Certains de ses détracteurs le traiteraient de " Flamby ", " Guimauve le Conquérant ", " Joe le mou ", " Tas de morve ", " Molasson " ou encore " Inerte-man ". Mais ceux-ci se feraient vite fait clouer le bec. Car Lino Garlic n'est pas un homme habitué à sortir de ses gonds, à hurler, à montrer sa nervosité, et ses émotions. Il parait plutôt froid, distant, et surtout d'un calme olympien. Un manque d'affirmation que lui repprochent même ses plus proches collaborateurs, car parfois, sa fonction de Maire nécessite de la fermeté. Pourtant, ce n'est pas ce que manque Garlic. Car en dehors de sa non-transparence, il est craint. Peu d'opposants osent se frotter à son autorité, car d'une poigne de fer, il gère la capitale de Heka, placée sous l'autorité suprême de l'Akhtai, dépendante du pouvoir du souverain Lynsk Thengan. Seulement, les caprices; les exigences de ce maire sans cesse sollicité, aboutissent souvent à des désastres économiques au sein de la ville. Sans compter le nombres d'officiers de l'Akhtai et autres fonctionnaires qui se livrent à une corruption en jouant avec les finances. Lino Garlic n'y est pas pour rien puisqu'il contribue à cette économie parallèle, vouée à maintenir une riche et puissante oligarchie en place. Son rôle est de veiller à ce que chaque citoyen reste à sa place, ainsi qu'au bon fonctionnement de sa ville. Du moins pour certaines populations. Trafic d'influence, racket, intimidation, Garlic a pour réputation d'utiliser tous les moyens mis à sa disposition pour faire respecter ce qu'il nomme " l'Ordre Naturel ", autrement dit, la séparation des faibles et des puissants, des soumis et des insoumis. Ainsi sa fortune est colossale, et fait de lui non seulement un homme politiquement puissant, mais aussi financièrement. De ce fait il côtoie les plus grands truands de Kahl, sans complexe, sans se cacher, et gare à ceux qui oseraient défier celui que l'on surnomme " l'Ogre ", et subir les conséquences de sa cruauté qui peut s'avérer être parfois sans limites.

Lino Garlic est de taille moyenne, 1m85 pour 86 kilos de muscles qui ont fondu en graisse au fil des âges. Vous reconnaitrez facilement cet homme massif mais au visage apaisé et sympathique dans la rue. Car, il souffre d'un handicap puisque sa jambe droite est paralysée. Il boitille et est sans cesse appuyé sur une canne dans laquelle est dissimulée une lame. Il porte de longs manteaux aux couleurs claires, symbole de la pureté au rang auquel il appartient. De couleur cyan, blanc, jaune pâle ect ... il aime également porter de longues écharpes ou châles qui recouvrent son cou et sa nuque. En clair vous ne verrez uniquement du corps du maire que sa tête et ses mains, le reste étant voilé par ses ambles habits. Maintenant, attardons nous du visage de notre cher Lino. De forme carrée, sa figure anguleuse est parcourue de rides profondes et tortueuses. Il y a une barbiche noire qui recouvre le dessus de la bouche et le dessous du menton, ansi que d'épais sourcils noirs et broussailleux surplombant ses yeux sombres et marrons. Ses cheveux sont courts et de la même couleur que sa pilosité faciale. Dernier signe distinctif : D'énormes balafres qui pardourent son front ainsi que le haut de la partie gauche de son visage.

Le début de notre histoire ne commence pas parmis la populace, le commun des mortels. Non, nous sommes dans les hautes strates de la bonne société de Khal, dans une famille tout à fait respectée, celle des Garlic, une famille puissante et influente.
 Parlons du père : Léon Garlic, deuxième du nom. Cadet d'une fratrie de cinq vigoureux enfants, il intégra les ordres séculiers du clergé. Sa vie vouée à Kel'Chin, il gravit rapidement les échelons des institutions, et finit par devenir archevêque de Khal. Ses frères mourrurent les uns après les autres, il devint donc le seul héritier de la famille Garlic. Sous la pression de son propre père, il fut forcé de renoncer à ses voeux, de quitter les ordres, et d'épouser une fille de bonne famille, de rang égal au sien. Cette dernière n'était autre que Cathrine Mécidi, fille du banquier le plus riche de Salinca. Leur union scella le destin de Léon, qui, pour se reconverir, fut forcé de devenir un commissaire d'intendance, c'est à dire un officier chargé de l'administration fiscale dans la ville.
 Hostile à cette profession qui lui fit ouvrir les yeux sur la situation de sa cité qu'il aimait tant. La corruption était là à tous les niveaux, et bien entendu, il devait garder le silence, puisqu'il était un des multiples exécutants à la solde des pontes de l'Akhtai. Et chaque jour, il se repentait de son erreur : s'être détaché des enseignements de Kel'Chin. Malgré ses efforts pour demander l'absolution, ce sentiment de culpabilité le rongea petit à petit, faisant de lui un être froid, pingre, violent et misanthrope. Quand naquit son seul enfant, un petit garçon qu'il nomma Lino, il décida de quitter Kahl. Nul ne sait ce qu'il est advenu de cet homme promu à un avenir brillant au sein du monde ecclésiastique, mais certains disent l'avoir vu passer la porte du Sud, habillé en pèlerin.
 Catherine eût donc la lourde charge d'élever seule le petit garçon qu'elle chérit tant. Le petit Lino grandit également sous l'autorité rigide de son grand-père, qui voyait en lui un futur membre éminent de la cour d'un roi. Son éducation fut complète en matière de droits civiques, de politique, d'économie, d'administration fiscale et de gestion. Des études élitistes puisque très jeune, à ses quinze ans, Lino décida d'entreprendre une carrière militaire, une décision qui avait valu la bénédiction du vieux Archibald Garlic. Après tout, son seul héritier pouvait bien devenir le général de Heka.

 Lino Garlic devint donc un soldat affecté à la section du maintien de l'ordre de la ville. Une sorte de policier d'élite en quelque sorte. A l'instar de son père, il découvrit de quoi était rongé sa ville. La corruption, les trafics, et toutes sortes de pègres liées étroitement avec l'Akhtai régnaient en maitre sur la cité aux murs d'argent. Il executa les plus viles besognes pour le compte de ses supérieurs qui avaient reçu l'ordre d'un quelconque aristocrate ou voyou qui avait de quoi payer les services d'une milice, le temps d'un soir, si l'Akhtai en avait donné l'accord. Car même si cette peste gangrénait Kahl, seule l'Akhtai prévalait sur toutes les autres organisations, qu'elles soient légales ou illégales. Tout le monde savait qu'à travers l'Akhtai, c'était l'autorité du roi qui était représentée. Les années passèrent, et tout commes ses camarades, Lino devint lui aussi un soldat violent et acteur à part entière de ce thêatre des horreur qui se déroulait à Kahl. Cependant, une dernière chose le taraudait, à vingt ans il n'avait toujours pas mis la main sur son totem. Un handicap par rapport au autres recrues, qui elles, avaient quasiment déjà un pouvoir. Il n'ignorait pas quel était le sort de ceux qui ne trouvaient pas ce totem. La folie.
 Les mois qui suivirent ses interrogations les plus intenses, son grand-père, l'invita à pêcher, chose impensable pour un être tel que lui, si strict et peu séduit par l'amusement et le divertissement. Les deux hommes se risquèrent à s'aventurer à quelques centaines de mètres de Kahl, aux abords d'une rivière poissonneuse. Archibald n'avait rien dit de tout le trajet, entretenant ainsi un mystère pesant. La conversation s'engagea, le vieillard déclara tout simplement qu'il partait à la recherche de Léon, son fils. Une rumeur disait l'avoir vu traverser le pays de part en part. Mais aussi qu'il commettait des crimes atroces, et laissait des cadavres derrière son sillage. Lino ne comprenait pas bien en quoi cela les concernait puisque cet homme, avait décider de tout quitter. Mais peu importait, le vieil Archibald ne désirait qu'une seule chose, donner une leçon fatale à son fils. Sur ces mots, il laissa son petit-fils seul à la rivière, canne à pêche en main. Un instant d'après, la ligne vibra, et le jeune soldat tira. Au bout de l'hameçon, gigotait une petite carpe poisseuse et brillante. Lorsqu'elle fut fatiguée, Lino la posa sur le sol, et l'attrapa. A cet instant, tout son corps vibra, comme si un vent chaud avait parcouru toute son échine. Cette sensation, il venait de comprendre ... Il venait de trouver son totem. Petit à petit, il remarqua que sa bouche ne cessait de laisser s'échapper un petit filament vaporeux blanc. Signe qu'il ne savait même pas de quelle nature était ce pouvoir. Quelques secondes après, il constata que les nuages étaient descendu très bas, à tel point qu'une petite brume s'installa autour de lui.
 Les jours passèrent, et on lui avait donné son amulette, et son totem s'avéra être la carpe, un poisson d'eau douce, pouvant atteindre des tailles parfois extravagantes. Son pouvoir lui avait été révélé : le domptage des nuages ainsi que leur formation. Une faculté insolite, mais qui s'avéra être très utile. Pendant ses nombreuses années de service dans l'amée de Kahl, il mit à profit son pouvoir, cherchant sans cesse à le perfectionner.
 
 A ses trente-cinq ans, il devint le lieutenant du Capitaine de Kahl. Sa carrière s'annonçait donc brillante, du moins au départ. Quelques mois après sa formidable promotion, il subit les conséquences de ses actes. Comment avait-il obtenu ce poste ? En s'acoquinant avec le plus grand blanchisseur d'argent de Kahl : Gédéon Théodius. Ce dernier était " Percepteur Principal des Impôts ", autrement dit, il était à la tête de l'organisation de la perception des impôts. Son poste lui permettait de blanchir énormément d'argent qu'il gagnait grâce à son trafic d'armes qu'il avait mis en place à La'an. Inutile de préciser que Théodius était un membre éminent de l'Akhtai. Et il avait fait l'erreur de " voler " le meilleur exécutant d'un voyou répondant au nom de " la Salamandre ". Cet éxecutant n'était nul autre que Lino. En échange de ses services, le jeune soldat allait être promu et recevoir une nouvelle solde par le percepteur. L'affaire était conclue, la Salamandre était donc délaissée au profit de Théodius. Le malfrat se vangea en faisant un attentat dans la demeure même du percepteur. Explosion qui se produisit le soir d'une réception grandiose, dans laquelle était invité le lieutenant Garlic. Après la terrible détonation, les blessés furent nombreux, et les morts encore plus. Parmis eux, non seulement Théodius, mais ainsi que six membres de l'Akhtai, influents et puissants. Garlic réchappa à la mort de justesse, mais perdit quasiment l'usage de sa jambe droite, une grande partie de son corps fut brûlée au premier degré, et son visage fut affublé d'une balafre au niveau du front.
 L'auteur du crime fut vite retrouvé et exécuté en place publique. La Salamandre avait réussi son coup, puisque le pauvre Lino n'eut d'autre choix que de renoncer à sa carrière militaire au vu de son handicap. On lui attribua un poste non négligé au sein de la Mairie de Khal. Au fil de temps, l'ancien lieutenant fit ses armes en politique, et devint quelqu'un d'assez charismatique pour entretenir la haute fontion qui était celle de Maire. Cinq ans plus tard, il fut désigné par l'Akhtai pour remplacer son prédecesseur, jugé comme étant trop conciliant avec la plèbe. Lino Garlic entreprit de rétablir un maximum de pouvoir aux aristocrates afin de renforcer l'autorité royale au sein même de Kahl. Les actions frauduleuses et la délinquance se renouvella, à la suite d'une purge menée contre les détracteurs de l'Akhtai afin que celle-çi retrouve une nouveau souffle dominant. Ainsi depuis cinq années, Lino administre Kahl selon son bon vouloir, tel un souverain au service de l'Akhtai, et plus que jamais, au service de son roi.