Le passé au présent (Elliane)
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 Le passé au présent (Elliane)

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Akhtai | Général en chef des armées
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Siegfried Zanshin Oda
Siegfried Zanshin Oda
Akhtai | Général en chef des armées
MessageSujet: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeVen 4 Oct - 20:49

Je suis Siegfried Zanshin Oda, un homme simple avec certaines choses bien précises pour le rendre heureux, notamment la présence d’Elliane, que je considère comme ma fille, à mes côtés, l’entrainement que je fais quand je le peux, aussi souvent que mon corps puisse le supporter, le combat, que ce soit une mêlée ou un duel… Ces choses me rendaient heureuses, alors il pourrait être logique de penser que le contraire ne me plaise pas, que rester seul et inactif à ne rien faire m’était insupportable, et bien c’était le cas, enfin presque… Dehors le temps était doux et le soleil faisait même son apparition, un temps parfait pour s’entrainer, faire la guerre même s’il n’y en avait aucune à faire pour le moment, et que je n’allai pas en déclarer une pour m’amuser, même si en tant que général en chef des armées je pourrais le faire sans trop de difficultés. Seulement voilà, dehors, je n’y étais pas, et ne pouvais y être, du moins pas avant d’avoir fini les autres tâches que j’étais obligé de faire, car oui, si être général en chef des armés étaient un poste qui me plaisait par la proximité qu’il offrait avec le combat et qui me permettait de faire ce qui me plaisait, cela incluait aussi pas mal de paperasse ennuyante de temps à autre. Traités, messages, diplomatie… Il en arrivait sans cesse. A mes yeux, c’était tellement pathétique ! Sérieusement, quel besoin de faire cinq cents pages de politesses juste pour dire quelque chose ou s’attirer les bonnes faveurs du roi, ou même de moi… Si il y une chose que j’ai bien compris, pour attirer le regard de notre roi, il faut bien le servir et lui être utile. Ce dernier me parle de temps en temps, connait mon existence et je pense qu’il me voue même un certain respect, mais en même temps je gère plus ou moins toute son armée, et quelqu’un m’a même dit un jour qu’une rumeur disait que le roi me craignait… Enfin je ne me fie pas aux rumeurs, elles sont toutes fausses à mes yeux depuis qu’une d’entre elle disait que j’étais secrètement marié à mon assistante… Donc de deux chose l’une, mon assistance n’est autre qu’Elliane, l’enfant de celle que j’aimais et que je considère comme ma fille, et ensuite… Il n’y a pas d’ensuite, je me suis juste amusé à retrouver l’homme qui avait lancé cette fausse information, en remontant de personnes en personnes avec l’aide d’un sabre d’entrainement fait de chêne noir jusqu’à l’origine, dont les os de la mâchoire doivent encore se souvenir de moi à l’heure actuelle.
Bref, tout ça pour dire que le roi me voyait et qu’il ne fallait pas croire tout ce qu’on dit, et que je suis prisonnier de mon propre poste de général…

Il y avait cependant un point positif dans cette histoire, justement une des choses qui me rendaient heureux, c’est qu’Eliane se trouvait à mes côtés pour m’aider. J’aimais ces moments passés avec elle, ils me rappelaient ceux que je passais avec Freya, la mère défunte d’Elliane, cette seule femme que j’ai jamais aimé, et d’ailleurs, je redevenais rapidement celui que j’étais il y a tant d’années, avant que tous ses problèmes n’arrivent… Aujourd’hui, elle m’aidait à ranger et classer tous mes papiers en fonctions de leur contenu, travail long, inintéressant et irritant, mais vraiment, à deux nous allions plus vite, nous pouvions parler et c’est d’ailleurs dans ces moments-là que nous parlions de choses dont on ne parle jamais habituellement, comme notre passé commun par exemple, même si cela reste un sujet « tabou »…

-Elliane, il y a encore deux ou trois de dossiers posés sur la table là-bas, apporte-les donc, nous allons nous en occuper après.

Mon bureau, qui était pourtant une pièce assez grande, était plongé dans un monstrueux désordre, alors que je détestais ça, mais sous l’assaut des piles de documents, j’avais abandonné l’idée de tenir cette pièce rangée, ne le faisant que de temps en temps uniquement. Je devrais bientôt le faire une fois de plus. Ce qui me fait dire ça ? Même moi je n’arrive plus à marcher par terre sans devoir esquiver une feuille… Général en chef des armées de Heka bordélique…

Elliane accomplissait son travail avec ardeur comme d’habitude. Cela me fit sourire, sourire que je lui envoyai. Elle était vraiment la seule personne ou presque qui arrivait à me faire manifester autre chose que de la froideur, en même temps je n’avais pas à sourire devant mes soldats, et je ne pouvais me le permettre que devant un nombre réduit de personnes.

-Tu es vraiment active… Freya l’était également, tu as vraiment hérité d’elle.

J’avais dit ça sans vraiment faire attention, je m’en rends compte maintenant que c’était assez brutal et sans réelle délicatesse, mais j’avais du mal avec ce dernier point justement, même avec Elliane. Je n’aimais pas tellement mon côté sec et froid dans ces moments-là, mais cela va avec mon caractère, je l’ai accepté depuis longtemps…
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MessageSujet: Re: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeMer 16 Oct - 21:40

Le temps était magnifique ce jour-là, tellement qu'elle sentit ses yeux protester vivement quand elle les ouvrit, au réveil. Plissant délicatement les paupières, Elliane porta une main à son front pour créer le minimum syndical d'obscurité que ses iris réclamaient en la lançant impitoyablement. Mhh, quand avait-elle rejoint son lit ? Elle se souvenait avoir veillé jusqu'à tard pour rédiger un rapport de mission, mais pas d'être partie se coucher et serait bien incapable de dire à quelle heure le sommeil l'avait emportée. Vous me direz, ça n'a rien d'étonnant quand on savait que la jeune femme avait menacé de planter sa paperasse avec son nez la veille au soir. C'est que sa dernière infiltration avait été épuisante, elle espérait bien ne pas avoir à en refaire une du même calibre dans les jours qui suivaient – juste le temps de récupérer un peu de sommeil. M'enfin c'était fini, la voilà de retour dans la capitale. La ville ne regorgeait pas que de bons souvenirs mais restait le lieu qui avait été témoin de son enfance et de son adolescence, notre handicapée des relations humaines y était donc étrangement attachée. Et même dans le cas où elle aurait éprouvé une grande aversion pour Kahl elle aurait été contrainte d'y passer une bonne partie de l'année : non seulement c'est là qu'était le siège de l'Akhtai, mais – et dans le même ordre des choses – c'était aussi là qu'habitait Siegfried.

Qui était ce fameux Siegfried ? Beaucoup le connaissaient comme le général des armées, un homme froid et sans pitié bien que facilement consultable par ses subordonnés et, surtout, qui aimait s'entraîner avec eux – mais ça c'était parce qu'il ne disait jamais non au combat, que ce soit avec des armes en bois lors d'exercices ou pendant une bataille sanglante. Elliane connaissait le grand général Oda, évidemment puisque c'était une figure publique, mais elle connaissait aussi celui dont sa mère était tombée amoureuse. Tout était une question d'occasion. Et peut-être aussi un peu de naissance pour le coup, certes. Il se trouvait qu'avant de se retrouver dans des quartiers pauvres de la ville, sa mère avait fréquenté Sieg. Seulement cela ne faisait pas de lui son père, du moins pas biologiquement, mais l'auburn le considérait comme tel au fond : il était la figure protectrice qu'elle n'avait jamais eue, celui qui l'avait recueillie et lui avait appris différentes manières de se défendre avec pour seule motivation sa protection. Rapprochés par une personne qui avait occupé une place importante dans leurs vies respectives, ils avaient appris à s'apprécier et à se considérer mutuellement comme un parent. Beaucoup de personnes se posaient des questions sur la nature de leur relation – après tout il était difficile de ne pas remarquer qu'ils étaient proches, pour commencer ils passaient pas mal de temps ensemble –, mais l'espionne était parfaitement capable de leur assurer qu'ils étaient simplement comme père et fille.

Enfin si elle faisait office d'enfant vis à vis du général, ce n'était pas son seul rôle. Une femme doit savoir être polyvalente après tout, avoir de multiples talents et être efficace dans plusieurs domaines. Elliane était donc agente secrète pour le compte de son père adoptif et plus généralement de l'Akhtai, était capable de se défendre comme peu de gens, avait une bonne mémoire, mais excellait aussi dans la gestion, la comptabilité, le secrétariat et l'imitation de signature. Et évidemment, comme toute femme qui se respecte, elle savait faire plusieurs choses à la fois. On ne lui soupçonnait pas autant de capacités quand on la voyait, hein ? Bon, on la devinait au moins éduquée de manière à pouvoir participer avec aisance aux soirées mondaines avec son allure hautaine et fière, et d'ailleurs il lui arrivait régulièrement de participer à ce genre d'événement tellement longs qu'ils en devenaient parfaitement ennuyants, où il fallait sourire et rester avec ceux qui le voulaient pour faire bonne figure. C'est que Sieg était souvent convié et lui demandait souvent de l'accompagner. Mais ce n'était pas pour une fête organisée par quelque riche personnage de Heka que notre Winterheart s'habillait aujourd'hui - sinon elle ne se serait pas contentée d'un bustier et d'une jupe. Ce jour-là et avec un rapport frais de la veille au soir sous le bras, elle mit le cap vers le bureau du chef des armées à qui il lui fallait remettre ledit compte-rendu, sans oublier qu'ils avaient prévu de s'occuper un peu de la paperasse qui incombait au plus âgé des deux de par son poste. Je vous ai dit qu'elle pouvait assumer le rôle de secrétaire, non ? Eh bien le plus souvent, c'était son père adoptif qui en bénéficiait.

Il n'allait pas tarder à se lancer dans l'aventure quand Elliane avait toqué à sa porte et ils s'y attelèrent peu après. Et je parle bien d'aventure, parce que ça n'allait pas être de tout repos : étant très occupé Siegfried ne se penchait sur ses papiers qu'une fois de temps en temps, la plupart du temps il y consacrait une journée entière et demandait de l'aide à sa secrétaire – elle-même en l’occurrence donc. En même temps non seulement ce devait être monstrueux d'avoir à s'occuper de toutes ces piles de feuilles seul, mais en plus on devait vraiment se sentir... Ben, seul justement. C'était donc de bon cœur que la rouquine l'assistait – tout comme dans ses autres tâches généralesques d'ailleurs – et puis, ça leur permettait de passer un peu de temps « en famille ». J'utilise les guillemets car c'était tout de même une notion – et une sensation – assez étrange pour elle, même si ce n'était pas déplaisant.
Bref, notre duo s'était donc armé de patience et de courage pour affronter le désordre qui régnait dans la grande pièce bien meublée : ils parlaient certes, mais la plus grande partie de leur concentration allait à leur labeur. Comme toute subordonnée qui se respecte notre noble de sang écoutait chaque directive et les accomplissait le plus efficacement possible, une mine concentrée sur le visage.

Le temps défila sans qu'ils ne le regardent dans un chantier qui ne fut ralenti que quand Sieg lui demanda d'apporter une petite pile de dossiers. Elliane s'exécuta immédiatement en s'emparant vivement de la paperasse pour la déplacer d'un bon pas, et ne manqua pas de remarquer que quelque chose faisait sourire le général. Cela la surprit un instant, puis elle décida de le lui rendre avec une certaine timidité : sourire avec gentillesse ne pouvait pas être cité comme faisant partie de ses habitudes mais, tout comme son père adoptif était un homme dur devant ses soldats et les gens en général mais pouvait de lui adresser ce genre d'expression, notre brunette était capable de s'exprimer un peu mieux avec lui. Elle déposait son chargement sur le bureau, quand son vis à vis sortit une phrase qu'on aurait cru sortie de nul part et qui la fit tiquer. Ses mouvements se stoppèrent d'un coup, puis reprirent lentement sans qu'elle n'ose croiser le regard de Sieg du sien. Finalement la demoiselle s'éloigna pour s'occuper d'autres papiers, mais reprit la conversation avec une pointe d'ironie dans la voix.

-J'ai souvent l'impression de la voir quand je suis face à un miroir. Elle se mordilla la lèvre inférieure avant d'enchaîner rapidement mais avec une voix plus faible. Parfois, cela me fait peur. On se ressemble tant, est-ce que je finirai comme elle ? À ce moment, elle se décida enfin à se retourner vers Sieg en prenant une grande inspiration, pour continuer sur un ton plus neutre et légèrement curieux. Dis... En quoi d'autre est-ce que je lui ressemble ?

C'est une question qu'elle avait souvent songé à poser, sans pour autant oser franchir le pas. Pourquoi ? Parce qu'Elliane savait bien sans qu'on lui dise qu'elle ressemblait énormément à Freya, aussi bien physiquement que caractériellement. Et que, comme elle venait de le dire, quelque part c'était effrayant. Mais maintenant que l'interrogation avait fusé, elle fixait son père adoptif avec de grands yeux qui n'attendaient que la réponse.
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Akhtai | Général en chef des armées
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MessageSujet: Re: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeLun 25 Nov - 15:13

Siegfried Zanshin Oda, général en chef des armées de Heka, que pouvait bien évoquer quand on l’entend comme ça ? C’est très simple, j’ai déjà posé la question à plusieurs personnes et il en ressort ça : Combat, tacticien, brillant, charismatique, brutal, violent, et j’en passe. Tant de termes plus ou moins vrais, mais il y en a que l’on ne m’a jamais trouvé : Délicat, faisant preuve de tact, doux… Non, les adjectifs positifs en dehors de ceux dédiés à ma profession sont plutôt rares, et vu ce que je venais de faire, je me dis que ce n’est peut-être, puisque de parler de Freya à Elliane n’était clairement pas ce que je pouvais faire de plus délicat. De plus, j’oublie qu’elle a assisté au suicide de sa mère, qu’elle a d’ailleurs faillis y passer elle-même, alors lui rappeler ces souvenirs comme ça, c’était vraiment… brutal de ma part…

-Excuses-moi.

Rien de plus, bien que je regrettais mes paroles, je ne suis pas non plus du genre à trop culpabiliser, j’ai même une sorte de voix qui me murmure au fond de moi des phrases censées atténuer ma culpabilité, comme « De toutes façons elle ne peut pas fuir la réalité, et toi non plus, aujourd’hui vous devez pouvoir en parler sans problèmes, cela vous aidera à avancer encore plus. ». Une voix sinistre je trouve, mais qui avait rarement tort, le genre de voix qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Nous continuâmes à travailler sans bruit, chacun évitant le regard de l’autre durant quelques instants, jusqu’à ce que ce soit elle qui rompit le silence.

-J'ai souvent l'impression de la voir quand je suis face à un miroir.

Le ton se voulait un peu sarcastique, peut-être essayait-elle de détendre l’atmosphère, brave Elliane, tu es vraiment une fille bien, qui mérites mieux que ta vie actuelle. Elle avait autre chose à dire, alors je la laissais finir.

- Parfois, cela me fait peur. On se ressemble tant, est-ce que je finirai comme elle ? Dis... En quoi d'autre est-ce que je lui ressemble ?

Pour sa dernière phrase elle se retourna vers moi, et je cru lire une certaine détresse dans son regard, souvenirs douloureux ou inquiétude ? Je l’ignore, mais je devais endosser mon rôle de père un instant. Alors je posais mes papiers et m’approchais d’elle. Elle me fixait toujours intensément, par les dieux, ces yeux… Freya…
Alors je passai une main dans ses cheveux courts, ils étaient beaux, en espérant l’apaiser un peu. Finir comme Freya ? Non mais jamais enfin, ce qu’il manquait à Freya, c’est quelqu’un qui aurait pu la défendre, Elliane m’a non seulement pour ça, mais en plus je la forme, elle sait se battre s’il le faut, tout comme elle sait tuer… s’il le faut… Prenant délicatement sa tête de ma main sur le côté, je la forçai néanmoins à me regarder fixement, tout comme elle le faisait jusqu’à maintenant, mais je voulais surtout l’empêcher de détourner les yeux. Je pris alors la parole à mon tour.

-Écoute-moi bien Elliane, tu ne finiras JAMAIS comme Freya ! Je ne laisserai jamais personne te faire du mal, et je compte sur toi pour en faire autant avec toi-même, ne laisse jamais personne te blesser sous prétexte de l’amour ou je ne sais quoi. Tu es forte et intelligente, alors ne fait pas de ta ressemblance avec ta mère une source d’inquiétude, mais une fierté, car c’était une femme merveilleuse, et tu peux être heureuse d’avoir son sang qui coule dans tes veines.

Je l’embrassai sur le front pour ponctuer cet échange avant de la lâcher. J’avais parlé sans fermeté ou agressivité, d’un ton neutre dénué d’émotion, comme à mon habitude en fait. De parle de ça m’avait rappelé ce qui est arrivé à la femme que j’aimais, rabaissée, violée… Même Elliane n’est pas issue d’une relation officielle, une bâtarde comme diraient certains, auxquels je déconseille de prononcer ce mot devant moi pour parler de ma fille, car c’est ainsi que je la vois, mon enfant, et même si elle n’a aucune goutte de mon sang dans ses veines, je la considérerai toujours comme la fille que j’aurais dû avoir avec Freya… Violée… Si quelqu’un fait ça à Elliane un jour, il subira ma colère et souffrira, je le jure.

Je m’étais détournée d’Elliane quelques secondes, le temps de ne plus être collé à elle. Je n’avais pas oublié sa deuxième question, et je compte bien y répondre.

-En quoi d’autre est-ce que tu ressembles à Freya ? – J’eus un léger rire – Des fois je me demande si tu n’es pas Freya. Elle était plus âgée que tu ne l’es maintenant lorsque nous nous sommes rencontrés, mais cela importe peu, des fois j’ai l’impression d’être de nouveau à cette soirée mondaine, et de la rencontrer de nouveau en te voyant, tu ne ressembles pas à Freya en fait, tu ES Freya, dans ta façon de penser, d’être, de vivre. Physiquement, tu as hérité de beaucoup de ses traits, mais ça tu le sais déjà. En revanche, tu es plus forte qu’elle mentalement et peut être physiquement, alors qu’elle était légèrement plus féminine, enfin, j’imagine que de vivre à mes côtés y a aussi contribuer, je suis loin de l’image du père adoptif doux et affectueux, j’en suis conscient.

Conscient peut être, il est néanmoins assez rare que je fasse preuve d’autant de douceur que maintenant, mais comme je l’ai toujours dis, avec ma fille, je m’ouvre, et je deviens peut être un peu plus « normal ». Je le fais aussi avec mes hommes, mais d’une autre façon, mais ça, peu le comprennent, pourtant, une tape sur l’épaule, un encouragement ou un compliment venant du général en chef des armées fait plaisir à n’importe quel soldat, charismatique nous avions dis.

Ne sachant quoi dire de plus, je repris mon dossier, attendant une réponse de ma fille… adoptive.
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MessageSujet: Re: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeLun 2 Déc - 11:21

" The bond that links your true family is not one of blood,
but of respect and joy in each other's life. "

- Richard Bach



Freya avait été une mère aimante et forte. Pas assez pour supporter les tourments que lui avaient infligés les gens du voisinage, mais bien suffisamment pour élever sa fille seule en veillant à ce qu'elle ne manque de rien. Elliane l'avait beaucoup aimé et avait adoré les moments de complicité qu'elles avaient partagé, notamment quand la noble déchue faisait essayer de belles robes à sa fille et lui faisait une coiffure en ne cessant de répéter à quel point elle était mignonne ni de lui rappeler qu'elle l'aimait. Car malgré toutes les difficultés qu'elle avait dû endurer, que ce soit par la faute de ce pervers qui l'avait ruinée ou même par celle de la petite dont elle devait s'occuper, Freya avait été extrêmement courageuse et avait largement prouvé qu'elle était une femme formidable en l'aimant assez pour combler le manque de personnage paternel dans la vie de sa fille.
Effectivement, quand elle était petite, l'auburn ne pensait même pas à jalouser les autres enfants. À quoi bon avoir un père ? Sa maman lui suffisait amplement. Elle n'en était pas encore arrivée à penser que les hommes n'étaient que des êtres perfides dont il fallait se méfier, mais elle ne voyait pas en quoi c'était nécessaire d'en avoir un dans la famille. Les bambins de son âge essayaient souvent de la charrier en se moquant de celle qui n'avait pas de papa – que les enfants sont cruels –, mais cela l'avait juste poussée à ne pas fréquenter cette bande d'idiots, rien de plus. Non leurs paroles ne l'atteignaient pas et oui elle était déjà mauvaise langue à l'époque, surtout envers ceux dont la cervelle semblait inexistante, mieux vaut être seul que mal accompagné qu'on dit. Au moins la petite avait déjà son caractère et des opinions bien arrêtées.

Cependant, son petit monde s'était effondré le jour où Freya avait sous le coup du désespoir prononcé des mots que la fille aurait préféré ne jamais entendre, puis avait tenté de l'entraîner avec elle dans la mort. Sa propre mère l'avait profondément blessée, en essayant de la tuer pour finalement partir en la laissant au beau milieu de ce monde cruel alors qu'elle n'avait que huit ans certes, mais surtout en la rejetant. Et même si c'était l'émotion qui l'avait faite parler, le fait est que même quand on sait que la parole peut dépasser notre pensée, on ne peut s'empêcher d'être hantés par elles. Elles résonnent comme un mauvais sort, nous font voir les choses sous un angle plus sombre qu'on aurait préféré ignorer. De ce fait, l'amour que lui portait Elliane s'en était retrouvé entaché : elle l'aimait toujours évidemment, c'était sa brave maman qui avait sacrifié beaucoup pour l'élever correctement, dont la vie s'était retrouvée brisée, à qui ont avait impitoyablement arraché tous ses rêves lorsque son corps l'avait conçue suite à son viol mais qui, malgré tout, lui avait donné tant d'affection... Mais quelque part elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir, de percevoir son acte comme un abandon. Tous les merveilleux souvenirs qui lui restaient de leur bulle de tranquillité d'antan lui permettaient de ne pas rejeter ce lien sanguin et spirituel et empêchaient cet attachement qu'entretenait la Winterheart à son égard de s'étioler, cependant cela n'avait pas pu empêcher d'autres sentiments de s'installer en elle.

Certainement que les choses auraient été encore pire si on n'était pas venu la sauver et que, par miracle, Elliane avait survécu. En tant qu'orpheline qui ne savait pas grand chose de sa famille à part qu'il valait mieux ne pas les approcher et dont feu la mère n'avait pas d'ami, elle se serait littéralement retrouvée seule et sans repère. Que serait-il advenu de sa fragile personne alors, au milieu des quartiers pauvres de la ville ? L'aurait-on épargnée, aurait-elle eu la chance de voir une main se tendre pour l'aider ? L'espionne pensait que non, que ses jours auraient pris fin prématurément dans l'atmosphère hostile des quartiers défavorisés – autant être réaliste, ses chances de survie auraient été minces.
Heureusement, Siegfried était arrivé à temps pour la sortir des flammes. Coïncidence ou plan du destin ? Bah, elle s'en fichait bien, que ce soit l'un ou l'autre les faits étaient là.
Ils ne se sont pas beaucoup parlés avant qu'il ne la confie à l'orphelinat mais, les années aidant, la jeune femme avait compris qu'elle avait une dette envers lui. Une grande. Elle lui était reconnaissante de l'avoir sauvée, même si au final ce n'était pas une vie tranquille qui l'avait attendue de pied ferme derrière.
Puis ils s'étaient revus, ce soir où un homme l'avait accostée. Et depuis, ils passaient beaucoup de temps ensemble, Siegfried la faisant travailler pour lui. Mais pourquoi se montrait-il si généreux envers une pauvre gosse qui n'était pas de lui ? La noble de sang avait eu beaucoup de mal avec cette aide, surtout qu'il ne lui demandait jamais rien en retour.

Au final elle avait fini par réaliser de manière assez instinctive que c'était ainsi que se comportaient les pères et, depuis, le considérait comme tel. Ils n'avaient rien en commun génétiquement, ce n'était pas le sang qui les reliait mais l'affection qu'ils se portaient et le fait que chacun se préoccupait pour l'autre. Oui, même si le géniteur biologique d'Elliane débarquait soudainement, elle n'hésiterait pas une seconde à dire que Sieg était son père. D'ailleurs, leur relation lui rappelait beaucoup celle qu'elle avait avec sa maman sans être exactement la même : si Freya était encore vivante, elles feraient des virées shopping, mangeraient des gâteaux et se confiraient tous leurs secrets tandis qu'avec Siegfried, il y avait quand même une certaine complicité mais elle irait plus le voir pour tout ce qui concerne l'auto-défense, comment se faire respecter et si jamais on lui voulait du mal. Pourquoi ? Tout simplement parce que la demoiselle avait découvert qu'une figure paternelle offrait un grand sentiment de sécurité, que c'était comme une force sur laquelle on comptait toujours pour nous sortir des situations dangereuses ou pour nous aider quand on nous avait fait du mal et qu'on s'imaginait invincible. C'était idiot, hein ? L'espace de quelques semaines après avoir « adopté » le général en tant que père, elle était retombée dans cette enfance naïve pendant laquelle on idéalise nos parents pour finalement grandir et en ressortir rapidement, tout un processus qui s'était passé en accéléré et en zappant l'étape rebelle de l'adolescence. Et désormais, elle considérait avoir perdu sa mère mais trouvé son père.

C'était avec ce même papa Siegfried qu'Elliane était complètement plongée dans la paperasse actuellement. Enfin ils l'étaient, jusqu'à ce qu'il ne parle de Freya. Ce nom était difficile à entendre et à prononcer pour eux deux car associé à des souvenirs douloureux, c'est bien pour cela qu'elle n'avait pas regardé le général dans les yeux. Ce dernier savait qu'il avait touché une corde sensible, sinon il n'aurait pas demandé pardon – même si ses excuses sonnaient neutres. C'était bien lui de toutes façons : certainement qu'il voulait réellement s'excuser, mais qu'en même temps il se disait qu'il fallait bien ne pas fuir la réalité parfois et puis, pour lui ce qui était fait était fait, ce n'était pas la peine de se morfondre dès qu'on commettait une imprudence. Toujours aussi sévère et fort, ce n'était pas demain la veille qu'il allait changer... Mais cela faisait aussi partie de l'image paternelle qu'elle avait de lui : un sentiment de constance, non seulement il était aussi solide qu'on roc mais en plus il ne s'altérait pas facilement.
L'agent double secoua faiblement la tête et étira légèrement les lèvres en y mettant tout aussi peu d'énergie avant de s'éloigner. Et puis, les secondes s'écoulant avec une lenteur qui les transformait toutes en supplice dans ce silence pesant, la situation devint de plus en plus tendue. Autant avouer qu'elle ne savait plus trop où se mettre, mais finit par reprendre la parole au bout de deux minutes qui lui parurent être une heure en partant sur une pointe d'ironie. Son vis à vis la laissa parler jusqu'à ce que la brunette ait fini.

Il n'y avait vraiment que devant lui qu'Elliane pouvait exposer ses faiblesses facilement. Personne d'autre n'avait encore eu sa confiance à ce point, jamais elle n'avait permis à quiconque de l'approcher autant.
Elle lui parla de ses terreurs, celles dont même lui n'avait entendu parler jusque là. Celles que lui inspiraient sa ressemblance à sa mère. Elles étaient similaires jusqu'aux expériences traversées : la trahison d'une amie, le viol ou une tentative – la seule différence entre elles sur ce point étant que la fille avait un pouvoir bien plus offensif que sa mère. Mais dans ce cas, est-ce qu'elle aussi finirait par abandonner sa vie par désespoir ? À ces grandes peurs Siegfried réagit rapidement en s'approchant pour porter une main à son visage, la forçant ainsi à le regarder, avant de lui assurer que son destin ne serait pas le même que sa génitrice, qu'il était là pour la protéger et qu'elle ne devait pas ressentir de crainte à l'idée d'avoir le même sang que Freya, qui était une grande femme. Ce geste banal, ces paroles pleines d'assurance, ces lèvres déposées sur son front après l'exposé en signe de protection, le tout menaça de la faire craquer : notre Winterheart voulait toujours se montrer sans faille par crainte du monde, alors sentir son père la rassurer, garantir sa sécurité et la réconforter représentait beaucoup pour elle. C'est drôle comme on peut tout faire pour toujours se montrer forte et, qu'au final, le moindre signe de chaleur humaine peut faire fondre la plus solide des carapaces.

Sentant qu'un voile liquide commençait à gêner sa vision Elliane se frotta vivement les yeux de l'avant-bras pour s'en débarrasser avant d'opiner du chef, la gorge nouée et en retenant ses tremblements. Même s'il n'avait rien laissé transparaître dans son ton, elle savait que cela était une habitude chez lui et qu'il n'en pensait ni ressentait pas moins. Elle s'était habituée à ce que sa voix était monocorde et avait appris à regarder au-delà de ça pour distinguer sa franchise ainsi que la douceur et la gentillesse dont il était capable, donc pouvait sentir que l'homme cherchait vraiment à l'aider et pensait à son bien-être.
Après une inspiration tremblante, la secrétaire du jour répondit d'une voix légèrement tremblante.

-Tu as raison... Désolée.

C'était étrange de ressentir le besoin de s'excuser à un moment pareil. On aurait dit une enfant qui a fait une bêtise et qui est désormais toute penaude et timide devant ses parents.
Pendant un instant, celui qu'il avait fallu à Siegfried pour retourner à son bureau, elle se souvint qu'il n'était pas au courant des circonstances dans lesquelles la demoiselle avait trouvé son totem – de cette tentative de viol par un proxénète  -, puis se dit que c'était mieux ainsi. Ce serait un secret dont il ne saurait jamais rien. Cela pensé, son père adoptif reprit la parole pour répondre à sa seconde question. Certaines de ses paroles l'effrayèrent de par la ferveur dont il fit preuve notamment quand il dit en ponctuant bien le verbe qu'elle était Freya, mais elles prouvaient qu'il avait aimé et aimait encore profondément celle qui aurait dû partager sa vie et que personne ne pouvait le blâmer de la voir quand il posait les yeux sur la copie presque conforme qu'était sa fille. D'autres montraient qu'il y avait tout de même des différences entre elles notamment de force. Enfin, les dernières montrèrent que le grand général Oda se sous-estimait en tant que père. Celles-ci consternèrent Elliane, qui décida de suivre l'exemple en se remettant elle aussi au travail – la paperasse n'allait pas se ranger toute seule – mais était bien décidée à continuer la conversation.

-Non, tu n'es pas le plus doux des pères. Elle lui adressa alors un timide sourire taquin avant de refaire face aux dossiers. En revanche tu es affectueux, simplement tu as ta propre manière de le montrer. Je... Suis contente d'être ta fille adoptive, Sieg. Tu m'as beaucoup appris ces dernières années, tu m'as prise en charge alors que j'errais dans les rues, tu m'as même sauvé la vie. Si je suis forte aujourd'hui, tu n'y es pas pour rien. Tu ne peux pas savoir à quel point je te suis reconnaissante pour tout ce que tu as fait, je ne sais même pas comment te rendre la pareille...

Elle secoua alors la tête en repensant à ce qu'elle lui devait : la vie, tout simplement. Rien que ça. Mais en même temps, n'était-ce pas ce que chaque enfant recevait de ses parents ?
Mais la jeune femme n'ayant pas fini de parler, elle se tourna vers son interlocuteur et enchaîna immédiatement en parlant plus lentement, avec moins de ferveur, moins d'enthousiasme. Sans pitié, solennellement et sobrement.

-Mais... Sieg, je ne suis pas Freya. Je suis Elliane. Ni tout à fait celle que tu aimes car nous sommes deux personnes différentes ni tout à fait une autre de par nos ressemblances frappantes, j'ai simplement hérité de son sang. Rien de plus. Je ne suis pas une réincarnation – ou du moins je l'espère, car je tiens à mon identité propre. Nous nous ressemblons beaucoup je le sais, c'est cela qui me fait peur, mais je ne serais jamais elle... Tout comme je ne pourrais jamais la remplacer.

Du début jusqu'à la fin, l'espionne ne l'avait pas quitté du regard. Elle ne savait pas quelles répercussions ses paroles auraient. En fait pour faire simple elle ne savait rien du tout, pas même ce qu'il espérait en superposant l'image de son amante décédée sur sa progéniture. Tout ce qu'elle avait à l'esprit, c'était qu'elle ne voulait pas le laisser l'assimiler autant à sa mère. Et puis, s'attacher à un fantôme qu'il pensait voir à travers Elliane n'était pas bon pour lui.
Par la suite, elle changea d'étagère pour s'occuper d'autres liasses et éleva de nouveau la voix.

-Moi aussi, je suis désolée. Tu as perdu la femme de ta vie d'une manière horrible... Elle eut alors de nouveau recours au cynisme. Avoir cette conversation n'est vraiment pas la meilleure idée que nous puissions avoir, tu ne penses pas ? À croire qu'on cherche à se faire du mal. Mais ce n'est peut-être pas plus mal, de parler de maman. D'ailleurs, je crois bien que je ne t'ai jamais demandé de me parler de vous.

C'était bel et bien une invitation subtile à parler des jours qu'ils avaient partagés et de la relation qu'ils avaient entretenue. Puisqu'ils y étaient, autant parler de ce qui avait un rapport avec Freya longuement.

[HRp : VRAIMENT DESOLEE POUR L'ATTENTE ENCORE UNE FOIS ;_;  Et... Au final, ce post est encore plus long que ce que j'avais pensé faire XD -vlan- J'espère qu'il t'ira ♥]
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Akhtai | Général en chef des armées
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MessageSujet: Re: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeDim 19 Jan - 16:23

 Bon, j’étais maintenant certain que je ne finirais pas de ranger mes papiers aujourd’hui, mais cela n’avait pas d’importance, nous venions de franchir un cap, et maintenant nous de devons pas rebrousser chemin. Nous avons commencé à parler de Freya, alors il est temps que nous nous disions tout ce que nous avions à nous dire sur elle et nos vies passées quand elle était encore de notre monde. J’avais conscience d’avoir un peu monté le ton sans m’en rendre compte, mais il en était ainsi, chaque fois que je repensais à celle que j’aimais, la douleur ressurgissait en moi. Peu de choses peuvent me faire souffrir aujourd’hui, car il faut savoir que lorsqu’une personne perd l’être qu’il aimait ou son enfant, il ne peut rien lui arriver de pire, et alors il devient une machine dénué de sentiments aux yeux de tous, mais ce n’est pas totalement la vérité, il a juste bridé ses émotions afin de ne plus souffrir, et que de toutes façons rien ne peut l’atteindre car il aura connu l’enfer, mais il suffit toujours d’évoquer un certain sujet en particulier pour que toute la barrière s’effondre, et que resurgissent les fantômes du passé, que la personne voudra alors masquer. Pour ma part, je le masque avec mon caractère rude et franc, mais mes émotions me donnent plus envie de prendre Elliane dans mes bras en ce moment, mais je sais que je craquerai alors, et il n’en est pas question, plus jamais…

-Tu as raison... Désolée. Non, tu n'es pas le plus doux des pères. En revanche tu es affectueux, simplement tu as ta propre manière de le montrer. Je... Suis contente d'être ta fille adoptive, Sieg. Tu m'as beaucoup appris ces dernières années, tu m'as prise en charge alors que j'errais dans les rues, tu m'as même sauvé la vie. Si je suis forte aujourd'hui, tu n'y es pas pour rien. Tu ne peux pas savoir à quel point je te suis reconnaissante pour tout ce que tu as fait, je ne sais même pas comment te rendre la pareille... Mais... Sieg, je ne suis pas Freya. Je suis Elliane. Ni tout à fait celle que tu aimes car nous sommes deux personnes différentes ni tout à fait une autre de par nos ressemblances frappantes, j'ai simplement hérité de son sang. Rien de plus. Je ne suis pas une réincarnation – ou du moins je l'espère, car je tiens à mon identité propre. Nous nous ressemblons beaucoup je le sais, c'est cela qui me fait peur, mais je ne serais jamais elle... Tout comme je ne pourrais jamais la remplacer. Moi aussi, je suis désolée. Tu as perdu la femme de ta vie d'une manière horrible...  Avoir cette conversation n'est vraiment pas la meilleure idée que nous puissions avoir, tu ne penses pas ? À croire qu'on cherche à se faire du mal. Mais ce n'est peut-être pas plus mal, de parler de maman. D'ailleurs, je crois bien que je ne t'ai jamais demandé de me parler de vous.

 Tout en prononçant cette tirade, elle s’occupait au rangement, mais ne m’avais pas quitté des yeux sur la fin. Pour ma part, je grognai intérieurement, elle venait de s’excuser… Pourtant je ne me suis pas fâché ou vexé, elle n’a aucune raison de le faire… Peut-être tout simplement qu’elle s’excusait d’aborder ce sujet plus qu’autre chose, mais dans ce cas les rôles devraient être inversés, car avant que Freya ne décide de s’en aller, je m’étais exilé d’elle depuis plusieurs années, et aujourd’hui je le regrette encore… Si je n’avais pas fait passer mon entraînement avant mon amour, si je ne l’avais pas fui, peut être que… Non, c’est trop dur de ce dire que cela ne tenait qu’à ça, mais je ne pouvais le nier, c’était la vérité, si j’avais été là, Freya ne serait pas morte, mais le fait qu’elle était la mère de l’engeance d’un viol alors que je ne l’avais jamais touché m’avait tellement fait souffrir, plus que toutes les blessures que j’ai subi sur les champs de bataille, mais il m’aurait juste suffit de l’aimer comme je l’aimais avant de partir en guerre, et d’aimer sa fille comme si elle était la mienne, puis j’en aurais surement eus une aussi avec elle, ou un garçon, ou même les deux, si seulement j’avais été là ! D’un geste j’envoyai voler tous les documents sur mon bureau dans les airs en poussant un cri de rage, elle était morte par ma faute, je le savais ! J’ai dit que je ne craquerais pas devant ma fille, mais je savais déjà que c’était peine perdue, je sentais des larmes qui commençaient à arriver, puis à quoi bon chercher à les retenir, elles finiraient bien par couler dans peu de temps…

- Tu n’as pas à t’excuser Elliane, si il y a une personne qui doive présenter des excuses ici, c’est moi, car c’est à cause de moi que Freya est morte, j’ai assassiné ta mère. –Je baissais les yeux – Tu aimerais savoir comment nous vivions, alors je vais te raconter toute l’histoire. Quand je l’ai rencontré, j’avais vingt ans, et nous nous sommes très vite rapprochés, et aimés. A ce moment-là, nous voulions déjà faire notre vie ensemble, mais nous n’étions pas prêts à aller plus loin, je ne l’ai jamais touché. Puis a vingt-quatre ans, la guerre m’appela, et je dû quitter ta mère. De retour, elle s’était déjà fait violer, et cette nouvelle m’a anéanti, et encore aujourd’hui, j’aspire à trouver le coupable et à lui faire payer, oh oui, j’en rêve même la nuit… En ayant appris ça, je n’en aimais pas moins ta mère, mais je n’arrivais plus à la regarder, lui parler ou l’embrasser sans penser au mal qui lui avait été fait, et je décidai de m’en aller pour un temps… Je suis venu te voir à ta naissance, c’est la dernière fois que je lui ai parlé, je suis ensuite parti sans même me retourner, sans réagir à ses pleurs et supplications, c’est à ce moment que j’ai dû devenir aussi fermé que maintenant je pense… Durant huit années je me suis alors consacré à mon entrainement afin de tenter d’oublier ma peine, mais en vain, de temps en temps, je revenais vous observer, sans oser me manifester, rageant à chaque fois de vous voir dans une situation aussi précaire, mais au moins, tu avais l’air d’être heureuse. A ce moment, je savais qu’il me suffisait de faire un pas, et tout ce qui se serait alors passé n’aurait été plus qu’une parenthèse, même toi, tu aurais été ma fille, et nous aurions été heureux tous les trois, mais non, rongé par la honte et la douleur, je n’ai pas eus le courage de faire ce pas. Puis un soir, elle se donna la mort, mais la suite tu la connais autant que moi. Si j’avais fait ce pas, Freya serait en vie, mais je ne l’ai pas fait, je n’ai pas su la protéger, et elle en est morte, je ne suis pas responsable de sa mort, mais je suis responsable du fait qu’elle n’ait jamais remonté la pente… Pour ça, je te demande d’accepter mes excuses, mais je sais qu’elles sont dérisoires par rapport à la présence de ta mère, mise à part toi, personne ne le sait autant que moi…

Un silence s’en suivit, mais je ne laissai pas Elliane prendre la parole, je n’avais pas encore terminé.

-Sinon je me suis mal exprimé, je ne vois pas en toi la femme que j’ai perdu, je vois en toi la fille que j’aurais dû avoir avec cette femme. Dans les deux cas cela se rapporte à elle, et tu n’as pas à être reconnaissante envers moi pour ce que j’ai fait pour toi, tu es comme ma fille, c’est normal, et je l’ai fait aussi pour elle, pour Freya, pour m’excuser, et lui prouver mon amour, et que même si ma peine est immense, je continuerais à vivre en prenant soin de toi, que son héritage perdure, qu’elle n’ait pas souffert pour rien… Je te l’ai jamais dit, mais le soir de l’incendie, je suis presque certain qu’elle m’a remercié lorsque je t’ai pris avec moi, alors aujourd’hui encore, je ne regrette pas ce choix, même si je pense constamment à elle du coup.

C’est fait, j’ai dit ce que j’avais à dire, la vérité, à voir maintenant comment elle le prendrait, et si elle me pardonnerait… En parlant, mes larmes s’étaient finalement misent à couler, mais j’avais très bien vu qu’elle retenait les siennes, chose que je ne me donne pas la peine de faire. Un léger sourire nerveux apparu sur mon visage.

-Elliane, parle-moi aussi de la vie que vous aviez ensemble.

Pour cette dernière phrase, je me suis forcé à utiliser un ton doux et chaleureux, chose que je n’avais pas faite depuis bien des années, depuis… ce fameux incendie…  Cela me fit une sensation étrange, mais cela surement plus surprenant encore pour Elliane…
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MessageSujet: Re: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeMar 28 Jan - 18:01

"What if I told you that I'm not as strong
as I like to make believe I am"

-Jason Walker, What if I told you



Ils se connaissaient depuis un moment, désormais. Cela faisait quelques années qu'ils travaillaient ensemble et étaient comme père et fille. Alors pourquoi n'avaient-ils jamais abordé un sujet aussi important ? Pourquoi n'avaient-ils jamais pris le temps de se plonger dans des réminiscences, de mettre leurs souvenirs en commun ? C'était comme si, jusqu'ici, ce sujet avait été un tabou tacite. Il faut dire que, bien souvent, si on ne parle pas c'est plus par peur que nos blessures ne nous fassent souffrir que par manque d'envie ou même par honte. Or, l'Homme est ainsi fait : ses plaies les plus profondes doivent restées cachées, enfouies sous des apparences, personne ne doit les voir et encore moins les toucher. On aura beau se sentir mal à l'aise, être torturés par ces fantômes d'un passé douloureux, c'était toujours mieux que de les exposer. Un animal sauvage se cachera toujours pour lécher ses blessures, par peur qu'on ne s'en serve contre lui.
Seulement, leur cas était un peu particulier. Ils n'étaient pas deux inconnus ni même deux amis, mais les membres d'une unique famille et, par conséquent, leurs expériences n'étaient pas sans rapport l'une avec l'autre. Leur solitude, leur froideur, leur vision dure de la vie, ce n'étaient pas pour rien qu'ils étaient aussi similaires : à la base de leurs principaux traits de caractère se trouvait la même personne, la même perte, la même lésion. Au final, cela les rapprochait bien plus que s'ils avaient partagé nombre de fous rires gais et insouciants ensemble car chacun pouvait s’identifier chez l'autre facilement, tellement les schémas qu'on retrouvait chez eux étaient similaires. Jamais personne ne pourrait les comprendre aussi bien qu'ils en étaient capable, car nul ne reflétait ni ne représentait aussi bien le côté le plus vulnérable de l'un que l'autre. Ils n'avaient même pas besoin de parler, car aucun n'ignorait ce qu'avait représenté Freya aux yeux de son parent adoptif.  

Mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'ils n'en parleraient jamais, au contraire. En revanche, ils n'auraient probablement pas pu aborder ce sujet avec qui que ce soit d'autre, ou en tout cas pas avant d'en avoir parlé entre eux. Tout ce qu'ils attendaient, au final, c'était le moment opportun. Une occasion de se mettre sur les rails. Et ce jour-là, les conditions étaient réunies : ils étaient seuls, ils se portaient assez bien et, surtout, ils ne s'y attendaient pas. Vous devez vous dire que cette dernière condition était complètement absurde, mais que se serait-il passé s'ils avaient pu prévoir ce qui allait arriver ? Si Elliane avait su ce qui l'attendait, elle se serait sans aucun doute recouchée ce matin. En général, on a pas spécialement envie d'être confronté à ce genre de discussion, elles peuvent vite nous devenir pénibles et fatigantes mentalement parlant. Et puis, qui aurait envie d'exposer son petit cœur malmené ? Certainement pas elle en tout cas, elle se sentait brûler de honte rien qu'à cette idée, une honte dont le véritable nom était peur.
Oui, c'était un sujet qui l'effrayait. La jeune femme aimait duper aussi bien les autres qu'elle-même en donnant l'illusion qu'elle était forte aussi bien physiquement que psychologiquement, mais au fond elle savait parfaitement que toutes les fissures qu'on pourrait voir sur son âme si celle-ci était visible la rendaient extrêmement fragile. Seulement elle refusait ce fait, se refusant par là même toute faiblesse – quitte à s'interdire toute sentimentalité ou à tenir les autres à l'écart, si c'était le prix à payer pour se préserver alors elle était prête à assumer son choix. Alors non, elle ne voulait pas prendre le risque de craquer en parlant de ces fêlures, celles qu'elle avait dû recouvrir d'une maigre épaisseur de froideur puisque le temps ne semblait pas vouloir accomplir dessus l’œuvre bienfaitrice qu'on lui attribuait.

Pourtant, l'heure était bel et bien venue. Une légère impulsion avait suffi pour les lancer doucement puis, petit à petit, le ton avait grimpé en même temps qu'ils allaient plus loin dans leurs souvenirs, qu'ils évoquaient des sentiments plus intimes. Mais plus on approchait de ces points sensibles qu'on avait enfoui, plus la corde était sensible. Une bonne preuve de cela est la manière dont Siegfried, lui qui pourtant d'habitude était si calme voir impassible, envoya voltiger d'un geste rageur tout ce qui se trouvait sur son bureau après le long monologue d'Elliane – qui, ne s'y attendant pas du tout, ne put s'empêcher de sursauter. Son père adoptif était un homme imposant, alors le voir piquer une colère aussi soudainement était quelque peu effrayant même lorsqu'on savait qu'on ne risquait rien, ou en tout cas pas directement, après on n'est jamais à l'abri d'un accident, bien que la probabilité qu'elle se prenne l'une des feuilles qui tanguait lentement jusqu'au sol soit faible, sans parler de celle que sa vie se retrouve en danger. Mais je m'égare.
Quoi qu'il en soit, elle ne s'attendait pas à une réaction aussi violente. Elle ne savait pas ce qu'elle avait bien pu dire pour provoquer cela, peut-être que c'était une accumulation de parole et de pensées, mais c'était clair qu'il était touché. Quand l'auburn quitta des yeux le bazar nouvellement installé au sol pour les reporter sur l'homme alors qu'il reprenait la parole, elle eut un pincement au cœur : le voir ainsi était un drôle de choc. Elle l'avait toujours considéré comme un modèle de force tout en étant consciente qu'il n'était qu'un humain et que son passé n'avait pas été des plus joyeux, mais voilà qu'elle se retrouvait face à un autre Sieg, celui qui se torturait en repensant aux erreurs qu'il avait selon lui commises.  

Des erreurs qu'il lui expliqua dans une longue tirade, tandis qu'elle se contentait d'écouter attentivement. C'était la première fois qu'elle entendait l'histoire qu'avaient vécus Siegfried et Freya, puisque cette dernière n'aimait pas trop en parler et qu'elle n'avait encore jamais demandé de détail à son père adoptif.
Il lui conta un récit plein de tristesse, de colère et de regrets. En dix minutes, le monde d'Elliane se transforma pour intégrer de nouveaux éléments. Toutes les possibilités qu'évoqua Sieg firent travailler son imagination. Comment alors ne pas comprendre qu'il était rongé par les remords ? Parce que c'était impossible à nier : s'il avait fait ce fameux pas, environ vingt ans auparavant, rien n'aurait été pareil. Ni pour lui, ni pour elle, ni même pour Freya. De là à savoir si elle serait en vie aujourd'hui, il y avait une grande différence, après tout la vie est pleine d'imprévus. Mais en tout cas, sa mère aurait vécu plus longtemps, tout simplement parce qu'elle aurait pu guérir de ses blessures grâce à l'amour. Or, avec tout ce qu'elle avait pu entendre jusqu'ici, que ce soit de sa génitrice ou du général, il n'y avait aucun doute à avoir sur l'intensité des sentiments que les deux avaient éprouvés l'un envers l'autre.
Tout devenait plus ironique, quand on savait que c'était justement pour cette raison que le tourment du blond était aussi grand aujourd'hui. Mais peu importe le trait d'humour qu'on pouvait trouver là-dedans notre Winterheart était bien décidée à ne pas rire, ce serait cruel envers lui tout en voyant bien à quel point il souffrait. En revanche, elle ne put s'empêcher de se plonger dans un état de réflexion – un état second – au fur et à mesure que les mots lui parvenaient.

Elle était hagarde. Une partie d'Elliane lui criait de confirmer à Siegfried qu'il avait effectivement commis toutes les fautes dont il s'accusait, tandis que l'autre voulait le réconforter. Et, enfin, au milieu des deux se trouvait une part qui était mal à l'aise, ne savait pas comment réagir, était désolée pour lui. Avec tout cela, pas étonnant qu'elle n'ait pas réagi immédiatement quand il marqua une pause prolongée. Mais le temps que l'information monte au cerveau, Sieg avait déjà repris la parole sur un ton plus léger – enfin sans doute – pour éclaircir un malentendu concernant la vision qu'il avait d'elle, avant de lui avouer qu'il avait cru entendre Freya le remercier quand il l'avait sauvée...
Là, sans prévenir, la goutte de trop tomba. Depuis quelques minutes, l'espionne était tellement partagée entre différentes émotions qu'elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle atteignait ses limites. Soudain, sa mâchoire eut un soubresaut et ses yeux la piquèrent tellement qu'elle eut l'impression qu'on les lui brûlait à feu doux, une sécheresse présage de larmes contre laquelle ses vifs battements de cils ne purent rien. L'inspiration brutale mais profonde qu'elle prit pour tenter de se calmer s'avéra hachée, désagréable, bruyante et inutile. Mais elle s'était juré de ne jamais montrer ses faiblesses, or pleurer en était le summum et, c'était peut-être idiot – surtout face à son père adoptif –, mais cette volonté était si profondément ancrée que le moment d'y parjurer n'était pas encore venu.
La demoiselle se mordait la lèvre inférieure pour se retenir, quand Siegfried continua en lui demandant de parler des années qu'elle avait passées avec sa mère. Cela faisait sens, puisqu'elle venait de faire à peu près la même demande. Et puis, le ton qu'il employa eut le don de la soulager légèrement : lui qui s'exprimait avec autorité en règle général venait d'employer un ton aussi chaleureux et doux qu'une brise d'été, cette voix habituée aux ordres venait plutôt d'avoir recours à l'incitation. Alors sans y réfléchir, elle hocha la tête et respira doucement pour dénouer sa gorge de manière à pouvoir se servir de ses cordes.

-Notre vie... Elle était très simple. Je pense que c'est pour cela que maman a eu du mal à s'intégrer dans le quartier où nous étions installées. Ses manières étaient celles de la noblesse, alors peu de personnes l'appréciaient, ils la trouvaient hautaine... Mais maman ne s'en est jamais formalisée, ou alors je ne l'ai jamais remarqué... C'était comme si, tant qu'on était là toutes les deux, tout irait bien. Pour elle comme pour moi. Maman m'a donné beaucoup d'amour, elle faisait des efforts pour me faire plaisir avec quelques cadeaux malgré les maigres revenus, elle a pris grand soin de moi, elle a tout fait pour mon bien. Elle voulait certainement combler le manque de figure paternelle aussi. Quoi qu'il en soit, on était heureuses, Sieg. Livrées à nous-même, mais heureuses.

Ces dernières paroles servaient autant à s'en assurer de nouveau elle-même qu'à réconforter Siegfried, ne serait-ce qu'un peu. Cela dit, elle sentit une larme esseulée tracer un sillon humide sur sa joue fraîche. Bah, qu'elle coule. Au point ou elle en était, même cela n'avait plus autant d'importance. Elliane ne fit rien pour l'essuyer, elle se contenta d'apaiser sa respiration. Malgré tout ce qui était en train de se passer, son visage s'attendrit à l'évocation de cette période d'insouciance et de joie. Mais son expression redevint vite sérieuse quand elle se remémora la suite de cette histoire.

-Mais maman a fini par accorder son amitié à la mauvaise personne et s'est confiée à elle dans un bar alors qu'elles étaient bourrées. Les rumeurs n'ont pas tardé à faire le tour du quartier... Ceux qui n'appréciaient pas maman s'en sont servis contre elle... Et tu sais comment cela s'est terminé.

Sur ces mots, la fière demoiselle courba la nuque et clôt ses paupières. Elle venait de se rendre compte que durant toutes ces années, elle avait tout fait pour ne pas toucher à ces souvenirs, se contentant des les observer de loin comme on observe un bijou sur lequel on ne posera jamais le moindre doigt. C'était un précieux trésor que l'auburn avait enfoui au plus profond de son être pour l'y conserver jalousement. Cependant, maintenant qu'elle se forçait à l'exhumer, elle se rendait compte que c'était aussi une lame empoisonnée qui distillait son venin sur ses plaies, ainsi qu'un merveilleux antidote dont elle ne savait pas se servir. Le moment viendra où tous ces merveilleux instants, pleins de joie et de lumière, l'aideraient à se sentir mieux. Son instinct le lui soufflait. Mais en attendant, il lui fallait continuer à avancer sur la voie qu'elle avait choisie.
Et continuer la conversation.

-Tu as tort sur un point, Siegfried : un parent n'aime pas forcément son enfant, tous les pères ne sont pas prêts à tout pour leur progéniture comme tu l'es pour moi. Elle releva alors le visage pour le fixer et refit le plein de conviction avant de continuer tout en sentant que ses yeux devaient être rougis et luisants. Tu sais... Je ne veux pas avoir de regrets. Tu dois en avoir un tas, mais écoutes-moi : quand maman me parlait de toi elle devenait radieuse, son visage s'illuminait même quand la journée n'avait pas été facile, son ton était plus gai. Je ne sais pas si elle t'en a voulu à un moment ou à un autre, mais je suis certaine qu'elle t'aimait trop pour te tenir rigueur de quoi que ce soit bien longtemps. Je pense qu'elle comprenait tes troubles et ne souhaitait pas qu'ils empirent par sa faute, peut-être même que ce fut l'une des raisons de son départ. Alors ne te blâmes pas autant, ce n'est pas ce que maman espérait, elle voulait le meilleur pour toi. Elle usa alors de force pour étirer les lèvres. Si elle était là, elle te tirerait les oreilles, tu sais ?

Une pause. Rapide. Juste le temps de reprendre son souffle, parce que parler autant tout en étant sujette à un tourbillon d'émotions était difficile. Puis Elliane reprit, sans laisser le temps à son vis à vis d'en placer une.

-Et si maman t'a vraiment remerciée, ce soir-là... Alors je vais te faire une promesse : celle de vivre ma vie pleinement non seulement pour moi, mais aussi pour elle. En échange, je te demanderai de me promettre – et de lui promettre – la même chose. Ne laisses pas le remords t'étouffer ou t'empêcher de profiter de chaque instant.

Ils en avaient tous les deux besoins pour se sauver des griffes de leur passé, pour se raccrocher au présent, pour vivre et non pas simplement survivre...
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Akhtai | Général en chef des armées
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MessageSujet: Re: Le passé au présent (Elliane)   Le passé au présent (Elliane) Icon_minitimeMer 23 Avr - 1:32

 Je me sentais vide… Pas dans le sens vidé de tout énergie, non loin de là, mais je venais de parler de l’une des choses qui m’était les plus secrètes, et je savais déjà que maintenant, rien ne serait jamais comme avant, pour moi comme pour Elliane. Elliane… ma fille adoptive, la personne la plus proche de moi… Même à elle je n’avais jamais parlé de cela jusqu’à aujourd’hui, et le pire si je puis dire, c’est que c’est moi qui ai lancé la discussion en parlant de sa mère, peut-être qu’inconsciemment je désirais en arriver là, mais en attendant, je ne savais vraiment plus quoi penser…  Le silence qui durait depuis la fin de ma tirade commençait à devenir vraiment pesant, et en attendant une réponse de sa part, je ne cessais de guetter la moindre de ses réactions, me préparant sans m’en rendre compte au pire, ne cessant de me dire que j’avais fait une erreur en parlant de ça, que je n’aurais jamais dû tenter de de changer les choses, nous serions chacun resté dans notre ignorance, et cela aurait été mieux pour nous deux. Bien sûr, j’aurais fini par lui dire, mais j’aurais pu m’y préparer, préparer mes paroles, et pour commencer, demander à Elliane si elle voulait seulement savoir la vérité, alors que là, j’ai totalement improvisé, et cela me mène presque à coup sûr droit dans le mur. Cependant, mon esprit de soldat reprenait progressivement le dessus. En tant que militaire, je me devais de pouvoir prendre des décisions improvisées, et je devais assumer derrière. C’est ce que j’apprenais à mes recrues, alors je me devais d’en faire autant, en tant que général en chef des armées de Heka. Cependant, je ne suis pas une machine, je suis un homme, et qui plus est le père adoptif d’Elliane, je ne pouvais lui montrer un visage aussi impossible que l’acier, elle a besoin d’un père qui montre son humanité, elle mérite ça, alors je ne laissai pas mon côté militaire me dominer totalement, juste assez pour garder un minimum d’assurance et de courage.

 Ma fille adoptive, elle, semblait déconnectée, surement le temps d’assimiler tout ce que je venais de lui révéler, et d’établir son propre jugement. Le silence, de plus en plus long, devenait insupportable, mais hors de question pour moi de le briser, ce n’était plus à moi de parler, l’instant appartenait désormais à Elliane, et je me devais de respecter cela. Puis vint un moment où cette dernière était submergée par ce qui ressemblait à une vague de chagrin, mais elle ne voulut pas le laisser paraître, elle respirait lentement et profondément, tentant de refouler les larmes qui semblaient vouloir s’échapper de ses yeux. Ne pas laisser paraître ses faiblesses, même en cet instant je ne pouvais m’empêcher d’être fier d’elle, Elliane était un modèle de force, une fille vraiment courageuse, je ne pouvais qu’être honoré de l’avoir avec moi, même si la tournure que risque de prendre la suite de la discussion peut laisser présager que je devrais voir la Elliane que j’ai connus avec nostalgie, ce que je n’espère vraiment pas…  Après quelques efforts, ma fille adoptive parvint à reprendre le dessus sur ses émotions, et à me répondre quelque chose, la voix encore un peu chevrotante.

-Notre vie... Elle était très simple. Je pense que c'est pour cela que maman a eu du mal à s'intégrer dans le quartier où nous étions installées. Ses manières étaient celles de la noblesse, alors peu de personnes l'appréciaient, ils la trouvaient hautaine... Mais maman ne s'en est jamais formalisée, ou alors je ne l'ai jamais remarqué... C'était comme si, tant qu'on était là toutes les deux, tout irait bien. Pour elle comme pour moi. Maman m'a donné beaucoup d'amour, elle faisait des efforts pour me faire plaisir avec quelques cadeaux malgré les maigres revenus, elle a pris grand soin de moi, elle a tout fait pour mon bien. Elle voulait certainement combler le manque de figure paternelle aussi. Quoi qu'il en soit, on était heureuses, Sieg. Livrées à nous-même, mais heureuses. Mais maman a fini par accorder son amitié à la mauvaise personne et s'est confiée à elle dans un bar alors qu'elles étaient bourrées. Les rumeurs n'ont pas tardé à faire le tour du quartier... Ceux qui n'appréciaient pas maman s'en sont servis contre elle... Et tu sais comment cela s'est terminé.

 Je frémis, tout cela, la misère, le regard des gens, tout était de ma faute, si j’avais été là, rien n’aurait été ainsi, nous aurions été heureux. Enfin ça c’est un fait établi depuis longtemps, mais jamais je n’avais eus les « détails », et maintenant que je les connaissais, je ne pouvais que prendre conscience de ce que j’avais vraiment fait, et cela… me faisait mal. En même temps, je devais m’attendre à quoi en interrogeant Elliane sur son passé avec sa mère ? Sans m’en rendre compte, j’avais dramatisé la situation à l’extrême, si bien que la vérité n’est pas si terrible en comparaison, mais le fait de l’apprendre concrètement me faisait l’effet d’un coup de bouclier en pleine face. Elliane, quant à elle, avait cessé de résister, une larme marquait sa joue, sans qu’elle ne cherche à l’essuyer. De mon côté, je me demandai si j’allai me mettre à pleurer également, chose que je ne souhaitais pas spécialement, mais qui pouvait m’arriver, comme je l’ai déjà dit, je suis un humain avant tout. Ma fille adoptive reprit la parole avant que je puisse finir de formuler ma réponse, mais ses prochaines paroles arrangèrent singulièrement mon état.

- Tu as tort sur un point, Siegfried : un parent n'aime pas forcément son enfant, tous les pères ne sont pas prêts à tout pour leur progéniture comme tu l'es pour moi. Tu sais... Je ne veux pas avoir de regrets. Tu dois en avoir un tas, mais écoutes-moi : quand maman me parlait de toi elle devenait radieuse, son visage s'illuminait même quand la journée n'avait pas été facile, son ton était plus gai. Je ne sais pas si elle t'en a voulu à un moment ou à un autre, mais je suis certaine qu'elle t'aimait trop pour te tenir rigueur de quoi que ce soit bien longtemps. Je pense qu'elle comprenait tes troubles et ne souhaitait pas qu'ils empirent par sa faute, peut-être même que ce fut l'une des raisons de son départ. Alors ne te blâmes pas autant, ce n'est pas ce que maman espérait, elle voulait le meilleur pour toi. Si elle était là, elle te tirerait les oreilles, tu sais ? Et si maman t'a vraiment remerciée, ce soir-là... Alors je vais te faire une promesse : celle de vivre ma vie pleinement non seulement pour moi, mais aussi pour elle. En échange, je te demanderai de me promettre – et de lui promettre – la même chose. Ne laisses pas le remords t'étouffer ou t'empêcher de profiter de chaque instant.

 Elle m’avait fixé tout au long de sa réplique, elle avait même esquissé un sourire, et cela me réchauffa instantanément le cœur. Elle avait bien hérité de la gentillesse de Freya, elle comme elle, elle avait le don de contrôler cette gentillesse afin de l’utiliser dans n’importe quels moments, même en étant effondrée par des révélations sur sa propre mère comme c’était le cas actuellement. Cela me fit sourire aussi, et ne sachant que répondre sur le coup, je me contentais de passer une main sur la joue d’Elliane, la laissant s’aventurer dans ses cheveux, puis je l’attirais contre moi, le temps qu’elle et moi reprenions un peu nos esprits, et puis je pense que cela nous fera du bien à tous les deux. Ce n’était pas un geste habituel mais qu’importe, rien de cette journée ne l’est…  Puis je savais enfin quoi répondre à ma fille.

- A vrai dire, je me suis toujours convaincu que ta mère ne m’avait jamais pardonné, cela était censé rendre la vie plus facile, mais cela ne l’était pas, c’était simplement moins pire. Freya était une femme merveilleuse, elle était heureuse en t’ayant à ses côtés, rien de plus n’était nécessaire, et même avec ce que tu me dis, que le fait de penser à moi la rendais joyeuse, cela n’aurait jamais été autant que si j’étais resté… Je suis cependant heureux de savoir qu’elle m’ait pardonné, je ne sais pas si je le méritais, mais me faire tirer les oreilles, au moins ça oui je présume.

J’eus un rire nerveux, l’atmosphère commençait à se détendre, cela me soulageait vraiment. Vivre ma vie pleinement, voilà une chose que je n’avais jamais vraiment envisagé, peut-être par dette envers Freya, mais finalement, Elliane avait raison, elle comme moi, nous ne pouvions vivre dans le passé éternellement, ce qui est fait est fait. Il est vrai que ma défunte aimée m’a remercié avant de mourir, alors que je sauvais Elliane, on aurait même dit qu’elle souriait.

- Tu étais ce qui comptait le plus pour Freya, alors finalement, la seule chose que je peux faire pour elle aujourd’hui, c’est de m’occuper de toi aussi bien qu’elle le faisait, et je le fais déjà depuis plusieurs années, donc finalement, j’ai exaucé son souhait, même si je ne me pardonnerais jamais pour ce que j’ai commis. Mais je suis d’accord avec toi, il est temps de tirer un trait sur le passé, vivons pleinement, c’est ce que Freya aurait voulu…

Cela faisait une éternité que je n’avais pas vécue de moment aussi émouvant que celui-ci, et il aurait pu durer encore si l’un de mes soldats n’avait pas frappé à ma porte. Mes hommes savent que je n’aimais guère être dérangé quand je travaillais dans mon bureau, car cela m’ennuyait déjà bien assez comme ça, mais ils savent qu’en cas de bonne raison, ils ne devaient pas hésiter. Je repoussais Elliane, je ne voulais pas que le garde nous voit aussi proches, il a beau savoir qu’elle est comme ma fille, je suis son supérieur, et je ne suis pas censé être vu en train de manifester mes émotions. Je repris mon masque impassible, et répondis.

-Entrez, c’est ouvert.
-Général Oda, désolé de vous déranger mais…

L’homme s’interrompit et scruta la masse de feuilles et dossiers que j’avais envoyé valdinguer en travers du bureau, ce qui commençait à m’agacer.

-Poursuivez, j’ai beaucoup à faire comme vous pouvez le voir.
-Oui, excusez-moi Monsieur, hum, je sais que vous n’aimez pas être dérangé en plein travail, mais il s’agit de…  - il lança un regard à Elliane, gêné – de l’affaire que vous m’aviez confiée, celle… qui doit rester entre nous.

Je laissai tombé le gros dossier que je venais de ramasser, et fixai le soldat dans les yeux.

-Oui, où en est-ce ? L’avez-vous trouvé ?
-Oui monsieur, nous l’avons conduit où vous le vouliez, je vais vous y conduire.
-Très bien, merci beaucoup, vous avez fait du bon travail. Elliane, viens avez moi, j’ai besoin de toi. Ne pose pas de questions, tu sauras tout très vite.

Le soldat nous mena dans les geôles se situant au sous-sol. A mesure que nous passions devant les cellules, les supplications des détenus se faisaient entendre, avant de se changer en lamentations lorsque nous étions passés. Les geôles du palais de Heka étaient réputées comme un des pires endroits de la capitale, à peu près au même titre que la salle du trône. Je n’aimais pas cet endroit, mais il fallait reconnaître que pour briser les détenus les plus coriaces, il n’y avait pas mieux. Mais l’individu mené ici, je ne cherche pas spécialement à le briser, juste à l’isoler, je veux être seul avec lui, pour commencer. Nous nous arrêtâmes devant une cellule comme les autres, mais mon cœur se mit à battre.

-C’est ici.
-Parfait, je vais y aller seul, vous vous restez ici, toi aussi Elliane, je n’en ai pas pour longtemps.

Je rentrai alors dans la cellule, bien décidé à tirer un trait sur le passé. Un homme était à l’intérieur, assis contre un mur. A ma vue, il se mit à parler.

-Ah enfin ! Personne n’a voulu répondre à mes questions ! J’vous l’dis à vous aussi, vous faites une erreur, j’ai rien fais d’mal ! Vous n’pouvez pas me retenir ici.
-Ne vous en faites pas, coopérez et vous ne resterez pas ici. Mentez-moi, et je le saurais, j’en ai le pouvoir, et je vous assure que si c’est le cas, vous resterez un mois ici, jusqu’à ce que je revienne vous voir. Je suppose qu’on vous a déjà parlé de cette prison, je suppose également que vous n’avez pas envie d’y passer un mois, alors répondez-moi honnêtement et tout ira bien.
-Je…
-Non, c’est moi qui vais commencer à parler. Votre nom et prénom je vous prie.
-… Nahel Maxens.
-Bien Nahel, bon, je n’irais pas par quatre chemins, vous êtes accusé de viol. Avez-vous bien déjà violé une femme ?

Ses yeux s’agrandirent, il devait visiblement avoir quelque chose à se reprocher, et puis ma menace n’a pas dû le détendre non plus. Bon, certes, je n’ai en réalité aucun moyen de savoir s’il me ment ou non, mais l’intimidation est de mise et ici, les conditions sont réunies pour qu’elle ait un effet dévastateur sur lui.

- Je… oui, j’ai violé une femme, mais c’était-il ya longtemps…
- Racontez-moi, je veux tous savoir.
- Vraiment rien d’bien glorieux m’sieur, je… j’ai honte vous savez, j’m’en suis jamais remis… J’avais une femme qui portait mon enfant, une vie simple mais heureuse, mais vient un jour où mon aimée s’était faite volée dans la rue, et un des bandits la poussa dans un escalier d’pierres dans la rue alors qu’elle tentait de les supplier de la laisser. La chute fut mauvaise, sur l’ventre, et elle a commencé à perdre les eaux… et son sang. J’avais couru la rejoindre une fois prév’nu, mais j’pouvais rien faire, et personne dans la rue le pouvait, les gens étaient pauvres par ici, par de véhicules, de médecin ou autre. Puis ya un riche qui passait par là, avec sa voiture, alors j’l’ai supplié de la conduire chez un médecin, qui tente de la sauver… Peut-être qu’il aurait pas pu la sauver, mais au moins tout aurait été fait… Mais l’riche m’a juste ignoré, est passé tout près de ma femme agonisante, et a continué sa route, comme si on n’avait été qu’des insectes à ses yeux. J’l’ai insulté, de tous les noms, mais rien n’y faisait. Je m’souviens encore du dernier regard de ma femme, Hélène qu’elle s’appelait, puis elle est partie, avec mon fils ou ma fille. Même enfant j’avais pas pleuré autant.

L’homme s’interrompit, des larmes coulaient de ses joues et des sanglots agitaient sa voix. Puis il reprit.

- Après ça, j’avais plus d’raisons d’vivre, j’buvais, tous les jours, maudissant ma vie, les bandits qui avaient agressé ma Hélène, et puis les castes aisées. Avec le temps, j’ai compris que rien n’aurait pu sauver ma femme, elle avait eut une hémorragie interne, et le temps de l’emmener chez un médecin était trop long pour qu’elle survive, mais juste le fait qu’ce bourgeois, c’connard nous ait ignoré comm’ça, juste ça, cela me permettait d’haïr tous les riches. Un soir, alors que j’avais bu, j’ai erré dans les quartiers moyens, dans lesquels nous aurions pu vivre avec Hélène et notre enfant, mais depuis sa mort, j’ai arrêté d’travailler, et donc mon niveau d’vie s’est cassé la gueule, mais j’m’en foutais. Tout était désert, puis j’l’ai vu, c’te femme, très belle, d’un milieu visiblement aisé. Elle m’avait rien fait, mais je voulais me venger de ce sale riche, et il fallut que ça tombe sur elle. J’ai pointé un couteau sur elle, lui intimant d’être sage, puis j’ai arraché ses vêtements, et j’l’ai violé. Mais au fur et à mesure que j’accomplissais ma vengeance, elle n’avait pas dit un mot, elle s’contentait de m’fixer, un regard plein de douceur, le même que celui de ma femme. Alors je repensais à elle et à ce que j’étais devenu, puis la honte m’envahit, alors je hurlais de douleur, et au moment d’finir, j’me suis mis à pleurer. Je m’suis enfui, sans la regarder, et j’l’ai jamais revu.

L’homme sanglotais totalement à présent, chuchotant le nom d’Hélène, puis de « J’suis désolé » ou encore « Pardonne-moi ». Pour ma part, je suis surpris, je m’attendais à un tout autre type d’homme, et une toute autre histoire. Cet homme m’inspirait à présent plus de pitié que de haine, je ne pouvais même pas le haïr en réalité, je sais ce que cela fait de perdre celle que l’on aime… Cependant, je devais en finir avec cette histoire.

- Triste histoire, je suis désolé pour vous.
- Ben tient, qu’est-c’que vous pouvez en avoir à faire hein ? J’suis qu’un prisonnier comme vous en voyez pleins, j’suis d’ailleurs surpris qu’vous fassiez la chasse aux violeurs dont le crime remonte à plus d’vingt ans.
- Croyez-moi, vous n’êtes pas un simple prisonnier à mes yeux, vous allez comprendre pourquoi.  – J’allai à la porte du cachot – Elliane, vient s’il te plaît, j’ai besoin de toi.

La jeune femme entra. La pauvre était livide, elle avait bien sûr entendu toute l’histoire de Nahel, et comprit de qui il s’agissait.

-Nahel, je vous présente Elliane Winterheart, votre fille. Cette femme que vous avez violée, elle s’appelait Freya, et elle était ma fiancée. Votre acte l’a poussé à l’exile, puis au suicide. Je pense qu’il est temps que vous ayez une discussion avec sa fille, votre fille. Elliane, tu ne fais rien d’autre que parler, tu m’entends ? Dis le moi quand tu auras terminé.

Sur ces mots, je sorti de la cellule, et refermai la porte. Le père et la fille doivent avoir beaucoup de chose à se dire, et finalement, je n’ai aucun lien dans ce duo, Elliane est ma fille par adoption uniquement…


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