de faire, le blond s'occupa quand à lui des quelques dossiers trônant sur son bureau. Le hibou élut domicile sur son perchoir en hululant légèrement, mais encore une fois, le général n'en eut que faire. Les sourcils froncés, le regard penché sur divers paperasses, Alistair s'humecta les lèvres et passa rapidement en revue la grosse pile de dossiers. Heureusement qu'il avait songé à terminer ses dernières affaires avant de partir en réunion -et au final, il s'était pointé avec dix petites minutes de retard-, car il ne se sentait absolument pas l'âme de reprendre ça à une heure si tardive.

Bougeant de gauche à droite comme s'il était suivi par le diable, le blond se dirigeait vers ses emplacements de rangement. Blaoria, Toki... Tous les faits et gestes des différents capitaines y étaient soigneusement répertoriés. L'effectif total, les derniers problèmes, les raisons de mutation, les nouveaux venus, la préparation des examens de chevaliers, il n'y avait strictement rien dont Alistair n'était pas au courant. Il ne pouvait évidemment pas retenir, d'où la présence de nombreux dossiers dans sa presque bibliothèque d'on ne sait combien d'ouvrages. Il y avait de quoi déprimer un quelconque amateur. Voir même un connaisseur.

Toujours porté sur ses affaires, Alistair en oublia même la présence du conseiller. Il manqua d'ailleurs de sursauter lorsque la chaise raya presque le parquet, témoignant que son précédent occupant se levait. Le général posa un instant son regard sur James, avant de reprendre lui-même ses occupations. Il fut troublé par une subite question du plus jeune.

-Alistair ? D'après toi le monde a t'il une justice ? Et si oui quel est le sens de la justice du monde ?

Bloqué par un fil invisible, le général stoppa ses mouvements et finit par réfléchir à la question. Avant ça, il leva la main pour déposer un dossier dans un emplacement prévu à cet effet, puis se tourna vers James tout en s'adossant à cette bibliothèque et croisant les bras. Une drôle de question, sans aucun doute. Les heures tardives amenaient visiblement à de bien étonnants raisonnements. Une justice. Venant d'un conseiller, c'était assez surprenant d'entendre dire ça. La justice de ce monde était celle qu'ils voulaient donner, eux, les quatre membres du Conseil. Il était bientôt une heure du matin et le général n'avait plus trop les idées au clair. La justice actuelle, c'était son droit d'aller dormir. Il se fichait pas mal de la justice du monde. Néanmoins, il tâcha de peser ses mots avant de les prononcer à voix haute :

-Tout dépend du point de vue. Pour moi, il en a un, et nous sommes là pour la maintenir en éveil.

Il n'allait pas répondre à la seconde question. Quel sens pouvait-il y avoir à la justice ? Elle faisait son travail, tâchait avec ferveur de conserver un semblant d'égalité. La justice pouvait tout aussi bien être une sentence terrible. La justice, c'était aussi donner à chacun ce qu'il mérite. Mais le mérite se basait sur un point de vue purement subjectif. La justice était par-là même totalement aléatoire d'une institution à l'autre. Voilà ce qu'Alistair pensait. Il fallait une justice pour vivre en communauté, même si cette dernière pouvait se trouver dictatoriale voir injuste, ce qui était en somme aux antipodes de la justice même. Qu'importe, le vieil homme préférait ne pas trop y penser et décida de conclure son rangement en vitesse.

L'ayant détecté, son totem revint se poser sur son épaule et Alistair s'adressa à l'autre homme de la salle, tout en se dirigeant vers la porte d'entrée.

-Sors d'ici maintenant ou je t'enferme.

Et sans plus attendre, il sortit de son bureau. Le général reprit alors son chemin vers ses quartiers puis finit par se stopper en plein milieu, portant son regard à sa montre. Bientôt une heure du matin. Non certain que James le suivait, il tenta tout de même de s'adresser à ce dernier et demanda calmement.

-Le couvre-feu est passé depuis longtemps, non ? Il serait temps de verrouiller et vérifier les issues avant d'aller dormir.

Il y avait bien entendu des gardes de nuit pour garder l'immense forteresse qu'était Lohendra, mais par mesure de sécurité, le général tout du moins avait pris pour habitude d'aller voir les tours de gardes et discuter un instant avec eux. Il arrivait que James le suive de temps en temps dan son parcours. Quoiqu'il en soit, ces deux-là n'étaient pas encore couchés.

-Tout dépend du point de vue. Pour moi, il en a un, et nous sommes là pour la maintenir en éveil.

Ce fut la réponse que lui donna son ainé. Bon, déjà, il avait répondu, au plus grand plaisir de James. Apparemment Alistair parlait du conseil, pour James il n’y avait pas de justice. Les hautes sphères de cette société c’était eux mais ils ne pouvaient tout régler. Ils formaient l’élite du pays mais n’en restait pas moins que de simple humain. Leur justice était par conséquent celle du monde mais dieu seul sait si elle avait un sens.

Perdu dans ses pensées le jeune ne remarqua pas Ali qui s’apprêtait à quitter la pièce.
Alistair était vraiment une personne forte sérieuse. Néanmoins James l’appréciait beaucoup plus que Lloyd. Lui, il donnait vie à ses récits mais ses rapports étaient toujours les plus soignés et les plus complet, c’est pour cela que tout le conseil le respectait. Du moins, en apparence car l’esprit humain est bien compliqué…

-Sors d'ici maintenant ou je t'enferme.

Mais quelle heure était-il au juste ? Bref il devait sortir du bureau car il savait éperdument qu’Alistair aurait mis sa menace à exécution s’il venait à trainer.

-Ouais ouais j’arrive.

Sa voix s'exprimait avec une grande lassitude qui c’était emparer de lui. Il était vraiment fatigué notre conseiller. Ils marchèrent une nouvelle fois à travers le couloir sans que rien d’intéressant ne mérite d’être narrer ici.

-Le couvre-feu est passé depuis longtemps, non ? Il serait temps de verrouiller et vérifier les issues avant d'aller dormir.

Encore une de ses petites manies qu’avait pris son ami. Lohendra était la plus puissante organisation du monde. Elle pouvait bien se passer des deux hommes cette nuit… Mais quand Alistair décidait quelque chose il ne servait à rien d’essayer de le raisonner.

-Bon allons-y…Mais tachons de ne pas trainer je te rappelle qu’une autre réunion nous attend demain soir. C’est la saison sans doute…Après l’effort encore plus d’effort.

Déjà que la journée ses blagues était d’un niveau très bas, là, on n’était pas loin de toucher le fond. James prit donc les devants en marchant d’un pas assuré vers le poste de contrôle du bâtiment où ils pourraient verrouiller toute les issus de la bâtisse.

Quand celui-ci fut en vue James y entra sans la moindre hésitation. Il ne savait pas si Alistair désirait y entrer lui aussi. Il fut surpris de trouver le poste vide à son arrivé. Devant lui des projections de différentes parties du conseil défilaient sous ses yeux mais personne n’était présent pour les surveiller.

-Ah bah elle est belle la garde de Lohendra !

Les traits de son visage changèrent du tout au tout. La garde de Lohendra était la garde suprême du royaume. Comment se fait-il que le poste soit vide ? Etaient-ils tous partie en ronde ? Cela semblait improbable étant donné qu’il n’avait croisé personne dans les couloirs.
Son esprit commença à envisager plusieurs hypothèses mais ne trouva rien de concret à retenir. C’est à ce moment qu’il l’aperçut.

Sur l’une des projections, dans un coin assez mal éclairé, il venait d’apercevoir une ombre. Enfin, il ne s’avança guère, étant donné de l’heure tardive son imagination pouvait lui jouer des tours. Il s’affaira donc sur les tableaux de commande tentant de faire revenir en arrière les images précédemment défilés.

Diverses théories naissaient dans l’esprit tortueux de notre jeune conseiller. La caméra visualisait une allée se situant un peu avant l’entrée de la grande bibliothèque. Ce lieu regorgeait de richesse mais aussi de savoir et de connaissance perdu depuis des années voir des siècles. Y entrer le jour sans avoir l’autorisation était tout bonnement impossible. Avec la garde, cela aurait été la même chose la nuit. Cependant, l’ombre aperçut il y a quelque minutes troublait notre petit James. Comment une personne avait-elle put réussir à infiltrer les quartiers les plus sécurisé au monde ! Cela relevait du miracle.

-Je n’aime pas ça…

Les seuls membres qui auraient eu le droit d’y pénétrer la nuit étaient les conseillers eux même. Mais Lloyd était soit rentré soit dans son bureau en train d’éplucher des dossiers. Quant à Summer, elle aurait prévenue James ou encore Alistair qu’elle resterait à la bibliothèque pour travailler. Rien ne concordait et cela énervait grandement le conseiller vêtu de rouge. A moins que… Et si les gardes avaient surpris quelqu’un ? Ils se seraient tous dirigé là-bas pour l’arrêter. Mais à ce compte la pourquoi ne pas avoir sonné l’alerte ? Il allait poursuivre son résonnement quand Alistair lui saisit le bras pour l’embarquer je ne sais où, se faisant tirer par la manche sans avoir entendu la remarque de son ainé.

Le duo arpenta de nombreux couloir et James compris qu’Alistair se dirigeait vers la bibliothèque. Pendant ce temps James réfléchissait encore et toujours, analysant la situation en imaginant toutes les thèses possible. Enfin, un peu avant d’arriver la bibliothèque, une retenu son attention. Le poste de garde aurait pu être attaqué. Les gardes n’ayant rien remarqué dans les couloirs n’avaient pas dû se méfié car ils savaient qu’Alistair allait venir les voir avant de rentrer chez lui. La scène qu’il imagina était la suivante. Quelqu’un avait frappé au poste et un garde avait dû lui ouvrir pensant que c’était Alistair qui effectuait sa tournée. L’intrus neutralise les gardes trop surpris pour comprendre ce qu’il se passe et le tour est joué. Mais là encore un problème se posait. Ces gardes étaient les meilleurs du pays. Ils ne se seraient pas fait avoir comme ça… Ou bien alors un des garde était une taupe qui avait surpris les autres et les auraient enfermé quelque part.

-Raaah.

James rageait rien que de penser qu’une taupe ait pu s’infiltrer chez lui.

-On fait quoi ?

Hein ? Le chef des chevaliers ne savait pas quoi faire ? Ou alors attendait-il que James propose quelque chose pour en faire de même ? Enfin bref, le jeune conseiller fit pare à son ainé de sa théorie sur la taupe ayant infiltré les gardes. Bien entendu, James avait entendu le bruit perçu quelque seconde plus tôt et fit donc part de ses observations à voix basse.

-Je pense que nous devrions nous séparé. La bibliothèque est grande et nous serions plus efficaces si nous ne nous gênions pas mutuellement dans cet endroit confiné.

Il attendit donc patiemment que son ami lui face également part de ses remarques tout en essayant de caché sa colère à son partenaire. Si quelqu'un c'était en effet introduit ici il allait subir la fureur de deux conseillers fatigué. Et croyez qu'il tombe sur James ou sur Alistair le résultat sera le même...

Alistair approuva, d’un simple hochement de tête, la proposition de James. Les deux amis se regardèrent quelques secondes faisant apparemment comprendre à l’autre de ne pas prendre de risques inconsidérés puis, le général des chevaliers ajouta d’un ton chargé d’exaspération :

-Tu as raison. Séparons-nous. Si tu trouves quelqu'un, avertis comme tu peux sans faire trop de bruit. J'aimerai éviter que l'histoire ne s'ébruite.

Cette remarque était pleine de sagesse, aussi, James décida d’en prendre compte avant de voir Alistair disparaitre dans les ténèbres d’une des rangé de la bibliothèque.

Une fois seul, notre conseillé préféré resta quelque secondes sur place. Par où aller ? La bibliothèque était immense…sans compter qu’elle se délimitait également sur plusieurs étages. Par réflexe, James saisit ses deux pistolets pendant à sa ceinture. La magie affluait déjà dans le corps du vieil homme et cela lui faisait un bien fou. Si quelqu’un c’était en effet introduit ici il allait en pâtir. James était très énervé. Jamais il n’accepterait que Lohendra perde la face ! C’était la forteresse la plus imprenable au monde et il entendait bien lui faire garder sa réputation légendaire.

Ses réflexions terminées, le conseiller se décida à avancer lui aussi dans la pénombre comme l’avait précédemment fait Alistair. Contrairement à son ainé, James décida d’emprunter les escaliers pour se rendre à l’étage supérieur. De cette façon, le duo couvrirait un plus grand périmètre de recherche. Il bénéficiait d’un avantage considérable sur les intrus si intrus il avait. Il connaissait les moindres recoins de cette pièce car il avait pour habitude de suivre Summer toute la journée et cette dernière passait le plus claire de son temps à la bibliothèque. Toujours sur ses gardes, James avançait d’un pas discret mais néanmoins assuré. Il s’approcha de l’une des nombreuses fenêtres que comptait la pièce mais contrairement à ses sœurs cette dernière était entrouverte.

-Maintenant c’est sûr. Quelqu’un a pénétré l’enceinte de Lohendra.
Il se pencha par la fenêtre pour voir si un grappin ou autre chose aurait permis l’ascension de l’édifice mais ne vit rien du tout. Le conseiller commençait vraiment à être énervé au plus haut point. Comment se faisait-il qu’il n’est vu personne à l’heure qu’il est.
Il se retourna et échappa de peu à un couteau qui passa à travers la fenêtre faisant voler le verre dans un fracas assourdissant. S’il avait réussi à échapper de peu à cette attaque c’était bien grâce à son totem qui décuplait sa vitesse. La personne responsable de l’attaque n’était pas visible et ça ce n’était pas à l’avantage de notre conseiller.

-Je sais que tu es là ! Sors de ta cachette ! Ou alors as-tu peur de te confronter à moi à visage découvert ?

Pas de réponse. De toute façon ce n’était pas grave car le but de cette interpellation n’était pas vraiment de faire sortir l’intrus de son trou mais plutôt de parler assez fort pour ainsi mettre Alistair sur ses gardes si jamais il l’eu entendu. Enfin, vu le bruit qu’avait fait la vitre il y avait de grandes chance que son ainé rapplique dans les secondes qui suivent.

L’ennemi ne c’était toujours pas montré. James ne savait pas trop quoi faire car l’intrus aurait pu lui tendre un piège.

Que faire ?

Alistair était venu comme il l’avait planifié. Seulement, ce qu’il n’avait pas prévue, c’est que son opposant soit en réalité un Kwanita pouvant se fondre dans l’ombre, ce qui n’arrangeait pas les deux conseillers qui tombaient de fatigue. James était tout de même frustré d’avoir failli se faire avoir de la sorte. Pour ne pas perdre la face, il mettrait ça sur le compte de la fatigue, comme ça si jamais Lloyd l’apprenait il pourrait répliquer…

Alistair venait à nouveau de disparaitre, parmi les nombreuses étagères de la bibliothèque, son totem derrière lui. Ignorant s’il y avait plusieurs intrus, ou si le monsieur invisible de tout à l’heure était en réalité le seul à avoir osé s’en prendre à Lohendra, James choisit de jouer la carte de la prudence et se fondit également dans l’ombre des étagères, à pas feutrés. Il gardait une main ferme sur l’une de ses armes pour continuer d’entretenir le lien entre lui et son totem pour ainsi bénéficier d’un plus grand impact lors de son prochain affrontement avec son étrange opposant.

Un quart d’heure plus tard, la situation n’avait pas évolué d’un poil. Il était toujours à la recherche de l’étrange visiteur mais n’avait rien trouvé de particulier. Mais que pouvait bien chercher leur ennemi ? Voler des livres ? C’est vrai que certains valaient leurs pesant d’or mais de là à s’aventurer à Lohendra seul pour de l’argent c’était vraiment une mission suicidaire. Enfin…il avait quand même réussit à s’aventurer ici et à mettre un conseiller en difficulté ce qui n’était pas rien tout de même. Non. James ne comprenait pas le but que poursuivait l’intrus car s’il aurait voulu obtenir un livre en particulier il l’aurait s’en aurait déjà emparé…à moins que. C’est ça ! Notre conseiller préféré venait de comprendre.

-Il cherche l’accès à la zone défendu !

James venait de parler à haute voix ce qui n’était pas une bonne chose étant donné la situation. Cependant personne ne fit éruption pour l’attaquer. Rien, juste l’obscurité, le calme et la fraicheur de la nuit régnait dans le bibliothèque. Le froid s’expliquant par la fenêtre ouverte de tout à l’heure.

Ayant compris les sombres intentions de leur visiteur, le conseiller vêtu de rouge décida de se rendre jusqu’à son compère en espérant que ce dernier n’est pas subit d’attaque durant cette vingtaine de minutes…car au fond, Alistair était un peu comme le grand frère qu’il n’avait jamais eu même s’il ne lui dirait sans doute jamais par fierté personnel.

Plusieurs options s'offraient à l'esprit du blond. Premièrement, il souhaitait s'intéresser à la raison de la présence de cet intrus en ce lieu. Faisait-il ça pour lui-même ou bien était-il dans un groupe aux mêmes idéologies ? Dans tout les cas, il fallait trouver cette personne avant qu'elle ne parvienne à s'échapper. Sans doute auraient-ils mieux fait de verrouiller la porte principale. Quoique, l'homme -ou la femme d'ailleurs- aurait tôt fait de passer par une des nombreuses fenêtres de la bibliothèque, quitte à en casser les magnifiques vitraux. Vitrail qui va sans doute coûter les yeux de la tête.

Toujours séparés, les deux conseillers cherchaient désespérément le kwanita infiltré. Malheureusement, ils semblaient avoir quelques difficultés à le démasquer. Le hibou volait au-dessus de la tête d'Alistair, qui n'y faisait de toute manière pas attention. Bien au contraire, dans l'obscurité, il ne pouvait que deviner la présence de son totem par les battements d'ailes irréguliers. La bibliothèque était très haute de plafond et d'ailleurs très belle avec ses incrustations d'or. Le quartier général de Lohendra était l'un des bâtiments les plus riches de Dena, et il ne se privait décidément pas de le montrer.

Tout en parcourant les allées de l'immense pièce, Alistair eut subitement un doute sur l'endroit. Il se dirigeait dangereusement vers...

-Il cherche l’accès à la zone défendu !

Le blond en était arrivé à la même conclusion, à la seconde près. Il n'était pas si vieux que ça, finalement. Bref, toujours est-il que l'attitude du conseiller changea alors du tout au tout. Cette zone n'était pas spécialement gardée, en revanche, un nombre incalculable de sorts avaient été jetés sur la porte qui en délimitait l'entrée afin de ne permettre qu'un accès strictement réglementé. Voilà pour les détails. Cependant, le général était en droit de douter du système, qui n'était certainement pas à la pointe de la technologie. Il aurait suffit que l'infiltré soit un érudit pour réduire à néant le système de protection. Qu'importe. Dans l'instant, il devait forcer le kwanita à sortir de sa cachette. Et pour cela... Pour cela...

Il entendit James dans son dos. Ah, il l'avait retrouvé. Une bonne chose de faite. Ils étaient tout de même plus efficace à deux. Bref, il n'y avait donc qu'une solution. Forcer l'inconnu à se dévoiler. Ça allait demander une sacré dose d'énergie au général, qui rappelons-le n'avait plus 50 ans. Mais c'était une chose à faire. Alors, il posa sa main sur une rampe d'escalier à ses côtés et ferma longuement les yeux, tâchant de se concentrer un maximum. Il avait suffisamment d'expérience en illusion, mais la superficie de la bibliothèque était une handicap autant qu'une perte inutile d'énergie. Mais il y avait James à ses côtés, donc il ne risquait pas de se faire prendre ni même frapper. Alistair adressa d'ailleurs une parole à son collègue.

-Je vais essayer de le faire sortir de sa cachette. Pendant ce temps je serai totalement inutile et à découvert. je préfère te prévenir.

Sa prise sur la rampe s'intensifia tandis que le général élargit son don à toute la bibliothèque. Comme il ignorait la position du bonhomme, autant fallait-il employer les grands moyens. Il allait offrir à toute personne présente dans la bibliothèque une image précise. Et pour pousser quelqu'un dans ses retranchements, qu'y avait-il de mieux que de mettre le feu à l'endroit ? Bon, il n'était pas en capacité de produire la chaleur avec, mais dans l'obscurité, la lumière produite par les flammes allaient probablement le faire sortir, pendant un temps tout du moins.

Alors, après avoir pris une grande inspiration, Alistair fit démarrer cette illusion en plein milieu de la bibliothèque. Aussitôt, de grandes langues de feu vinrent éclairer la pièce de part en part. Ce fut plus éprouvant pour le général mais il tint bon. Plus cela avait l'air naturel, mieux ce serait. N'importe qui fuyait face au feu. Même dans la bibliothèque de Lohendra. Les yeux clos, concentré à faire ses affaires, le conseiller ignorait absolument tout ce qui se passait autour de lui et en ignora bientôt la présence de James. Peut-être n'était-il même plus là. Il attendait un quelconque signe pour stopper ses affaires, en espérant que l'autre conseiller l'ait compris.

Ayant fait la lumière sur l’objectif adverse, James se décida à rejoindre Alistair. Il ne mit guère de temps pour le retrouver.

-Je vais essayer de le faire sortir de sa cachette. Pendant ce temps je serai totalement inutile et à découvert. Je préfère te prévenir.

Hein ?! Quoi ?! James était pris au dépourvue. Il ne lui avait même pas fait part de sa découverte !

-Mais qui va te protéger si notre adversaire se montrait ?

Le jeune conseiller réfléchis quelque secondes.

-Oh oh oh ! T’emballes pas blondinet ! Eh merde…

Trop tard. Son ainé avait déjà commencé à se servir de ses pouvoirs. Bientôt toute la bibliothèque ne fut que le terrain de jeu des flammes générées par Alistair. Pendant ce temps James n’était pas rassuré. Jamais…oh non jamais Alistair ne lui avait montré une telle marque de faiblesse. Pourquoi lui faisait-il aveuglement confiance ? C’est là que James compris. Malgré leurs nombreux différents et leurs caractères opposés, les deux conseillers étaient vraiment devenus de vrai ami.

-T’inquiètes pas. Il ne t’arrivera rien fait-moi confiance.

Il pria secrètement pour qu’il ne l’ait pas entendu car James n’aimait pas être trop proche des autres.

Stratégiquement, le conseiller se posta devant son allié, surveillant ainsi le haut et le bas des marches ses deux pistolets en main. Pour l’instant l’intrus ne c’était pas encore montré. Pourvu que l’illusion soit assez convaincante… Et c’est là qu’il les entendit.
Des pas rapide et non dissimulé se firent entendre. Le blond avait réussi ! Un jeune homme en armure noir apparut alors devant lui. Il ignorait si c’était la même personne que tout à l’heure. Aussi, James resta sur ses gardes.

-La souris sort de son trou à ce que je vois.

L’intrus le dévisagea longuement mais ne pipa mot. Il saisit un collier qu’il portait autour du cou et disparut sous les yeux ébahies de James. Déjà sur ses gardes, le conseiller manqua de se faire décapiter par la lame qui venait d’apparaitre devant lui avec son fougueux propriétaire. Afin d’esquiver, James avait croisé ses pistolets stoppant par la même occasion l’épée qui pesait maintenant sur les deux armes du conseiller. La pression se faisait de plus en plus forte. De plus James ne disposait pas d’appuis car il c’était posté juste devant Alistair un instant plus tôt. Que faire ? Le conseiller planta ses yeux rouges dans ceux, noir, de son adversaire.

-Je me nomme Sagui. Et je suis le juge de ton destin.

Hein ? Mais qu’est-ce que c’était encore que ces conneries !

-Dranbalt ! Rejoins moi l’un des deux ne peut plus nous nuire à présent.

Eh merde. Il venait de comprendre que c’était le conseiller blond qui contrôlait les flammes et pire encore ! Il y avait deux intrus. Le nouveau venu apparut à quelque mètre derrière son complice. Il portait de petites lunettes et des habits aussi noirs que l’armure de son allié. Maintenant que les deux hommes étaient en vue, James pouvait prévenir son ainé afin qu’il puisse lui venir en aide.

-Al…

Quoi ! Il ne pouvait plus parler !

Un rire se fit entendre. Dranbalt devait être à l’origine de sa perte de parole. C’était donc un Kwanita ! Mais sans pouvoir parler et sans pouvoir bouger comment James allait-il pouvoir sortir son allié de sa torpeur ?

-Je vais m’occuper du blond. Occupes toi de ce clown.

Dranbalt se mit à avancer dangereusement du second conseiller. Et James qui ne pouvait toujours pas bouger… La force exercée sur ses pistolets ne cessait de croitre. Mais réfléchis bon sang ! Réfléchis ! Il devait bien avoir une solution pour protéger Ali et contre- attaquer. Mais laquelle… Déjà se débarrasser du chevalier pour aider le blond. Ca y est ! La voilà son idée ! Ça allait faire mal.

James tira retira ses pistolets permettant ainsi à l’épée de trancher le corps du conseiller de l’épaule jusqu’au haut du torse. La douleur était atroce mais il était libre de ses mouvements. Il avait fait une promesse et comptais bien la tenir. Oui, il protégerait son ainé car il savait que ce dernier en ferait de même pour lui. Profitant de la rapidité que lui conférait son totem, James utilisa l’un de ses pistolets pour tirer sur Dranbalt qui reçut la balle en plein torse. Il voulut en faire de même sur Sagui mais la balle ricocha sur son armure. Le porteur de lunette étant touché il venait de perdre la maîtrise de son pouvoir.

-Alistair ! s’écria le conseiller.

Il avait vraiment besoin de son ami. Car Dranbalt ne semblait pas être mort et le chevalier pouvait l’attaquer une seconde fois à tout moment. James porta la main à sa blessure. Le sang en coulait abondement. Le temps était compté…

Le sang continuait de couler mais James pouvait encore tenir longtemps avant de s'écrouler de fatigue. En hurlant le nom de son compagnon, il avait enfin réussi à le sortir de ces songes ce qui était une bonne chose vu l'état de James à l'heure actuel...Il était rouillé ! Toutes ces heures passés dans son bureau ou dans la bibliothèque avec Summer avait atténué sa force et l'âge en avait fait de même...Non mais vous vous renderz compte ?! Le plus puissant noble de Dena, membre du conseil et héritier d'une grande famille ducale de Carda se retrouvait là entrain de perdre du sang suite à un manque d'entrainement... Il était en colère..très en colère. La colère affectait ses capacités d'analyse. Aussi, il fut surpris de voir Alistair le dépasser en lâchant quelques paroles sur son passage:

-Celui-ci est pour moi.

Il y avait, dans le ton employer par le blondinet, un certain amusement qui n'augurait rien de bon croyez moi. Si James avait été le plus épatant chevaliers de sa générations, Alistair n'en restait pas moins que le maître des chevaliers et pour l'instant son talent était inégalé et ses techniques ne s'atténuait pas tant que ça avec l'âge. Bref, revenons en à nos affaires.

Dranbalt gisait toujours à terre et tentait de se relever mais il fut déranger par la présence d'une balle dans son pieds. James, plus rapide que jamais, venait de tirer tout en esquissant un rictus malsain sur ses lèvres. De toute évidence, le mot "clown" employé par ce dernier quelque minutes plus tôt n'avait pas plus à notre jeune conseiller. Le mécheux s'approcha de sa victime le plus lentement possible pour apercevoir la terreur naître dans le regards adverses.

-On...on pourrait négocier ?! lâcha Dranbalt qui venait de perdre de sa superbe.

James sourit de plus belle faisant place à un sourire machiavélique:

-Oui, nous pourrions. Seulement...en ais-je vraiment envie ?

Le voleur hésita quelque seconde puis fouilla quelque chose dans sa poche et en sortit un rouleau de parchemin. Plus vite qu'un chat ne bondit sur sa souris, James broyat les bijoux de famille du kwanita qui n'eut pas le temps ni l'occasion de hurler étant donné que le conseiller venait de plaquer sa main sur sa bouche.

-Chuuut mon petit. Chut.

Dranbalt commençait à paniquer mais quelle ne fut pas sa frayeur quand la tête de son camarade roula jusqu'à lui, laissant une traîné rougeâtre sur son passage.

-Voilà ce que nous allons faire. Si tu me donnes le nom et l'adresse de ton commanditaire, je ferais en sorte que tu ne finisses pas comme ton comparse. Entendu ?

Dranbalt n'hésita pas une seconde et hocha affirmativement la tête en preuve de soumission. Le conseiller sortit un papier et un crayon de l'une de l'une de ses poches qu'il tendit au jeune voleur. Celui-ci ne se fit pas prier et s'empara du stylo aussi vite que le lui permis James, car l'omniprésence du pieds du conseiller sur ses parties génitales commençait à le gêner de plus en plus. Le kwanita griffonna quelque chose sur le papier qu'il tendit au conseiller. Ce dernier saisit l'un de ses pistolet en se penchant lentement sur le jeune voleur. Puis, il lui chuchota, d'une voix ne laissant paraître aucune émotion:

-J'ai mentis.

Le coup partie et s'en fut fini du dit Dranbalt.

On n'insultait pas James Ruthel sans en subir les conséquences. Il venait d'enfreindre une dizaine de loi ? Et alors ? Les lois c'est lui qui les écrivait. Les gens disent que personnes n'est au-dessus des lois...mais cela est tout à fait faut. Vous venez d'en avoir la preuve...

Si le chef de la section Wakanda avait entendu la demande de son camarade ? Eh bien oui et James n'avait en effet rien vu ni entendu. Ils se couvraient mutuellement leurs permettant ainsi de poursuivre leurs petites affaires à l'abris des regards indiscrets. Il récupéra le papier et le parchemin baignant dans le sang et fila rejoindre son ami car sa blessure lui faisait moins mal et le sang le coulait presque plus. James étant de bonne musculature et son système immunitaire de bonne qualité, il ne lui faudrait pas longtemps pour se remettre de ses blessures. Enfin...il était plutôt vieux et n'avait plus vingt ans. Oh et puis nous verrons bien ce qu'il adviendra de lui par la suite.

Le général soupirant en essuyant son épée. Il devrait la nettoyer ce soir avant de dormir, ou bien elle risquait d'en pâtir sérieusement. Une belle nuit blanche s'annonçait pour notre centenaire. Quelle heure était-il, au juste ? Tôt. Tôt dans la matinée, très probablement. Alistair pensait déjà aux boulangers partant pour démarrer la journée alors qu'il avait pour sa part passé sa soirée dans un bureau puis dans une confrontation sanglante.

Le regard du blond dériva à ses pieds. Le corps sans tête gisait, totalement inanimé, dans une marre de sang. Il se préoccupait à l'instant de ce qu'il pourrait bien inventer pour masquer ça. Non, pire, il était de son devoir de tout nettoyer avant qu'une bête femme de ménage vint se rendre compte de ce qu'il s'était passé durant cette nuit-là. Et le fait d'ignorer l'heure qu'il était n'aidait pas trop notre général. Malgré tout, las de devoir chercher lui-même la solution à son problème, Alistair passa une main dans ses cheveux, et c'est alors que sa blessure à la paume le lança. Ah... encore une chose qu'il devrait régler avant que cette affaire ne s'ébruite. Il fixa furieusement sa profonde entaille, comme si elle était la cause de tout ceci. Comme si elle était une preuve de sa faiblesse sans cesse grandissante. Il fallait dire ce qui était. Il n'avait plus quarante ans. Et ce n'était pas les crèmes ni les sorts qui seraient en mesure de pouvoir changer l'assaut sur son âge.

Son œil incandescent se tourna alors vers James, qui devait être en active discussion avec le binoclard. Et visiblement, ce fut le cas. Cet échange était sur le point de se terminer. Sans prêter une attention directe aux deux êtres, Alistair fut néanmoins étonné de voir que le conseiller se débrouillait bien mieux que lui pour récupérer des informations. Une moue frustrée apparut sur le bord de ses lèvres, mais le plus âgé restait silencieux. Mieux fallait-il faire croire à une équipe soudée, pour le moment tout du moins. Alors, tout en dirigeant de nouveau son regard vers son précédent assaillant, le blond songea fortement à régler cette affaire au plus vite. Pour cette raison, il ne tarda pas à demander à son collègue l'avenir du dernier survivant. Juste avant d'entendre un coup de pistolet retentir.

Alistair cligna trois fois lentement des yeux. D'accord, il avait plus ou moins sous-entendu et pensé très fort à tuer l'autre, mais il ne l'avait prononcé à aucun moment. En fait, c'était même pire que ça. Il ne s'attendait pas à une réaction pareille de sa part. Il avait bien imaginé mille et une scénario mais pas celui-là. Allons bon, même le plus jeune des conseillers ne suivait pas l'Ordre à la règle. Qu'allait donc devenir Dena si même ses hautes sphères se fichaient des règles établies ? Le calme et impassible Alistair ne put s'empêcher de passer une main devant sa bouche et pouffa assez bruyamment. Les yeux fermés, un sourire désabusé sur le visage, il finit par recentrer son regard sur James.

*Aaah, décidément...*

-... Nous sommes tous pourris jusqu'à la moelle.

Quoiqu'il en soit, une fois redevenu maître de ses émotions, le général esquissa un mouvement vers son camarade, mais n'eut guère plus besoin de plus, car ce fut lui qui courut presque à lui. James avait, en effet, apparemment bien encaissé un gros coup. Et, même s'il n'en donnait pas l'air, le blond s'inquiétait légèrement de son état de santé. Sauf qu'il emporterai probablement ce secret jusque dans sa tombe. Alors, puisque môssieu ne daigna pas s'enquérir de son état, il préféra la pique au reste.

-Eh bien, eh bien, il semblerai que la jeunesse n'est plus ce qu'elle était. Quel vilaine blessure que voilà.

Tout en terminant sa phrase, le conseiller chipa des mains de son collègue le morceau de papier griffonné à la va-vite. Il lui fallut quelques secondes pour déchiffrer les symboles, avant de se rendre compte que papier était à l'envers. Agacé par sa propre bêtise, Alistair parvint néanmoins à s'attacher par la suite aux détails. C'était mal, voir très mal écrit. Mais un nom se dégageait clairement de l'écriture, ainsi que cette fameuse adresse. Il ne fallait à l'évidence pas laisser les événements dans cet état. Malheureusement, il était tard, et faire intrusion en pleine nuit dans la demeure d'une personne était très mal perçue. Mais le pire dans tout ça, c'est que les précieuses minutes du centenaire s'écoulaient plus vite qu'il n'eut cru. Alistair rendit la feuille de papier à celui qu'il l'avait gagné au moyen d'un perfide stratagème.

Mais, avant d'aller au lit, il lui fallait d'abord régler un dernier soucis. Les gardes. Il ne se voyait vraiment pas dormir sur ses deux oreilles sans être certain que la sécurité de Lohendra ne soit assurée. Et puis, il fallait aussi se débarrasser de ses deux corps. Le cimetière n'était pas si loin que ça, mais s'ils croisaient des hommes en chemin... Non, c'était une mauvaise idée. Sans doute fallait-il mieux tout brûler. Tout du moins juste ces deux corps. Mais Alistair ne fumait pas...

-Il faut les brûler à l'extérieur ou bien nous risquons de déclencher une alarme. Je m'occuperai bien d'aller dans la salle de contrôle pour effacer les traces des caméra, ou ça risque de chauffer pour toi comme pour moi. Retrouvons-nous ici quand chacun de nous en aura terminé.

C'était une simple proposition, mais avant de s'occuper de la raison de leur présence ici, ils devaient être certains de ne pas éveiller de soupçons extérieurs. Peut-être qu'au final, ils libéreraient les gardes. Un jour.

James récupéra son butin sur le défunt Dranbalt avant de s'en aller rejoindre son vieil ami. Perdu dans ses pensés il n'entendit pas la première réplique de son camarade, de plus, sa blessure ne saignait peut-être plus mais la douleur,elle, était toujours présente et c'est donc pour cela que la démarche princière de notre conseiller laissa place à une démarche hésitante peut digne de sa position social. Si James n'entendit pas la première réplique, en revanche la seconde fit mouche...

-Eh bien, eh bien, il semblerai que la jeunesse n'est plus ce qu'elle était. Quel vilaine blessure que voilà.

Avant que la personne blesser mentionné ne réagisse Alistair s'empara à son tour du butin de James qui rageait déjà intérieurement. C'était une sale matinée...oh oui...une très sale matinée. Si notre jeune conseiller ne répliqua pas c'est qu'il attendait que son comparse lui donne une directive à prendre pour la suite des événement. Pourquoi ? Eh bien Monsieur Ruthel en avait sa claque de réfléchir et de se faire piquer des informations qu'il avait récolter après avoir subit l’humiliation du siècle dont-il était le seul responsable. Oui...une très mauvaise matinée s'annonçait pour notre jeune conseiller.  

-Il faut les brûler à l'extérieur ou bien nous risquons de déclencher une alarme. Je m'occuperai bien d'aller dans la salle de contrôle pour effacer les traces des caméra, ou ça risque de chauffer pour toi comme pour moi. Retrouvons-nous ici quand chacun de nous en aura terminé.

Et c'est là que James explosa...

-Non mais tu te fous de moi là ?! Alors déjà je me casse le cul pour te protéger et même pas un merci ?! Ah bah non c'est vrai ! Monsieur rêvassait ! Mais qu'est-ce qui t'a pris de faire ça dans un moment pareil ?! On se concerte avant d'agir espèce de vieux blondinet ! Après que tu reprennes tes esprit tu ne trouves rien de mieux à faire que de butter l'un de ces deux cons ! Non mais je te jure ! Alors moi pour te protéger encore une fois je zigouille l'autre abrutie pour te couvrir et maintenant tu me demande d'aller cramer des corps à l'extérieur pendant que MONSIEUR va tranquillement effacer deux trois trucs sur un ordi ! Alors non ! Je ne suis pas d'accord et oui tu me les casses ! Alors voilà ce qu'on va faire. JE vais aller effacer ces fichu bandes vidéos pendant que toi tu te rendras à l'incinérateur de Lohendra pour y foutre ces deux abruties ! Tu sais le gros machin au troisième sous sol qui sert à brûler les papiers inutile ?! Ensuite on s'occupera du reste !

Si James en voulait à son allié car il ne lavait pas remercier ? Pas le moins du monde, c'est juste que quand James s'énerve ses propos deviennent assez incohérent... Une autre question ? Ah... si James avait tué Dranbalt pour le couvrir ? Eh bien non ! Il voulait jusqte faire payer son insolence à cet énergumène. Voilà vous savez tout. Bref, reprenons là où nous en étions.

Le vieux mécheux prit ensuite la direction de la sortie avant d'ajouter:

-Et c'est non négociable !

Il ne sut même pas si Alistair ajouta quelque chose car la colère le rendit sourd. Il ne voulait plus rien entendre pendant une bonne heure au moins et il y a fort à parier qu'il ne sortirait pas de son bureau de la journée pour rattraper sa nuit... Il était rare que ce soit Ruthel qui dispute Alistair mais pour l'occasion il n'y avait rien de surprenant.

Il s'engagea dans l'un des nombreux couloirs et utilisa sa rapidité pour disparaître aux yeux de son camarade.

Se moquer. Ah, Alistair était vraiment doué dans cette matière. Il était taquin, et pas tant susceptible que ça. Enfin, juste la susceptibilité d'un homme de cent vingt ans observant celle des plus jeunes. Qu'importe, lançant piques sur piques, il ne se doutait pas toujours que ses paroles puissent blesser. Et à vrai dire, même si c'était parfois le cas, peu s'avançaient pour le lui dire. Tous, sauf bien sûr ceux qui possédaient le même grade que lui. Trois autres personnes, en somme.

Rapidement, le conseiller donna les directives à suivre. Brûler les corps. C'était la meilleure chose à faire pour éviter d'éveiller les soupçons. Il y avait un sacré dose de sang par terre. C'est vrai que décapiter quelqu'un n'était pas la meilleure façon de ne pas laisser de traces, mais il est aussi vrai que le général n'avait pas pensé à ça lorsqu'il a abattu son épée. En fait, ça avait même été son intention première. Il était déprimant. Inspirant, prêt à effectuer le menu travail, le blond se reçut la plus longue tirade d'engueulades de toute sa vie. Enfin, non pas vraiment. Disons qu'avec James, c'était même monnaie courante. Oui, Alistair était un peu dur de la feuille à l'idée de devoir remercier ou même de montrer sa gratitude à qui que ce soit. Alors, au bout d'un moment, les gens en avaient marre. Et puisqu'il passait souvent beaucoup de temps en compagnie du plus jeune conseiller, fatalement ça finissait comme ça.

Bref, toujours est-il qu'en accusant le coup du mieux qu'il put, serrant poings comme dents, le conseiller parvint tout de même à extraire quelques informations essentielles chez le plus jeune. Il n'y avait certes pas grand chose à ressortir de tout ce monologue, puisque le centenaire en pris violent sur sa personne. Pour cette raison, tandis qu'une oreille tâchait de l'écouter, l'autre était en stand-by, attendant que l'orage passe. Pourquoi était-il aussi patient ? Mais Alistair était patient, grand Dieu! Si l'âge ne lui avait pas offert la sagesse et la gratitude en revanche, la patience l'avait achevé.

Oh, l'incinérateur. Il n'y avait pas pensé, mais il était vrai que ce dernier pouvait être assez efficace. Seulement... seulement voilà, c'était en bas. Tout en bas. En-dessous des archives, même. Il fallait dire que la chose était suffisamment grande afin de permettre à n'importe quoi – ou n'importe qui – d'y entrer, et justement, c'était à l'abri afin d'éviter le danger. La salle était bien refermée afin d'éviter tout départ de fumée, qui pourrait considérablement endommager les documents des archives pourrissant là depuis des centaines de décennies. C'était du bon bois, ces choses-là. Mais dans le cas où elles brûlaient, ce serait une véritable carnage. Voilà pour la petite histoire.

Bref, avant de pouvoir dire quoi que ce soit, le conseiller vit disparaître son collègue comme une fusée avec une ultime prévention. Non négociable. Ah ça, tout vieux qu'il soit, Alistair ne se risquerait pas à le poursuivre. Il n'en avait pas le pouvoir. Au plus pouvait-il placer un mur en illusion devant lui pour le stopper dans sa course. Mais bon, à partir du moment où ce dernier comprendrait la supercherie, il deviendrait totalement inutile.

Soupirant presque en se retournant, le centenaire pressa le pas et ramassa péniblement les corps. Il allait prendre l'ascenseur. Hors de question qu'il en arrive à devoir prendre les escaliers pour plusieurs étages. Mais bon, là n'était pas tant le problème. Il n'allait pas porter deux corps sur ses épaules. Il avait beau ne pas faire son âge, il était pourtant là. Et il le rattrapait souvent. Seul, Alistair détacha alors la cape du décapité et s'en servit comme d'un sac pour mettre les deux en un. Avec le sac disséminé, il allait en mettre partout. Ça n'allait pas. Et pourtant. Se dépêchant, Alistair tira les rideaux de la bibliothèque et s'en servit comme d'un deuxième sac pour masquer le sang. Et cela fit son effet. Les rideaux étaient épais, et pas trop vieux. Il serait simple de les remplacer.

Dès lors, le fier général se mit traîner ces deux corps jusqu'à l'ascenseur. Suivit de son hibou, il descendit jusqu'au troisième sous-sol et ouvrit la lourde porte qui menait à l'incinérateur. Dès ce moment-là, Alistair inspira d'un coup et jeta les deux corps qui disparurent rapidement, happés par les hautes langues de feu. Il ressortit rapidement, la main sur la bouche pour ne pas respirer l'odeur de cadavre. D'ici demain, tout devrait avoir disparu. De toute façon, même si l'odeur persistait, il serai tout bonnement impossible de retrouver les corps. Le mystère persisterai et point. Une chose de faite pour les conseillers. Il remonta en hâte et se présenta le premier, son hibou sur l'épaule et se dirigeant vers la zone réservée. Il se stoppa devant la porte, sentant son collègue arriver.

-On est quittes, maintenant. On va voir ce que ces bonhommes cherchait ?

Voilà, pour une fois qu'il avait obéi. Ça remboursait la dette de la soi disante blessure. Il s'était débarrassé du corps, et puis c'était tout.

[HRP= je pense qu'on pourra bientôt conclure]

James courait à toute vitesse dans les tortueux couloirs dont était composé le quartier général de Lohendra. Bon, oui, il n’avait pas mâché ses mots et non il n’avait pas la moindre intention de s’excuser une fois que toute cette histoire prendrait fin. D’ailleurs, cette histoire paraissait de plus en plus louche au fur et à mesure que notre conseiller y repensait. Infiltrer Lohendra n’était pas à la portée du premier venu et même les professionnels redoutaient les pièges et les gardes de cette enceinte gouvernementale. Ah moins bien sur qu’ils ne détiennent les plans du QG…

James arriva enfin devant la porte du poste de surveillance qui était entrouverte. Alistair l’ayant trainé jusqu’à la bibliothèque et en vue de la situation dans laquelle ils se trouvaient il y a quelque heures, il n’y avait rien d’anormal à retrouver cette porte entrouverte. Pourtant, le duc s’en méfia comme de la peste. Il s’avança d’un pas assuré en essayant de ne plus penser à sa blessure qui lui faisait un mal de chien. Il entra alors dans le complexe précédemment visité. A sa grande surprise il y trouva une femme. Installé confortablement dans l’un des multiples fauteuils, elle regarda le conseiller de ses yeux verts sans la moindre crainte vêtu d’une tenue de cuir noir moulante qui…n’était pas très réglementaire en vue de la vue sur son charmant décolleté. Bref, passons.

-Oh, mais ne serais-ce pas le petit James ? Comment ça va depuis le temps ?

Oui. Vous l’aurez compris cette femme n’était pas une étrangère pour James. Bien qu’il ait perdu de sa superbe en se prenant un vilain coup, le conseiller lui lança don regard de l’être supérieur en tout.

-Pff, au diable les modalités. Pourquoi avoir agis sans me concerter ?!

Le voilà qui reperdait son sang-froid…décidemment rien n’allait plus à cette heure matinal.

-Oh ? Alors ce n’était pas aujourd’hui que l’opération devait avoir lieu ?

-Ne fait pas l’innocente ! Je suis sûr qu’IL a voulu me tester ! La prochaine fois que je le vois il aura à faire à moi !

La femme vêtue de noir fit la grimace car elle savait que James était capable de tuer son patron si ça pouvait apaiser sa colère.

-Reprends ton calme mon petit James. L’opération est un franc succès. Les documents que tu nous avais demandé de récupéré son en SA possession. Les deux autres idiots que tu as tués n’étaient présents que pour faire diversion. Enfin…ils t’ont quand même pas mal amoché. Pas très digne d’un membre de la haute noblesse tout ça…

Elle ne finit pas sa phrase car la présence du pistolet de James sur son front l’en dissuada fortement. Il allait la tuer. Oh oui allait le faire. Enfin…c’est ce qu’il s’apprêtait à faire.

-Je te conseille vivement de retirer ton arme de ma protégée…James.

Le personnage mentionné se stoppa. En revanche, l’homme qui venait d’apparaitre s’approcha de sa dite protégée et fit reculer le conseiller avec une simple parole.

-Les vidéos de cette salle pourraient nuire à la réputation d’un certain personnage.

Le conseiller rengaina son arme car ce nouvel arrivant n’avait pas la moindre intention de lui faire du mal et il le savait très bien. L’homme continua cependant :

-Tu ne t’es pas trop mal débrouillé. J’ai pu m’infiltrer dans le secteur défendu sans le moindre problème et j’ai trouvé ce que tu cherchais grâce à ma précieuse complice.

Oui. Les deux personnages faisant face à notre conseiller préféré étaient des Kwanita. Pourquoi James connaissait-il ces personnes ? Et de qu’elle opération parlaient-ils ? Pour l’instant vous n’aurez pas les réponses à ces deux questions car les intentions de notre conseiller dépassent tout ce qu’on pourrait prévoir… James s’assit sur l’un des fauteuils à son tour et sauvegarda sur une clef USB les images montrant Alistair tuer l’un des deux voleurs et sa décente jusqu’à l’incinérateur. Tiens, il l’avait écouté finalement ? Tout autre contenu dont l’ordinateur fut pourvu fut détruit. Il ne fallait prendre aucun risque.

-Pourquoi garder les images sur le combat d’Alistair ? Je pensais qu’il était ton ami ?

-Il l’est ! Seulement…s’il parvenait à mettre la main sur mes intentions il me faudrait un moyen de le faire chanter. D’où l’importance de ces images.

-Tu es machiavélique…

-Pff, tu parles ! Tu l’es autant que moi Silver !

Le silence s’installa. Mais il fut de courte durée car Silver fit apparaître un portail de téléportation grâce à un médaillon. Son totem et son pouvoir venait d’être révélé. Voilà comment il avait réussi à infiltrer le QG et la zone défendu. Avec un tel pouvoir c’était un jeu d’enfant. Pourquoi croyez que James avait prévu de faire appel à eux ?

-Nous nous retrouverons à Toki. Là où tu sais. Je te remettrais les documents en main propre ne t’inquiète pas et aucune copie n’en sera faite tu peux me faire confiance.

Pour ponctuer ses dires, il traversa le portail en compagnie de sa mystérieuse protégée, quand à James, il médita un instant et se mit en route pour rejoindre la bibliothèque et son ami. Il venait de passer la plus mauvaise matinée de son Auguste vie. Mais il pouvait faire confiance à Silver…car
notre conseiller et lui sont liés par une chose que personne ne peut soupçonner. Enfin…personne sauf le père de James bien entendu.

De retour à la bibliothèque il fut surpris de constater qu’il était à bout de souffle et que ses jambes n’allaient plus le tenir très longtemps.

-Eh merde…

Il avança dans la pénombre avant d’entendre la voix de son ami qu’il n’avait pas vu, il faut dire que ses facultés d’analyse avaient disparues avec l’énergie de son corps car il avait vraiment du mal à avancer.

-On est quittes, maintenant. On va voir ce que ces bonhommes cherchaient ?

-Ouais allons-y. Mais je te préviens ! C’est la dernière tâche que nous effectuons avant d’aller nous coucher !

Même si James est l'un des personnages détenant le plus de pouvoirs sur Dena il n'en reste pas moins un être humain avec les faiblesses et les besoins qui les composent...

Alistair soupira une énième fois. S'il était fatigué ? Juste à peine. Ses traits tirés, ses sourcils froncés sur les événements passés lui rendait son âge véritable. La fatigue se lisait sur son visage aussi bien qu'un livre ouvert aux grosses écritures. Cette situation ne l'énervait même plus. Non, tout ce qu'il demandait au point de le supplier, c'était un peu de calme, et un bon lit bien chaud. Comme un petit vieux. Ce qu'il était avant tout. Sans doute ses racines de cheveux témoignaient-elles de son âge. La potion de rajeunissement commençait même à ne plus faire effet. Alors voilà, le général soupirai pour toutes ces choses faites et à venir.

Car non, toute cette histoire n'était pas fini. Il n'y avait pas encore d'écran noir avec ces trois lettres majuscules ou ce rideau annonçant la fin d'une pièce de théâtre. Au final, c'en était une, même si elle n'aurait pas le privilège d'être annoncée devant une multitude de spectateurs en liesse. C'était une pièce obscure dont on voulait absolument se débarrasser. Et James était parti vider les dernière traces de ce dernier acte pendant que notre blond finissait sa triste besogne. Rien de bien ragoutant. Et puis, en revenant vers la pièce principale, à savoir la bibliothèque, le général avait attendu son compagnon de fortune. En le voyant débarquer, il sentait à son simple pas lourd que James n'était pas particulièrement apte à continuer ainsi toute la nuit. Et ça tombait bien, car ce n'était pas du tout dans les intentions du blond. Si toute cette histoire ne s'était pas déroulée, Alistair serait déjà au chaud dans son lit, après avoir écumé d'un œil distrait les paperasses de son commandant. Le destin en avait décidé autrement.

-Ouais allons-y. Mais je te préviens ! C’est la dernière tâche que nous effectuons avant d’aller nous coucher !

Le général jeta un coup d’œil au conseiller à ses côtés. Il n'avait pas vraiment fière allure. Mais finit les piques, Alistair ne s'en sentait même plus capable. Poussant un soupir à fendre l'âme, le blond acquiesça silencieusement, réponse muette à voir se terminer cette odieuse histoire. Il se permit alors d'entrer dans la réserve en ayant au préalable désactivé tous les pièges. Il fallait avouer que déclencher une alarme à quelques heures du matin était plutôt mal perçu, même si cela mettait en jeu les deux conseillers. Ils pouvaient se faire sérieusement sermonner, et part les deux conseillers restants, et par le roi. Ce qui, en fait, ne lui plaisait pas plus que ça. D'autant plus qu'ils devraient justifier leur présence. Certes, Alistair avait pour habitude de travailler tard le soir, même après les réunions, mais il ignorait si James était de la partie. À son vieil âge, on commençait à ignorer le passage du soleil, et tant que l'on n'avait pas terminé, on ne dormait pas. Point.

Bref, en pénétrant dans l'habitacle, Alistair se pencha sur quelques ouvrages. Il y avait là une caverne d'Alibaba assez époustouflante. Non seulement des livres aux dorures ô combien énonciatrices de vieilles légendes et d'histoires de pays, mais aussi une sacrée doses d'objets en tout genre. Des reliques de tout Dena. Des écailles de créatures mythiques tels que les dragons, des portraits aux peintures presque fluorescentes qu'on croirait baigné de lumière même en son absence. Ces trésors s'entassaient en ordre dans la bibliothèque de Lohendra. Le général s'intéressa à un livre des anciennes batailles de Dena. Il fallait dire que personne n'osait vraiment rentrer ici. Les pièges ne pouvaient être désactivés que par le roi, les conseillers et quelques gardes, et l'accès n'y était que rarement autorisé. Bref, il fallait un peu en profiter. Même s'ils n'étaient pas vraiment en visite touristique, le général était sous le charme de cet endroit long de plusieurs dizaines de mètres. Et alors, la pure logique s'installa dans son cerveau, et la question la plus logique fut annoncée :

-C'est bien joli, mais on ne sait même pas ce qu'ils sont venus chercher. Et je me sens mal à l'idée de devoir faire l'inventaire de tout ça. Tu ne penses pas qu'on devrait voir ça demain au calme et visiter cette fameuse adresse ?

Alistair posa sa main sur son front et plissa les yeux sous la fatigue. Ce qu'il s'apprêtait à dire était aussi en réponse à ce geste :

-Ça me tue de te le dire, mais je préférerai que tu te soignes avant tout. Et tu tires une tronche vraiment bizarre.

Au diable les phrases bien faites. Le conseiller était fatigué -comme si on le savait pas- et plus il parlait, plus ses paroles résonnaient dan sa tête. Et ça, ça lui provoquait un mal de tête effroyable. Alors de grâce, laissez le prendre un repos bien mérité. Néanmoins concentré sur son ouvrage, le général s'accroupit et ouvrit le livre qu'il avait en sa possession avant de lire en diagonale les principaux sujets. Hmm... Il irait jeter un coup d'oeil plus souvent dans cet endroit dorénavant. Mais pas en pleine matinée, et surtout pas dans son état. Le hibou hulula, sortant le général de sa torpeur quasi complète. Il se releva tant bien que mal en faisant craquer ses articulations et finit par souffler, dans l'attente d'une réponse du plus jeune.

James venait de rejoindre son ainé du mieux qu’il le pu. En effet, notre conseiller préféré n’avait pas vraiment fière allure et ses forces l’abandonnaient de plus en plus vite. Mais le pire était la blessure qui c’était remise à saigné en petite quantité. Oui, James Rhutel n’allait vraiment pas bien. Il venait juste d’approuver les dires d’Alistair qu’ils se dirigèrent tout deux vers l’accès de la zone défendue. James laissa son ami désactiver les pièges car il n’avait aucune envie de commettre une erreur et de mourir d’une façon si absurde en un tel lieu.

Une fois à l’intérieur les deux compères ne savaient pas vraiment pas où commencer. Enfin, bien entendu, James savait ce qui avait été dérobé et il n’avait aucune envie que le blond le découvre. Il en profita donc pour observer les étagères remplient d’objets en tout genre sans bouger de sa position actuel de peur de finir par terre… Il devait économiser ce qu’il lui restait de force car une chute dans un escalier pour atteindre son bureau lui serait fatale. Il fut néammoins ravit quand Alistair lui fit la proposition suivante :

-C'est bien joli, mais on ne sait même pas ce qu'ils sont venus chercher. Et je me sens mal à l'idée de devoir faire l'inventaire de tout ça. Tu ne penses pas qu'on devrait voir ça demain au calme et visiter cette fameuse adresse ?

Oh oui. James était tout à fait d’accord avec lui. A deux cent pourcent même. Mais avant qu’il ne puisse répondre le blondinet ajouta :

-Ça me tue de te le dire, mais je préférerai que tu te soignes avant tout. Et tu tires une tronche vraiment bizarre.

Le ton employé par son ainé lui fit comprendre qu’il ne voulait pas se moquer de lui mais qu’il désirait vraiment que le duc se soigne. Pour qu’Alistair mette sa fierté personnel de côté il fallait en déduire que ce n’était pas une nouvelle pique de sa pare et que James pouvait lui faire confiance. Bon. Oui il valait mieux l’écouter. Mais pour cela James lui-même devait mettre sa fierté de côté pour accepter la pitié de son camarade…

-Ouais…Tu as sans doute raison. Rentrons, mais je te préviens ! Il est hors de question que j’aille à l’hôpital car on pourrait me poser des questions et je n’en ai aucune envie. De plus je ne souhaite pas non plus me rendre à l’infirmerie de Lohendra.

Il se mit en route pour sortir de la salle et replacer les pièges car il ne fallait pas poursuivre la discussion ici de peur qu’elle ne s’éternise et qu’ils soient découverts. Une fois leur besogne accomplie, James reprit :

-Par contre je ne suis pas contre une potion de soin assez forte. Ensuite je récupérerais en dormant…

Il fut coupé par l’horloge de la bibliothèque qui résonna sept fois. Le noble regarda le général des chevaliers car il y avait un gros problème. A cette heure certain membre de Lohendra commençaient à travailler et il ne valait mieux pas qu’ils tombent sur deux conseiller couvert de sang dont l’un à moitié mort…

C’était vraiment le pire début de journée de toute sa noble vie…

Le conseiller s'étira pour la vingtième fois de la soirée très probablement. Toute cette histoire le fatiguait aussi bien moralement que physiquement. Il s'étonna d'avoir encore suffisamment d'intérêt pour oser feuilleter un livre qui traînait dans la bibliothèque qui tenait plus lieu de caverne à tout faire. En inspirant profondément, il entendit son hibou lui faire des remontrances. Oui, oui c'était l'heure depuis un sacré temps d'aller dormir, et le volatile tenait à ses heures de sommeil. Quoique, dans son rythme naturel, le hibou était avant tout un animal nocturne. Il n'empêche qu'à force d'avoir été baladé à droite à gauche durant la journée, le hibou avait fini par s'habituer à cela et était devenu un oiseau tout à fait normal. Néanmoins, ce n'était pas une raison pour lui faire sauter ses horaires de sommeil. Tout comme le concevait parfaitement le blond. Au final, c'était un peu lui dans l'histoire qui portait le volatile, et non l'inverse. Il n'était pas le plus à plaindre.

Qu'importe, au final, le général s’était relevé tant bien que mal, peu désireux de poursuivre sa lecture jusqu'au petit matin, bien que ce dernier soit plutôt intéressant. En tout cas, s'ils n'avaient rien à trouver, alors tout aussi bien n'avaient-ils rien à chercher. Et c'est sur cette note parfaitement philosophique que notre cher conseiller se tourna enfin face à son collègue et ami du petit jour. Toujours est-il que cette vue sous cet angle ne rendait pas l'homme très gracieux. On pouvait dire qu'avec sa peau aussi blanche, il était à deux doigts d'y passer. Et mine de rien, le général avait beau être d'une raideur sans pareille, en revanche, il n'en restait pas insensible. Les mots qui furent alors prononcées eurent tout l'air d'être honnêtes et légitimes.

Il releva son regard sur son vis-à-vis et ils échangèrent ainsi un long monologue silencieux. Tellement silencieux qu'on en entendait presque les mouches voler. Mais il n'y avait pas de mouches, alors c'était simplement le silence. Alistair soupira, parce que ce n'était franchement pas dans ses habitudes de parler avec une telle douceur. Et quelque part, il s'en trouvait gêné. Alors qu'il s'apprêta à faire de nouveau une remarque déplaisante, James trouva le temps de lui répondre.

-Ouais…Tu as sans doute raison. Rentrons, mais je te préviens ! Il est hors de question que j’aille à l’hôpital car on pourrait me poser des questions et je n’en ai aucune envie. De plus je ne souhaite pas non plus me rendre à l’infirmerie de Lohendra.

Le général souleva un sourcil interrogateur. Il s'était certes montré sous un jour nouveau, mais loin de lui l'idée de jouer la mère poule et de vérifier la cicatrisation des blessures de son collègue. Il avait confiance en lui, et le savait assez costaud pour supporter pire. Et puis, James n'avait pas tort. Avec des blessures comme ça, l'hôpital risquerai de se poser des questions. Et si ces dernières ne parvenaient pas jusqu'aux oreilles de l'intéressé, elles auraient tôt fait de trouver preneur chez les autres conseillers et le roi. Et au final, ça retomberai sur Alistair, en tant que doyen. Ça n'avait pas que des avantages d'être le plus âgé de tous. Et si Shin pouvait être le plus sympathique des hommes, lorsqu'on transgressait une règle, c'était le pire homme à avoir en face. Ah, qu'il était naïf, notre cher roi, à croire que la justice régissait le monde.

-Par contre je ne suis pas contre une potion de soin assez forte. Ensuite je récupérerais en dormant…
-Libre à toi de faire ce qui t'arrange. Je veux simplement que tout ça disparaisse et que ça ne me retombe pas dessus.

Il lui avait presque coupé la parole, de son air presque hautain malgré la fatigue ressentit derrière. Pourtant, il fallait être vraiment sur les nerfs ou idiot pour ne pas remarquer que ces mots étaient uniquement un leurre. Oui, Alistair s'en faisait vraiment pour son ami, parce que mine de rien, ils en vivaient des choses au quotidien. En fait, de tous les conseillers, c'est bien de lui dont il supporterai le moins une quelconque trahison, aussi bénigne soit-elle. Mais si la confiance ne s'observait pas au premier coup d’œil, elle était là. Passant une main distraite dans le doux plumage du hibou, Alistair suivit son ami en dehors de la bibliothèque privée. Son coeur faillit s'extraire dans sa poitrine lorsqu'il entendit les coups résonner dans le bâtiment. Non mais combien de temps étaient-ils restés ici, sérieusement ? Il jeta un coup d'oeil à James. Vu à quoi il ressemblait, c'était une TRÈS mauvaise idée de le laisser se balader. De toute façon, il doutait franchement de ça. Mais il y avait plus grave. Bientôt, il y aurait un débarquement de personnes, et sensiblement de chevaliers en études. C'était très très mauvais pour son image ça. En plus, avec des rideaux en moins et une fenêtre cassée, ça allait forcément attirer l'attention. Ah, Alistair ne voulait plus s'en mêler. Il ouvrit violemment la porte de la bibliothèque, parce qu'il n'y avait plus de temps à perdre et que leurs quartiers n'étaient pas très loin. Se retournant avec hargne, la force morale brutalement retrouvée, il retira une pièce assez ancienne de sa poche et la lança à James avant d'ajouter :

-Dépêche-toi de rentrer chez toi. Prends ça, y'a un peu de ma magie emmagasinée là-dedans, c'est quand j'ai plus de force que je l'utilise. Si tu croises quelqu'un t'auras qu'à penser à quelque chose et ça va apparaître, dans la limite du possible. Moi je m'en vais, je suis en meilleur état que toi.

Il se précipita alors vers la sortie avant de se stopper au seuil et de lancer un peu plus fort en pointant l'autre du doigt :

-Et tu te soignes.

Sur ces bonnes paroles, le général quitta la pièce en courant, son hibou sur les talons, si tant que cette expression ait un sens avec un oiseau.

Quand Alistair mit sa fierté de côté pour conseiller James, ce dernier en fut choqué. Un long silence suivit la déclaration de l’ainé du duo. Notre conseiller préféré le rompit mais le gène occasionné par la déclaration du blond était toujours omniprésent. James et Alistair venait tout deux de mettre leur fierté personnel. QUI, aurait cru ça possible ? Le plus vieux qui s’inquiète pour le plus jeune…quel déchéance pour le duc.

-Par contre je ne suis pas contre une potion de soin assez forte. Ensuite je récupérerais en dormant…
-Libre à toi de faire ce qui t'arrange. Je veux simplement que tout ça disparaisse et que ça ne me retombe pas dessus.

Il ne fallait pas être un fin analyste pour comprendre qu’Alistair était en proie au doute. Il s’inquiétait pour James… Personne ne s’inquiète jamais pour lui. Bah, il faut dire aussi qu’il a toujours envoyé boulé ceux l’ayant déjà conseillé. Pourquoi ne pas en avoir fait de même avec le général ? Surement pas par peur et encore moins par manque de sommeil. Non. La réponse était autre part. Lors de réunion, c’était Alistair qui plaidait sa cause la plupart du temps. Le blond lui avait également déjà donné le commandement d’un régiment de chevalier pour une affaire de totem volé par une organisation douteuse alors qu’il ne les avait jamais confiés à personne auparavant. Une relation de confiance c’était donc instauré entre les deux hommes mais également un étrange amitié qui surprenait le duc de jour en jour.

James mit la main dans sa poche et en sentit le contenu : la clef USB.

-Dépêche-toi de rentrer chez toi. Prends ça, y'a un peu de ma magie emmagasinée là-dedans, c'est quand j'ai plus de force que je l'utilise. Si tu croises quelqu'un t'auras qu'à penser à quelque chose et ça va apparaître, dans la limite du possible. Moi je m'en vais, je suis en meilleur état que toi.

Le duc de Carda attrapa la fiole d’une seul main. Tiens ? Il lui restait des réflexes ? Et oui, certes, le général était dans un meilleur état que James. Son infériorité face au vieux conseiller le fit rougir de honte. Lui ? Inférieur à Alistair ? Jamais il ne l’accepterait. Le chevalier prit la poudre d’escampette et se retourna vers le conseiller blessé en le pointant du doigt.

-Et tu te soignes.

James attendit que son ami soit suffisamment loin pour souffler.

-Merci…

Le conseiller fit un pas, puis deux et murmura :

-Totem, accordes-moi une dernière activation s’il te plait.

Oui il venait de s’adresser à ses pistolets. Mais il n’y avait pas de témoin et cela jouait un peu sur le mental de James de ce sentir soutenu par son totem même si ce dernier n’était pas un être vivant. Pourtant, il réussit à canaliser sa magie suffisamment pour accéder à son bureau et s’enfermer à double tour. Il chancela jusqu’à son bureau et ouvrit un tiroir duquel il extirpa une potion de soin majeur. Il ne fit pas la fine bouche et la vida de son contenu avant de s’écrouler sur le sol.

A son réveil, il se sentait beaucoup mieux. Par reflexe, James tenta d’activer son totem. Rien. Il ne pourrait sans doute plus utiliser la magie pendant quelque jour. Il se releva pour s’assoir sur son fauteuil. Machinalement, ses yeux s’orientèrent vers son  ordinateur qu’il alluma. Quinze heures de l’après-midi.  Il introduisit la clef USB et la vida de son contenu. Silver le pensait de son côté…Il voulait la guerre alors qu’il en soit ainsi. James préférait conserver la confiance d’Alistair mais grâce à cette clef il aura conservé les deux. Celle du conseiller et de Silver. Il avait souffert tout une fin de soirée et le début de matinée. Mais ce ne fut pas en vain. Seulement…

Sliver le tenait encore.