Vous savez, se faire exploser la figure n’était pas spécialement quelque chose de très plaisant et qui allait vous faire péter la forme en deux ou trois mouvements. Bien qu’une bombe c’était dynamique, bien explosif et… Non, ce n’était pas le caractère de notre corbeau d’aimer ce genre de situation préférant simplement suivre son petit train-train quotidien qui consistait à chercher un peu désespérément un travail pour se mettre un peu d’argent sous la main et ainsi vraiment commencer à vivre indépendamment en n’ayant pas besoin qu’on lui donne du fric ayant pitié de lui. Ah, franchement Corvus pouvait tout de même avoir de la chance d’avoir un maitre le prenant autant sous son aile bien que justement, le corbeau aimerait voler des siennes maintenant. Enfin bref, ne partons pas dans ce genre de débat et passons au moment présent !
Cela faisait environ trois jours que l’accident au restaurant était passé et notre jeune homme n’avait pas bougé de son lit pendant plus d’une journée. Le choc de l’explosion l’avait un peu plus assommé que ce qu’il n’aurait cru et son mal de crâne assez intense n’avait pas disparu avant un bon moment. Bon, heureusement il n’en sortait qu’avec une cicatrice cachée par ses mèches de cheveux qui allaient sûrement disparaitre en moins d’une semaine ! Enfin, espérons qu’une grosse marque ou creux ne soit pas visible trop longtemps. ( Je pense à mon bobo de JE…) Se frottant un peu le front devant la glace, le jeune homme soupira en voyant cette dite marque et commença à aller au salon un peu plus réveillé que ces derniers jours et ayant retrouvé le peu de couleur que sa peau possédait. Se tournant vers son habituel manteau noir qui n’avait heureusement rien subi, il vit le petit papier que l’homme leur avait donné avant de partir retourner à ses occupations. Posant ses yeux dorés sur celui-ci, Corvus put enfin apprendre le nom de cet homme qui ne s’était pas présent au final. Heureusement que son prénom était marqué car imaginé qu’il le demande…. Sans savoir comment le nommer ? Ah, pourquoi la vie ne pouvait-elle pas être aussi simple ? Soupirant un petit coup et se rappelant que l’homme pouvait l’aider dans sa recherche, le noiraud ne voulait pas attendre plus de temps histoire de montrer tout son sérieux et enfila ledit manteau. Se tournant vers sa sœur sûrement toujours en train de jouer, le corbeau fut surpris de voir que la console que Nother avait demandée était déjà arrivée. Se dirigeant vers sa petite sœur en mettant son fidèle chapeau sur sa tête, il prit la parole.

«  Je vais au quartier général de Lohendra tu devrais venir avec moi pour le remercier pour ta console. C’est la moindre des politesses. »

Le retour de Corvus dictionnaire du : je t’apprends comment bien vivre ! Il faut dire que sa jumelle en avait souvent besoin et heureusement que son grand-frère était là pour l’aider. Attendant qu’il se prépare tranquillement, le contractant mit les mains dans ses poches avant de quitter l’appartement, le fermer et se mettre en marche pour le quartier général ! Heureusement, le bâtiment n’était pas encore trop loin et la marche ne prendrait pas des heures. Comment dire, Corvus n’avait pas vraiment envie d’entendre la rousse se plaindre en demandant tout le temps en combien de temps ils seraient arrivés. Quoi, il la connaissait trop bien ? Normal quand on est des frères et sœurs ! Encore plus quand il s’agit d’enfant né le même jour.
Une fois arrivé devant les portes de la bâtisse bien imposante, le jeune homme arqua un sourcille en se demandant à qu’il devait montrer le morceau de papier. Commençant par le sortir, le corbeau se dirigea vers un des gardes ne voyant personne aux alentours. Est-ce qu’ils allaient le faire rentrer aussi facilement ? Dans la tête de Corvus, il se dit que ceux-ci pourraient bien croire que quelqu’un a essayé de copier l’écriture de se dit Alistair en essayant de s’infiltrer à l’intérieur sans rien dire. Eh bien vous savez quoi ? Après cette consulté rapidement avec un autre mec qui passait par-là et demandant son nom de famille au Fylearts, ils purent entrer bien plus facile que notre corbeau l’avait pensé. Eh bien, les informations allaient vite par ici ! C’était tout de même assez impressionnant de rentrer dans la plus grande bâtisse de la capitale se disant que se perdre devrait être très facile.

« Plus qu’à le trouver ou l’attendre. » Dit-il comme en parlant à lui-même.

Une fois dans les grands couloirs à avancer doucement et attendre de croiser l’homme qu’ils cherchaient à la réception, un petit détail vint tiquer dans la tête de notre corbeau. Attendez, Corvus n’avait pas vérifié si le blond était bien là et non en mission avant de venir. Soupirant un coup en se frottant un peu le front, il se dit que sa tête ne devait pas être complètement remise et misa sur la chance pour que l’homme soit bien en train de travailler entre les murs de cette bâtisse. Ah vraiment, c’était la dernière fois qu’il se prenait une bombe dans la tête ! La vie était bien plus dure après. Pauvre petit corbeau…

Paperasse. À droite à gauche, son bureau ne pouvait plus en supporter un seul. À croire que si l'on en posait un de plus, ce dernier s'écroulerait. Sans rire, Alistair avait la tête dedans depuis plus de deux jours et ne dormait évidemment pas. Si les cernes ne perçaient à travers sa peau c'est parce que sa poubelle était pleine de potion utilisée. Il ne carburait plus qu'à ça. Potion à midi, potion le soir, il en oubliait jusqu'à manger. Heureusement, parfois une gentille secrétaire venait lui offrir une petite pause en proposant tel ou tel sandwich ou en cas. En fait, cela ne durait pas plus de trois minutes. Ah voilà où sa folie de vouloir faire le fou trois jours en dehors de Lohendra pendant la fête des fleurs lui avait valu. Il se demandait si James était actuellement dans la même galère que lui. Ou plutôt s'il ne gisait pas inconscient devant son bureau. À cette idée, le visage sérieux du général se détendit quelque peu mais il ne lâcha pas sa concentration. Pas encore. Avec un peu de chance, s'il faisait encore l'impasse sur trois ou quatre jours de sommeil, il parviendrait à finir tout ça. Mais notre blond n'en était pas pour autant un musclor et même si son âge permettait de limiter sa durée de sommeil sans trop en subir les conséquences, il en restait pour le moins humain. Les potions pouvait cacher son aspect physique, mais plus le temps passait et plus la fatigue lui pesait. Sur ces deux jours, il n'avait probablement dû dormir qu'une dizaine de minutes au plus. Lloyd devait bien rire. Enfin...

Signant une énième loi sur la mise en place d'un péage sur le pont du lac Nanhka, Alistair soupira et posa son stylo avant de saisir un nouveau morceau de papier. Tiens, celui-ci lui venait directement du roi. Sans même l'avoir lu, il pouvait le déduire en observant le sceau de la famille royale. Allons bon, que lui voulait-il qui nécessite une mise sur le papier ? Ce n'était pas les messages automatiques qui manquaient par ici, et puis le QG n'était pas si loin par rapport au palais. Il inspira et se concentra sur la lettre. Elle tenait compte de la sécurité des habitants de Carda. Apparemment, le roi jugeait que les chevaliers de Carda n'étaient pas assez nombreux. Après tout, Carda était connue pour sa culture atypique mais aussi pour ses trop nombreux voleurs. Le roi lui demandait donc de venir lui faire son rapport au palais le plus rapidement possible pour être informé de ce qu'il se passait vraiment niveau sécurité dans cette ville. Et cela, malgré toute la loyauté que portait Alistair à son roi, le put l'empêcher de pousser un juron. Il n'avait vraiment pas le temps de fanfaronner dans le palais pour un résumé des faits. Les capitaines géraient leur troupes, et il était hors de question de faire passer un régiment de Blaoria à Carda. Cela prendrait du temps, de l'énergie et de l'argent. Pourtant il savait que s'il partait, borné comme il l'était, sur cette façon de penser la discussion entre le roi et lui risquait de durer longtemps. Or, il n'avait aucunement le temps de parler.

Doucement, il referma le papier et s'en saisit d'un autre. Il rejetterai cette demande avec le plus de classe possible. Il était surbooké et ne bougerait de son bureau que pour aller poster cette lettre directement au service, de peur qu'en sous traitant cette tâche, elle ne parvienne pas à bon port. Aussi, notre homme commença à écrire une lettre en toute hâte pour excuser son refus, indiquant qu'il laisserait cette tâche en suspens le temps de finir le plus urgent. Bien évidemment, il se garda d'annoncer ces derniers mots, ou il risquait de se prendre une méchante réflexion. Et fatigué comme il l'était, le blond risquait de répondre avec une fougue nullement digne de sa vieillesse. D'ailleurs, tout Lohendra était en effervescence. Les gens courraient presque dans les couloirs, sauf à l'approche des portes des conseillers. Ah, Alistair se souvenait encore du nouveau gradé qui avait manqué de le perdre en courant près de la porte de Summer. Oui, de Summer, la plus gentille des conseillers réunis. Tout le monde était sur les nerfs, et ça devait se sentir quelque part.

Quoiqu'il en soit, le général finit sa lettre et se leva. Son hibou fit quelques mouvements et se posa sur l'aile de son maître, presque déjà dehors. Ses pas étaient rapides et sûrs. Le blond posta aussitôt la lettre en insistant sur le fait qu'elle devait être transmise le plus rapidement possible, quitte à ce que quelqu'un s'en charge dès maintenant. Il recevrait probablement une lettre sous peu prétextant que cette affaire était de la plus haute importance. Mais entre temps, Alistair aurait peut-être pu avancer sur deux ou trois dossiers de plus. Eh oui, même vis-à-vis de son roi, il fallait savoir jouer. En revenant vers son bureau, une oreille attentive décela quelques mots d'un de ses officiers, sortant d'une salle.

-Vous cherchez le général ? Vous devriez repasser plus tard, il est très occupé ces derniers temps et n'accepte aucune visite. Et... ce n'est pas plus mal.

Alistair tiqua à cette dernière réflexion et s'approcha rapidement pour voir de quoi il en découlait. Il se trouvait bientôt face à un de ses chevaliers, qui s'inclina rapidement en le voyant approcher, rougissant légèrement, pensant qu'il l'avait entendu. Et effectivement, vu la tête que tirait le blond, c'était le cas. Les sourcils froncés, le regard dur, il ne tarda pas à le diriger vers les deux jeunes perturbateurs. L'un avait les cheveux noirs et l'autre les cheveux blonds, comme les siens. D'un air presque agacé, il lâcha :

-Allons bon, depuis quand laisse-t-on rentrer des étrangers à Lohendra ? C'est suffisamment le bordel par ici pour se permettre une visite de courtoisie.

Le général posa ses mains sur ses hanches et fixa les deux personnages. Maintenant qu'il se sortait progressivement la tête de ses documents – ce qui n'était forcément une bonne chose, il se dit que ces deux personnes ne lui étaient pas si étrangers. Allons bon, où diable les avait-il vu ? Se massant l'arête du nez, le blond tâcha de réfléchir un minimum. Son cerveau bouillonnait déjà, c'était plutôt à sa mémoire qu'il s'en référait. Bientôt, il tapa dans son poing fermé et se souvint. Les deux jeunes enfants qui l'avaient aidé lors d'une prise d'otage dans un restaurant. Où trouvait-il toute cette mémoire ? Il n'en savait rien, à son âge c'était plutôt un don du ciel qu'autre chose.

-Ah ! Ça y est, ça me revient. Vos noms m'échappent, mais vous m'avez aidé lors de la prise d'otage. Bon, je suppose qu'une petite pause me fera le plus grand bien. Suivez-moi.

Une pause. Pour Alistair, tout ce qui ne s'apparentait pas directement à son travail était considéré comme une pause. Même un entretien d'embauche. Enfin bon, pour le coup il donnait plus l'air d'un bon – excellent – piston. Même sans carrière derrière lui, il suffisait que le général donne l'ordre de le muter quelque part pour qu'il soit accepté. Enfin ça, c'était dans le cas où Alistair serait un idiot. Or, ce n'était pas le cas et notre homme ne prenait que des personnes qualifiés. Il tourna alors les talons et se dirigea vers son bureau. Il en ouvrit la porte et invita les deux jeunes gens à entrer, si tout du moins il les avait suivi.