-Edenhyde !

En entendant son nom, l'interpellée s'était retournée en soupirant pour faire face à l'un de ses collègues. En général, quand on l'arrêtait comme ça, c'était pour... Bingo. Une mission. Le jeune homme lui transmit rapidement les informations avant de s'en aller, tandis que Sywen savourait la bonne nouvelle : elle partait pour Aesus dans trois jours, en voilà une belle occasion de rendre visite à son père qu'elle n'avait pas va depuis un moment déjà et ce, sans avoir à se payer l'aller-retour puisque Lohendra fournirait le moyen de transport. Et en prime, ce que la jeune aux cheveux roses avait à faire n'avait rien de bien méchant : retrouver un wakanda plutôt âgé pour vérifier que tout allait bien. On pouvait dire qu'elle avait de la chance.

Mais le lendemain, on lui avait appris une autre nouvelle : cette fois-ci, la demoiselle allait avoir de la compagnie, et pas n'importe laquelle. James Ruthel en personne, rien que ça. Elle ne l'avait encore jamais rencontré, mais ne pas connaître son nom serait abuser sur le côté « je me fiche du travail ». Sur le coup, cela l'avait vraiment surprise, après tout le patron ne devait pas quitter Blaoria tous les jours et surtout pas pour s'incruster dans les missions. Son poste de chef de section ne l'occupait pas assez, il avait encore des créneaux libres où caser des petites expéditions dignes d'un membre du rang de sa subordonnée ? Ensuite, Sywen se rendit compte de ce que cela voulait dire : le moindre de ses faux pas serait fait en présence du meilleur (ou du pire) témoin possible. Ou comment la forcer à faire attention à tous ses faits et gestes, elle qui d'habitude était relax. Crotte.

Pendant le temps qui lui restait, la jeune femme s'était préparée à la tâche qui l'attendait en positivant : bah, le voyage serait toujours aux frais de l'organisation et en plus, elle échappait aux transports en commun puisqu'ils auront un véhicule spécial, la classe !... Sauf que le nombre de gardes présents au point de rendez-vous laissait suggérer que finalement, prendre un bus serait revenu au même. D'abord, pourquoi emmener des gardes ? Ce n'est pas comme si les chances de se faire attaquer sur Dena étaient élevées. M'enfin, quand un haut gradé de l'entité dirigeante du pays voyage, certainement que lui fournir moins de gardes que cela était impensable. Après s'être présentée poliment au blond, la kwanita avait pris place à bord du véhicule et profité du trajet pour observer le paysage qui défilait dehors, puisqu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire et que la vue était plaisante, surtout par ce temps magnifique. Bon, elle ruminait quand même un peu, faut dire qu'elle s'était fait une joie de retrouver sa ville natale et qu'au final ce serait en compagnie de son chef. Bref, Sywen était quelque peu perdue dans ses pensées.

-Nous arrivons bientôt.

La voix la fit sursauter. Eh ben, c'était pas trop tôt ! Une fois le véhicule arrêté, elle sortit en vitesse pour s'étirer en faisant craquer son dos, avant de se souvenir que ce n'était pas très féminin. Bah, de toute façon sa tenue ne l'était pas plus : une chemise portée sous une veste épaisse pour se protéger du froid de la région, et un pantalon rentré dans des bottes à petits talons.

Bizarrement, être à l'air libre dans sa ville natale la soulagea réellement. Tellement que la membre de Lohendra en oublia pendant un instant qui était assis non loin pendant toute la durée du trajet et se mit en marche toute seule. Heureusement, l'oubli fut réparé au bout de trois petits pas, puis notre membre de Lohendra se retourna vers le chef et attendit qu'il la rejoigne, en faisant comme si elle ne l'avait pas zappé. Cela fait, elle prit la direction de l'adresse qui leur avait été indiquée et, une fois devant la porte, toqua.

Et bien évidemment personne ne répondit, parce que ce serait trop beau que tout se passe bien pile le jour où son boss est là. Sywen redonna quelques coups sur la porte.

-Nous sommes de Lohendra, si vous êtes là ouvrez !

Dit-elle, irritée. Le wakanda le faisait exprès ou quoi ? C'était pas vraiment le jour pour ça ! Après avoir tenté sa chance pour la troisième fois, elle décida que ça suffisait là – rappelons que la patience n'est pas son fort. La demoiselle se saisit de la poignée pour la tourner... Et se rendre compte que la porte était ouverte. Eh bien, ne pas aimer attendre peut avoir du bon, sans cela ils seraient peut-être restés une bonne dizaine de minutes devant la maison sans savoir qu'ils pouvaient entrer. Oui bon, une porte ouverte ne veut pas forcément dire qu'on peut aller et venir à sa guise, mais ce n'est pas bien différent non plus. N'est-ce pas ? Même si, pour le coup, franchir le pas ne servit pas à grand chose. Les lieux étaient vides. Lâchant un petit juron, Sywen porta son attention sur son patron. Finalement une aide serait la bienvenue, puisqu'ils allaient devoir rechercher leur homme.  

-Vous connaissez bien la ville et les alentours ? On pourrait se séparer pour le chercher.

Ils seraient plus efficaces ainsi. Donc, ils retrouveraient la cible plus vite. Donc, elle aurait un peu plus de temps pour passer chez son père. Rien que pour cette raison, elle était motivée.


[HRP : en espérant que ça te convienne ;;]

Une mission à Aseus, cela allait lui faire le plus grand bien. En effet, cela faisait des années que notre conseiller préféré n’avait pas quitté la capitale et il s’y ennuyait de plus en plus… Il s’était donc équipé en conséquence. Rees avait d’abord tenté de résonner son chef par tous les moyens mais James l’avait royalement envoyé boulé. Toutefois, Rees ordonna à une escorte de prendre place dans la navette pour prendre soin de son chef. Il ne pourra jamais être tranquille… Enfin bref, il avait pris avec lui un membre de sa section juste pour s’assurer qu’il pouvait compter sur ses hommes et si le travail qu’ils effectuaient était respectable.

Avant de prendre place dans la navette le membre en question vint le saluer. Une fille ! La personne que Rees avait choisie pour accompagner son patron était une fille ! Hum…peut-être auraient-ils le temps de prendre un verre tous les deux ? La fille en question n’était d’ailleurs pas moche, loin de là. Poitrine intéressante… et de jolis cheveux roses. Original…
Une fois installé à l’intérieur d’un bus volant à la pointe de la modernité, il se mit à réfléchir à la suite des évènements. D’un autre côté, sortir en dehors de la capitale ne faisait pas de mal à Lohendra. De cette façon le peuple pourra voir que le pouvoir est partout et ainsi ne délaisser personne. Continuant de réfléchir à la suite des évènements il ne fut même pas surpris d’entendre :

-Nous arrivons bientôt !

Déjà ? Quand on réfléchit le temps passe bien trop vite… Il sortit donc du véhicule d’une démarche assuré. Arrivé dehors, l’escorte l’attendait planté là…droit comme des piquets. Mais quel ennui. Il n’avait pas quitté la capitale pour assister à ça !

-Vous, dit-il en s’adressant à ses protecteurs, restez ici et surveillez moi cet engin ! Quand à vous jeune demoiselle trouvez-moi cette fichue baraque !

Voyant que personne ne s’attendait à sa réaction il décida d’en remettre une couche.

-Vous comptez me regarder longtemps ?! EXECUTION !

Les gardes se mirent donc en position en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Sa subordonnée ne fut même pas surprise et plutôt que d’attendre son patron elle décida de se rendre directement à la maison.

Intrigué et satisfait que l’une de ses membres soit aussi réactive, James la suivit en s’assurant que l’escorte ne le suivait pas.

La demoiselle avait l’air de savoir comment se rendre à l’adresse qu’il lui avait indiqué. Elle marchait d’un pas assuré mais elle se repérait également très bien pour une fille de son âge. Etait-elle d’ici ? Le conseiller l’ignorait mais se promis de lui poser quelques questions une fois leur mission terminée.

Au bout d’un petit quart d’heure ils arrivèrent à destination. Ça avait été rapide mais le noble s’en fichait un peu car il était loin de vouloir rentrer à la capitale. Tien, voilà que la gamine toquait à la porte. Pas de réponse. Bizarre…

-Nous sommes de Lohendra, si vous êtes là ouvrez !

Mais c’est qu’elle est motivée celle –là ! Et encore, elle poussa l’audace jusqu’à ouvrir elle-même la porte et ça…James adorait. Il fallait avoir du caractère pour faire partie de Lohendra et cette femme avait tout pour devenir une grande. Encore fallait-il qu’elle règle son petit problème de patiente mais bon…

-Vous connaissez bien la ville et les alentours ? On pourrait se séparer pour le chercher.

Nous y voilà…le boulot reprend. Il aimait bien se faire guider par la demoiselle et n’avait aucune raison de s’en séparer. Mais bon boulot, boulot…

-Je ne connais pas très bien la ville. En revanche je crois que ce n’est pas votre cas ! Je me trompe ?

Il venait de s’adresser à elle pour le première fois. Bon, comparé aux autres membres de son secteur elle s’en sortait plutôt bien pour une rencontre avec James Ruthel…

On éprouve toujours un certain attachement envers le lieu qui nous a vu naître et grandir. Les souvenirs des jours heureux qui s'écoulent paisiblement pendant notre enfance y sont comme inscrits, ainsi que toutes nos premières fois : le premier vol de bombons, le premier cache-cache, la première bagarre... Sywen ne faisait pas exception, chacune de ses visites à Aesus était une joie, même quand elle y allait pour une mission.  C'est peut-être à cause de cet empressement à retrouver sa ville natale que le trajet lui paraissait toujours aussi long, que ce soit dans les transports en commun ou à bord d'un véhicule de Lohendra, même si ce dernier moyen de transport était bien plus rapide que le premier. Alors quand la petite expédition arriva enfin, elle fut l'une des premières à sortir prendre une bonne bouffée d'air frais.

Oublier qu'on a voyagé avec son patron, c'est fort tout de même, vous ne trouvez pas ? Quand je vous dis que cette fille pouvait être tête en l'air quand elle était absorbée par autre chose... Heureusement qu'il avait donné des ordres à tout le monde d'une voix autoritaire, c'est grâce à cela que la mémoire lui revint. Ne restait plus qu'à espérer que Ruthel n'avait rien remarqué... Il semblerait que non, ouf. N'empêche, il fallait vraiment qu'elle fasse plus attention à l'avenir. Les deux se mirent en route vers l'adresse indiquée, menés par notre kwanita aux cheveux roses qui connaissait la ville comme sa poche – ou comme les emplacements favoris des nœuds dans sa chevelure, au choix, les deux options reviennent au même. La marche ne fut pas particulièrement longue et, une fois arrivés, elle entreprit d'indiquer leur présence en toquant à la porte. Seulement, signifier qu'on est là ne sert à rien quand il n'y a personne à l'intérieur. Sywen avait tôt fait d'ouvrir la porte sans même se dire que son chef la regardait faire, mais sans cela ils auraient poireauté sur le seuil pour rien, donc il ne lui en tiendrait pas rigueur... Si ? Après tout, au moins elle était efficace.

Une fois le constat que les lieux étaient vides fait, il ne restait plus qu'une chose à faire : retrouver ce wakanda. La jeune femme s'était donc adressé pour la première fois depuis les présentations à son coéquipier du jour pour lui demander s'il connaissait bien la coin, ce à quoi il répondit non. Ça, c'était bien dommage, ils auraient été plus rapides. Retenant un soupir de résignation, elle l'écouta ensuite... Jouer les curieux ? Ça l'intéressait, de savoir si sa subordonnée savait se repérer dans la ville ? Apparemment oui. Bon, ok, pourquoi pas ? Un boss qui s'intéresse à ses subalternes, ce n'est pas une mauvaise chose, bien au contraire : en général, c'est la meilleure manière de gagner leur respect voir leur affection. Avec un léger haussement d'épaules, la membre de Lohendra répondit sur un ton neutre.

-Aesus est ma ville natale après tout. Je pense la connaître assez bien.

Pour ne pas dire qu'elle l'avait tellement arpentée étant plus jeune qu'elle en avait presque une carte sous le crâne. Cela dit, la jeune femme se dirigea vers la porte pour sortir.

-Allons-y. Il y a un petit marché pas loin, on pourrait y tenter notre chance.

Et hop, la voilà qui prenait les devants. Voilà qui est amusant, quand on est accompagné du chef de sa section.


[HRP : c'est court, désolée >< ]

Alors comme ça, elle était native d’Aesus. Cette mission se déroulait bien…trop bien pour l’instant.

-Allons-y. Il y a un petit marché pas loin, on pourrait y tenter notre chance.

Eh bien décidemment, les initiatives de la jeune femme impressionnaient James. Mais bon le chef c’était lui et jusqu’à preuve du contraire c’était lui et lui seul qui dirigeait.

-Eh bien allez-y seul je vais nous réserver des chambres dans la meilleure auberge de la ville.

Pourquoi s’occuper de ça à un tel moment ? Eh bien tout simplement parce qu’il comptait espionner la jeune femme durant sa mission. Pour bien diriger ses hommes il devait apprendre à mieux les connaitre. Il voulait savoir si la jeune femme allait se comporter de la même façon seule qu’avec lui dans ses investigations.

Avant qu’elle ne se retourne James avait disparu.

Le conseiller était partit récupérer une cape de voyage qu’il avait laissé dans la soute. Il obsera un moment les gardes surveiller l’engin. Personne n’arriverait à s’emparer de cette machine croyez-moi. Il repartit donc au marché pour retrouver sa complice. Y était-elle déjà ? Aller savoir, vu son caractère, il y a de grandes chance pour qu’elle n’est même pas arqué un sourcil aux dires de son patron.

Se retrouvant sur la place, James attendait patiemment l’arrivée de sa protégée en déambulant parmi les étalages. Pourquoi mettait-elle autant de temps ? Pourvue qu’il n’y ait pas deux marché à Aesus il aurait eu l’air fin tient… Il préféra plutôt interroger les passants sortant du marché avec leurs emplettes sur les bras mais apparemment il n’en n’avait jamais entendu parler. Bizarre ça…

Le soleil n’était plus à son zénith depuis quelque heure déjà. James regarda sa montre : dix-sept heures. Si son agent ne s’activait pas ils allaient rester à Aesus un petit moment.
Un quart d’heure plus tard Edenhyde n’était toujours pas en vue. Mais où était-elle passée ?! Elle devrait déjà se trouver sur la place du marché. James s’en voulait déjà de l’avoir laissé seule. Il aurait mieux fait de rester avec elle. Fulminant notre conseiller préféré ne vit même pas sa protégé interroger des passants quelque mètre devant lui.



P.S: désolé pour cette petite réponse et cette mauvaise écriture...je ferais mieux la prochaine fois pupuce <3

Même si elle aimait bien râler et dire qu'elle s'ennuyait en faisant son boulot, ce n'est pas pour autant que Sywen aimait le bâcler. C'était plutôt le contraire en fait. En effet, elle n'aimait peut-être pas vraiment travailler mais avait quand même une conscience. Alors vous aurez beau l'entendre renâcler un peu et la voir traîner des pieds, vous pouvez malgré tout être sûrs que les tâches que vous lui confiez seront accomplies. De plus, voir ses collègues ou d'autres personnes faire du n'importe quoi dans leur travail et papoter sans arrêt au lieu d'être plus sérieux l'exaspérait. Alors quand son patron lui dit de se débrouiller seule pendant que lui allait s'occuper des chambres à l'auberge, cela l'énerva quelque peu. Il aimait se payer la tête de ses subordonnés ou quoi ? Non seulement à deux retrouver le wakanda ne serait probablement bien long même si Ruthel ne connaissait pas la ville, mais en plus ils n'auront pas besoin d'une chambre s'ils le retrouvent assez rapidement, ce n'est pas comme si la nuit était déjà tombée et le véhicule ne bougerait certainement pas, surtout s'il devait ramener un membre du conseil. C'était un peu comme dire « je préfère assurer mes arrières, au cas où vous ne sauriez pas comment retrouver une personne, surtout dans votre ville natale ». Ou alors, le chef de section ne voulait pas perdre son temps avec une mission de bas rang et préférait visiter la ville ou se prélasser dans une chambre luxueuse ? Dans les deux cas, elle avait l'impression d'être prise de haut : le premier parce qu'il la prendrait alors pour une incapable, le second parce qu'il avait beau être son supérieur hiérarchique – et de beaucoup de grades –, s'il était ici ce n'était peut-être pas pour se croiser les bras et jouer les touristes non plus.

Bref, vous l'aurez compris, cette mauvaise blague n'était pas vraiment du goût de notre kwanita aux cheveux roses. Cela se traduisit notamment par un tique nerveux sur son visage. Puis elle se retourna vers son chef pour lui demander de répéter, au cas où ses oreilles lui auraient joué des tours – ce qui était tout à fait possible –... Et se rendit compte qu'il avait disparu, tout bonnement. Ah ben là... C'était la meilleure ! Faisant les yeux ronds en regardant l'endroit ou l'homme se tenait tout juste trois secondes auparavant, elle finit par affaisser les épaules en maudissant à voix basse James Ruthel, agacée. Alors il n'était pas là pour participer, en fait ? Très bien, elle s'en sortirait très bien sans aide de toute façon. Bien sûr qu'à deux c'est plus simple, mais cela ne voulait pas dire qu'une personne seule ne pouvait pas s'en charger. De plus, il était hors de question de lui courir après. Tournant les talons avec mauvaise humeur pour sortir de la demeure vide, Sywen s'attela à ses recherches comme si de rien n'était. Sa première étape fut celle prévue avant la disparition de son chef : le marché. Avec la foule qu'il y avait, les chances de récolter des informations étaient élevées, mais là c'était hors de ses espérances : les allées étaient bondées. C'était peut-être une bonne chose que le conseiller ne soit pas venu finalement, parce qu'avec tout ce monde ils auraient pu se perdre de vue facilement donc auraient dû faire attention à la position de l'autre en permanence. Là, elle pouvait aller où bon lui semblait sans avoir à se préoccuper d'un coéquipier.

Sa chasse aux coordonnées de sa cible était de temps en temps ralentie quand la jeune femme rencontrait une connaissance, mais globalement tout se passait bien. On lui déclara que le wakanda voulait se rendre chez une célèbre couturière pour lui demander un service, elle suivit donc la piste pour finalement s'entendre dire qu'il était bien venu mais était reparti vers un autre marché situé à proximité. Bon ben, c'était parti. Une fois sur les lieux – qui étaient beaucoup moins encombrés de monde que l'autre marché -, notre jeune membre de Lohendra questionna le plus de personnes possibles... Et finit par apprendre que la personne recherchée n'avait pas trouvé son bonheur ici donc s'était rendu à l'autre zone commerciale. Celle qu'elle avait visité pus tôt. Tu parles d'une chance, il peut pas s'arrêter de bouger lui ? En retenant un soupir, elle retourna donc à l'autre marché. Cette fois-ci, la pêche fut excellente : beaucoup de personnes avaient vu le wakanda se diriger vers la périphérie. Apparemment, il avait un coin favori sur les bords d'une rivière qui coulait près d'Aesus, c'était intéressant comme nouvelle. Le pas un peu plus léger que précédemment, Sywen – qui se trouvait alors sur la place – se tourna pour prendre la direction qu'on venait de lui indiquer... Et vit une silhouette familière. Tiens, tiens, comme ils se retrouvaient. Approchant de son patron qui lui faisait dos, elle croisa ses bras et s'éclaircit bruyamment la voix pour attirer son attention.  

-Je sais où est notre homme, dit-elle avec une petite pointe de fierté dans le ton. Vous venez avec moi ou est-ce que vous avez encore d'autres choses à faire ?

Oui bon, il y a des manières plus polies de s'adresser à ses supérieurs que d'employer une question qui pouvait facilement passer pour un sarcasme. Mais sur le coup, elles ne vinrent pas à l'esprit de la demoiselle. Sans perdre une minute, elle reprit sa progression en surveillant du coin de l’œil les mouvements de son boss.

HRP:

Le conseiller patientait donc sur la place du marché en attendant de voir arriver sa subordonnée. Il l’aurait tout de même pensé plus rapide ou alors il y avait bien un second marché à Aesus mais il n’en avait pas connaissance. Le foule s’animait de moins en moins étant donné l’heure les gens allaient s’en doute rentrer chez eux pour manger les quelques vivres qu’ils venaient d’acquérir.

-Des pommes bien murent ! Pas cher mes belles pommes ! Regardez mon bon monsieur !

Une bonne femme venait d’agripper la cape de voyage du noble et cela ne lui plaisait pas beaucoup mais d’un autre côté il ne pouvait pas se permettre de se mettre à dos la populace pour si peu même si pendant un temps cela ne l’aurait en aucun cas dérangé.

-Combien pour deux pommes ?

Une fois l’achat effectuer notre ami aux cheveux blanc se mit à arpenter le marché à la rechercher d’Edenhyde. Il l’a retrouva prêt de l’entrée mais se contenta de l’observer un moment. Elle recueillait les informations sans brusquer les gens tout en savant dénicher ce qu’il lui fallait pour accomplir son objectif.

-Marchand de tapis ! Venez acheter mes beaux tapis mon bon monsieur.

A là, s’en était trop. Il se retourna pour envoyer bouler le marchand de carpette mais perdu de vu son agent…enfin pour une très courte durée.

-Je sais où est notre homme .Vous venez avec moi ou est-ce que vous avez encore d'autres choses à faire ?

Décidément, elle avait le chic pour lui parler comme il ne fallait pas et n’en faire qu’à sa tête. Mais, curieusement, cela n’étonnait pas James qui faisait exactement pareil à son âge…enfin en cent fois pires bien entendu. Déjà la jeune femme prenait les devant et se frayait un chemin pour sortir du marché. Rapide, efficace et un caractère bien à elle, l’ensemble convenait à James,car pour lui, cet agent était un bon qui avait une chance de gravir les échelons rapidement. Encore fallait-il qu’elle le souhaite.
Ils sortirent du marché et James lui demanda où ils se rendaient et comment elle avait appris tout ça. Elle lui fit un rapport détaillé de la situation et pendant un instant le conseiller aurait voulu féliciter Rees d’avoir choisi Edenhyde pour l’accompagner dans cette petite mission.

Ils gagnèrent la rivière moins d’une trentaine de minute, car, oui, cette dernière était leur destination. James sortit les deux pommes de sa poche en en lançant une à son agent aux cheveux rose, qu’elle attrapa vivement, d’un geste précis pour le plus grand plaisir de notre bonhomme rouge. Pour l’instant aucune personne n’était visible de leur point de vue. James avait déjà un stratégie en tête mais attendait qu’Edenhyde se prononce avant de comparer leurs analyse.

-Selon toi, qu’elle est la meilleure stratégie à adopter en ce cas précis ?

Oui, il l’avait tutoyer pour une fois de plus prendre les gens de haut…il y pouvait rien c’était dans sa nature après tout.

Edenhyde sembla un instant surprise que son patron lui pose une telle question mais répondit finalement:

-Nous séparer. L'un ira vers l'aval et l'autre vers l'amont. Celui ou celle qui trouve notre homme devra établir un contact pour déterminer s'il est fou et à quel point. Surtout, ne pas faire quoi que ce soit qui pourrait lui faire croire qu'on lui veut du mal : pas de geste brusque ni de cri, n'appeler l'autre que si la situation devient vraiment dangereuse. Sinon, dans la cas où il serait devenu fou, le faire venir avec soi et retrouver l'autre – ou, le cas échéant, le maîtriser.

Le conseiller s'en voulait un peu pour le coup... Il venait de penser qu'il n'avait pris aucune initiative depuis le début de cette mission. Bon, ce n'était as grave mais tout de même ! Il décida d'opter favorablement pour la stratégie de son agent car l'idée était banale mais elle avait eu le mérite de faire ses preuves plus d'une fois.Après s'être concerté cinq minutes, les deux membres de Lohendra se séparèrent. James pris l'amont et sa jeune collègue l'aval.
Vous pensiez que James allait partir vers l'amont  ? Eh bien non. Notre conseiller eu le toupet d'espionner à nouveau la jeune femme. Ils avaient choisit un point de rendez-vous ? Et alors ? Il s'en fichait éperdument notre lascars. James la suivit donc discrètement dans son parcours en faisant bien attention de ne pas se faire repérer par sa subalterne et ça avait l'air de fonctionner. Il faut dire aussi qu'il était le Denien le plus rapide au monde. Donc, pour ce genre d'exercice, il était passé maître en la matière depuis fort longtemps... Après un quart d'heure de marche la jeune femme tomba nez à nez avec un...sanglier ?! Elle pris soin de l'éviter mais la tête qu'elle venait de faire manqua de faire rire aux éclats notre jeune conseiller. Cette femme l'amusait beaucoup et de plus elle était performante sur ce qu'elle faisait et avait l'air d'être à cheval sur ses convictions. Bref, James l'adorait et comptait bien la surprendre à son tour d'une façon peu commune. Continuant sa route sans se douter que son patron la suivait,  elle rencontra un colosse qui n'avait pas l'air très sympathique aux premiers abords. Pourtant, Edenhyde ne se découragera pas pour autant. Elle comença par lui faire la conversation le plus naturellement du monde puis elle dévoila son identité. Le vielle homme se méfiât tout d'abord puis il se radoucit et le reste de la conversation échappa au conseiller. James Ruthel n'était pas un homme très patient. Il fit donc demi tour par le même chemin et manqua de tomber dans la rivière en marchand sur les rochers...mais ce détail nous intéresse peu.
Marchant toujours vers le point de ralliement, le Kwanita tomba, à son tour, nez à nez avec le sanglier. Il ne fut cependant pas surpris le moins du monde car il venait de comprendre quelque chose. De tout le conseil il était celui qui analysait le plus chaque situation et cette fois-ci ne fit pas exception à la règle. Un sanglier possède un bon flaire de nature et donc il pouvait facilement éviter les êtres humains...à moins qu'il n'est une bonne raison de ne pas le faire !

Eh oui il venait de comprendre que le sanglier était en réalité le totem du colosse rencontré précédemment. Edenhyde l'avait-elle compris aussi ? Il décida d'attendre sa subalterne un peu plus loin sur le sentier pour observer sa réaction. Quelques minutes passèrent lentement...très lentement. C'est que notre conseiller préféré était vraiment loin d'incarner la patiente mais ses effort furent tout de même récompensé quand la bête changea tout d'un coup son comportement. En effet, elle venait de foncer sur le colosse et s'arrêta devant lui sans causer le moindre dégâts au couple. James sourit car une fois de plus ses analyse se révélèrent exactes quand au colosse il pleurait de joie devant son totem qu'il avait enfin trouvé.
Quand il fut remis de ses émotions, le chef de la section Wakanda s'approcha du couple de sa démarche impérial dont-il avait le secret. Il faut dire qu'il était le plus puissant noble de tout Dena et par conséquent il ne fallait pas être surpris de son comportement envers les autres personnes...même si ça n'excusait pas tout je vous l'accorde ! Revenons à notre histoire. Quand James ne fut plus qu'à un pas du couple il esquissa un large sourire qui n'augurait rien de bon pour le jeune femme...

-Je vois que mon agent à mené à bien sa mission cher ami.

Le colosse toujours heureux depuis sa rencontre avec son totem lui rendit son plus beau sourire en ajoutant cependant:

-Oui ! Cette une femme compétente vous savez ! Elle n'a que des qualités.

Edenhyde sembla déstabilisé face aux compliments du vieil homme devant son chef. Et quelle n'allait pas être sa surprise à la fin de la prochaine phrase !  

-Vous savez, je n'en attendait pas moins de mon nouveau second en charge du service de renseignement de la section Wakanda !

Sur cette déclaration il laissa la nouvelle gradé en proie aux doutes et s'en alla comme il était venu de sa démarche princière.

Bah quoi ? Chacun sa façon d'annoncer ce genre de nouvelle ;)

Ruthel sembla approuver sa stratégie, les deux Lohendra partirent donc chacun de leur côté. En se retournant Sywen aurait probablement été surprise de ne pas voir son patron au bord de la rivière, mais elle avait préféré se concentrer sur sa propre partie du boulot et n'était de toute façon pas du genre à fliquer ses partenaires, encore moins quand il s'agissait d'un supérieur. C'est qu'elle savait tout de même rester à sa place, ne serait-ce qu'un minimum qui comprenait « ne pas être irrespectueuse au point de vérifier que les supérieurs font bien leur boulot », techniquement ils devaient être indépendants et savoir s'adapter à la situation dans tout ce qui touchait au boulot. La jeune femme avait donc effectué son petit bonhomme de chemin, et eut le plaisir de croiser un beau sanglier. De quoi la mettre à l'aise tiens, elle le fixa un instant avec une tête désespérée et s'écarta vite fait bien fait en espérant qu'il n'aurait pas dans l'idée de la charger si jamais il l'entendait. Heureusement pour elle ce ne fut pas le cas, et peu après sa route croisa un petit feu près duquel se trouvait l'homme recherché. Celui-ci qui s'avéra être le frère de Fen n'était heureusement pas belliqueux – il était même plutôt sympathique –, donc la kwanita n'eut aucun mal à le convaincre de la suivre.

Sur le chemin, un animal qu'elle connaissait pour l'avoir aperçu quelques minutes auparavant leur fonça droit dessus... Et si le réflexe premier de toute personne est de reculer en se demandant pourquoi donc on devait être l'un des rares cas d'agression par un animal sauvage, elle changea vite d'état d'esprit : il ne l'avait pas approchée plus tôt quand seulement quelques mètres les éloignaient, alors pourquoi les charger quand ils longeaient le cours d'eau ? Sywen s'arrêta net et incita son nouvel ami à faire de même en l'attrapant par le coude, en attende d'une réponse – ou plutôt, en espérant que son instinct ne la trompait pas sur ce coup. Et fort heureusement pour eux deux, ce n'était pas le cas puisqu'on pourrait presque dire que la bête alla chercher un câlin du côté de l'homme. Vraiment, après avoir causé une belle frayeur – surtout de par sa stature imposante -, cet imposant spécimen semblait tout à coup adorable et tactile, le même ressenti qu'elle avait eu avec le frère de Fen au final.
Ce dernier passa un long moment à caresser son totem, ce qui la fit sourire. Elle était heureuse pour lui, qu'il ait réussi à trouver ce qui canaliserait sa magie. Au moins ne finirait-il pas comme Fen, pendu haut et court dans sa chambre et par ses propres soins...

Battant vivement des paupières pour chasser cette pensée sombre, la demoiselle rendit gaiement le regard que lui lança le nouveau kwanita.... Et vit plus loin une silhouette familière approcher. Alors, avait-il déjà fini d'explorer l'aval ou avait-il encore une fois suivi son propre programme ? Elle n'en savait rien et ne demandera pas – c'était le boss alors il faisait comme bon lui semblait -, mais pencha tout de même pour la deuxième option tandis que son regard bleu exprimant une légère curiosité le regarda venir de son pas digne. Ruthel ne tarda pas à s'adresser au bonhomme qui ne semblait pas vouloir quitter le sanglier et la réponse de l'interrogé ne manqua pas de la mettre mal à l'aise : « compétente » ? « Que des qualités » ? De qui parlait-il, d'elle ? Parce qu'elle avait l'impression qu'on parlait d'une inconnue. C'était étrange, de recevoir des compliments d'une personne rencontrée il y a moins d'une demi-heure, mais si la kwanita aux cheveux roses était gênée, dire que cela ne lui faisait pas plaisir au fond serait mentir – peu de gens resteraient de marbre dans cette situation. Pour ne pas se mettre à rougir comme une gamine, elle pinça les lèvres et se mordit la joue en dérivant un peu le regard, juste le temps d'empêcher les couleurs de monter, puis focalisa son attention sur ce que son patron disait.... Hein ? Que ? Comment ? Alors, reprenons ce qu'il venait de dire, parce qu'elle devait avoir mal entendu. « Seconde en charge du service des renseignements de la section Wakanda »... Ah ben non, pas de doute possible, c'était bien ça. Le seul hic, c'est que la principale intéressée ne savait pas du tout d'où cela sortait. C'était peut-être une blague de mauvais goût ? Elle fixa le conseiller avec des yeux ronds stupéfaits, une expression de surprise totale à travers laquelle le colosse lut parfaitement et qui le fit partir dans un rire tonitruant. Elle le regarda d'un air boudeur en lui cognant doucement les côtes de son coude pour lui dire que ce n'était pas drôle, puis marcha à vive allure pour rattraper celui qui venait de lui causer l'une des plus grandes stupeurs de sa vie, puis s'en était allé comme un voleur.

-Attendez un instant !  

Quand Sywen fut certaine d'avoir son attention, elle se planta fermement sur ses jambes puis parla sur un ton ou l'incompréhension se mêlait à la stupeur et à un certain déni. Elle n'aimait pas les postes à responsabilité et ne pensait pas avoir le profil pour en occuper un avec son impatience et ce côté facilement agacé de sa personnalité, or voilà qu'on lui annonçait subitement une prise de grade ? Difficile de croire qu'on avait pensé à une pauvre agent des bas niveaux pour lui donner la charge d'un poste important. Et s'il avait décidé de cela arbitrairement, certainement que ce serait mal vu par pas mal de monde, donc il ne pouvait pas avoir pris une décision pareille seul et sur un coup de tête... N'est-ce pas ? Elle devait rêver éveillée et, pour s'en assurer, demanda franchement à son patron :

-Vous avez du faire erreur, non ? Je veux dire, depuis quand est-ce que j'occupe ce poste ?

Pitié, faites qu'il dise que ce n'était qu'une farce, ou que ses oreilles lui jouaient de tours.... Ce ne serait pas étonnant, vu la longueur du titre que la membre de Lohendra l'avait entendu prononcer, après tout plus il y a de syllabes plus on a de chances de mal entendre certaines d'entre elles.

[HRP : en espérant que ça te conviendra ! Au fait, ma couleur est lightpink désormais :3]

James se délectait un  peu plus chaque seconde de sa déclaration. En effet, il y a quelques instant, notre jeune conseiller venait d'annoncer sa monté en grade à l'une de ces agents qui avait l'air de n'avoir toujours pas compris ce qu'il lui arrivait.

-Attendez un instant !  

Ah ? Sa jeune acolyte viendrait-elle d'émerger ? Le mécheux se retourna lui faisant ainsi comprendre qu'elle venait d'attirer son attention. La pauvre jeune fille venait de perdre de sa superbe car son visage n'arrivait plus à suivre les émotions qui voulaient s'y dessiner.

-Vous avez du faire erreur, non ? Je veux dire, depuis quand est-ce que j'occupe ce poste ?

Lui ? Commettre une erreur ? Lui qui était le plus grand noble de tout Dena et accessoirement le plus minutieux en ce qui concernait l'analyse ? Etait-elle seulement sérieuse ? L'avait-t'il surestimé ? Bon. Assez réfléchis. Il allait lui répondre à sa façon et puis voilà. Personne n'irait lui demander des comptes de toute façons et il était libre de ses agissement. Les autres conseiller non plus ne pouvaient pas révoquer son ordre concernant la monté en grade d'Edenhyde alors il allait faire comme d'habitude. A SA façon.

-Depuis que je l'ai décidé.  C'est à dire maintenant. Prise de fonction immédiate et cet ordre est non révocable. Vos effet personnel au QG de Lohendra seront acheminé dans votre nouveau bureau dans peu de temps. L'ancien membre occupant votre nouveau poste est malheureusement décédé d'une chute dans un escalier. Fâcheux, non ? Je me dois donc de le remplacer par un membre de confiance et qui fait preuve d'un certain caractère car je hais les personnes en étant dépourvue. Me suis-je bien fait comprendre ?

Pour ponctuer ses dires il gratifia la nouvelle gradée d'un regard lui interdisant de poser la moindre question supplémentaire sous peine d'en pâtir sérieusement.

James avait fait son choix il n'avait rien à y comprendre. Il était gamin et prenait toujours ses décision de la sorte...sauf celles concernant son propre poste ou ses comptes rendus qu'il défendait souvent face aux autres conseiller septique. Bref, passons.

-Nous rentrons.

Bien entendu James allait briffer Edenhyde pendant leurs séjour à Aesus. Pourquoi ne pas lui avoir annoncer le soir ? Pourquoi ne pas l'avoir formuler autrement ? Pourquoi ne pas l'avoir rassurer ou même briffer sur le champs ? Eh bien juste pour la déstabiliser. Chose qu'il avait réussi à faire à merveille.

Désormais, notre Duc fixait sa seconde avait un ère de défit. Allait-elle continuer à poser des question et passer outre les avertissement de James ?

Il n'y a qu'elle pour le savoir.

Jusqu'ici, tout s'était déroulé normalement... Jusqu'ici. Enfin presque, son patron s'était tout de même amusé à lui faire faux bond alors que la mission venait à peine de commencer, mais ça c'était encore autre chose  - et qui en prime rentrait encore dans la « normalité », vu ce qui venait de se passer. Et encore une fois, cela avait un rapport avec James Ruthel. Vraiment, quelle étrange personnage : d'abord il s'éclipsait rapidement alors qu'ils n'avaient pas passé trois quarts d'heure dans la ville, ensuite il la suivait alors qu'ils étaient censés partir chacun de leur côté et, enfin, il s'amusait à lui annoncer de drôles de choses... Aah, peut-être qu'en fait, tout cela – cette visite à Aesus – n'était qu'une source d'amusement pour lui ! En bien quitte à ce que le boss joue, Sywen aurait encore préféré qu'il ne le fasse pas à ses dépends et surtout de cette manière. Mais permettez-moi de vous expliquer tout cela plus en détail : quelques secondes auparavant, il venait d'annoncer qu'elle occupait un haut rang dans sa section et devant témoin en plus, histoire qu'elle ne puisse pas se défiler facilement même si l'homme ne lui en avait de toute manière pas laissé le temps, s'étant éloigné à peine sa déclaration faite. Et si vous me dites que vous auriez tout de suite accepté la chose, auriez poliment pris congés auprès du nouveau kwanita puis auriez docilement et gracieusement suivi l'albinos sans poser de questions, je pourrais dire que vous mentez.

Oh des questions, la jeune femme en avait. À commencer par : pourquoi elle, pourquoi n'était-elle pas au courant, et quand diable avait-elle été promue à un poste dont le nom était à dormir debout ? Ça n'avait pas de sens, c'était comme.... Comme dire soudainement que le pigeon là-bas est en fait une mésange tiens. Quoi qu'il en soit, elle ne savait pas quoi penser – ni ressentir –, cela se lisait sur ses traits quand la kwanita aux cheveux roses avait finalement rattrapé son supérieur. Elle était évidemment surprise puisque à priori, de son point de vue, cela venait de sortir du grand chapeau de James Ruthel. Ensuite, il y avait de l'incompréhension : à supposer que ce ne soit pas qu'une fabulation... Pourquoi donc la choisir, elle qui n'avait que trois ans d'expérience dans la section, était tout en bas de la hiérarchie et ne faisait rien pour en bouger, avait un sale caractère et n'avait même pas trente balais ? C'était totalement improbable. Impensable. Et puis pour finir, il y avait le déni : toujours à supposer que ce soit bel et bien vrai... Ça s'était décidé sans son consentement ! Qui avait dit au directeur de section que Sywen voulait être augmentée, hein ? Sa petite vie tranquille lui allait parfaitement ! Le poste qu'il avait cité, ce serait sans remords qu'elle refuserait de le prendre si on le lui proposait... Et c'était la même bataille, si on le lui imposait.

Pourquoi s'y opposait-elle aussi fermement ? Eh bien parce que se retrouver à ce rang signifierait avoir plus de responsabilités. Beaucoup plus. Et ça, ce n'était pas négociable chez la demoiselle. Devoir participer aux décisions prises dans la section, avoir du boulot plein les bras, ne pas pouvoir se détendre un seul instant au bureau ou lors d'une mission, avoir à gérer une équipe – et donc leurs erreurs et leurs problèmes quand ce n'était clairement pas sa vocation de s'occuper des autres –, tout cela était très peu pour elle. Elle préférait encore sa situation actuelle : un petit boulot qui lui laissait tout le temps de s'adonner à ses loisirs et qui ne lui demandait de ne gérer personne d'autre que sa propre personne, que demander de plus ? En sommes, si son boss ne blaguait pas – ce dont la Lohendra avait bien peur –, sa situation changerait du tout au tout pour devenir ce qu'elle préférait largement éviter. Et je dis bien qu'elle avait bien peur qu'il ne soit pas en train de se ficher de sa pomme, parce que son instinct lui disait qu'il était parfaitement sérieux et assez borné pour ne pas lui laisser le choix. Seulement, s'obstiner était quelque chose qui rentrait aussi dans ses compétences, Sywen ne comptait donc pas le laisser lui imposer quoi que ce soit aussi facilement. Il jouait carrément dans une autre cour si on regardait les postes et elle n'était pas vraiment du genre à remettre l'autorité en question, mais elle n'était pas une marionnette non plus.

N'empêche, il ne sembla pas apprécier que sa subordonnée remette en cause son annonce – c'est qu'elle était allée jusqu'à dire qu'il avait commis une erreur. Le patron lui avait fait un rapide discours qui lui disait que le transfert était immédiat et que toutes les mesures nécessaires seraient prises pour transférer ses effets jusqu'à son nouveau bureau, puis avait expliqué que celui qui occupait précédemment le poste n'était plus de ce monde malheureusement et avait fini par lui demander si tout cela était bien clair. Mais ce qui avait certainement le plus retenu son attention, ce fut le « depuis que je l'ai décidé ». Mais depuis quand est-ce qu'on prend ce genre de décision seul, hein ? D'accord il était chef de section donc peu de gens oseraient redire quoi que ce soit, mais ce n'était pas une raison ! Là, leurs petits camarades auront limite l'impression qu'il a tiré un nom au hasard et avait promu celle dont le nom était écrit dessus. Sauf si lui ne risquait pas grand chose même avec ce genre de comportement, ce ne serait pas du tout le cas pour Edenhyde : on ne la verrai pas d'un bon œil, cette fille qui avait débarqué comme une fleur pour prendre ce dont certains parmi les ambitieux rêvaient probablement. Et franchement, elle pensait avoir mieux à faire que se crêper le chignon avec eux pour qu'ils acceptent sa promotion. Pour le coup, l'homme avait trouvé le moyen de l'agacer profondément.

Quand il lui lança un regard qui sous-entendait clairement que son employée n'avait pas intérêt à répliquer, cette dernière ne tenta pas de se rebeller contre lui... Mais ne se priva pas pour lui décrocher un regard rageur, accompagné d'une lèvre inférieure pincée. Ben quoi, ce qu'elle avait compris c'était que James ne voulait pas l'entendre parler, il ne lui avait donc pas interdit ce genre de réaction. Il voulait du caractère ? Eh bien, monsieur allait être servi. Ensuite, il indiqua qu'il était temps de rentrer et Sywen le suivit sans faire d'histoire jusqu'à l'hôtel. On lui avait effectivement dit qu'ils allaient passer quelques temps à Aesus mais elle ne savait toujours pas pourquoi tout en se doutant était-ce grâce à son boss.
Ils arrivèrent rapidement à destination et posèrent leurs affaires, puis la néo-gradée ne tarda pas à se planter dans la chambre de son supérieur, le dos bien droit et les bras croisés sous la poitrine.

-Hors. De. Question. Articula-t-elle.

Elle parlait bien évidemment de ce qu'il essayait de lui imposer. Mais si les longs discours et l'argumentation n'étaient pas le fort de la jeune femme – qui préférait clairement l'action à la réflexion –, elle n'allait pour autant pas se contenter de cela... Ce serait le meilleur moyen de se faire manger par le noble.

-Vous avez le droit de décider de cela seul ? Ce serait sympa de me demander mon avis, quand même. Mais quoi qu'il arrive, je vais vous le donner : je ne veux pas de ce poste. Vous m'imposez des responsabilités que beaucoup seraient bien plus heureux que moi de recevoir et sont dans la section depuis bien plus longtemps, allez donc les trouver ! Surtout que ces mêmes personnes se feraient un malin plaisir de tout faire pour me descendre si jamais je leur prenais le poste, or sans vouloir être malpolie, ça me ferait clairement chier de devoir leur prouver qu'ils ont tort d'être en colère contre quand on m'a donné ce sur quoi ils bavaient sans que je n'ai rien demandé. Et en parlant d'être en colère, je le suis contre vous. Sérieusement, vous ne vous trouvez pas égoïste là ? Vous décidez de la vie des gens sans rien leur demander, espèce de despote ! Je peux savoir ce qui vous prend, de vous pointer comme un cheveu sur la soupe et de nommer arbitrairement une anonyme à un grade pareil ?

Tout en débitant rapidement tout ce qui était resté contenu depuis l'annonce faite au bord de la rivière Sywen s'était mis à faire les cents pas, mais une fois son monologue terminé elle revint se planter devant son chef et inspira profondément pour reprendre un peu de souffle – parce qu'elle en était presque à court.

-Vous savez ce que j'en pense, James Ruthel ? Ce que vous voulez faire là est idiot.

Ce dernier mot était tombé lourdement. Et le pire, c'est que la demoiselle le pensait sérieusement : c'était une décision complètement insensée, il l'avait prise sur un coup de tête or c'était souvent ces décisions qu'on regrettait par la suite. Donc, elle était complètement idiote. Là, elle croisa de nouveau les bras et le fixa sans aucune retenue. J'ai bien dit qu'elle allait le servir, niveau caractère, non ?

James prit donc la direction de la ville en compagnie de sa seconde récemment promu. Arrivé à l’auberge le noble laissa ses hommes régler la paperasse pendant qu’il se dirigeait vers sa chambre accompagné du maître des lieux. Une fois seul dans sa chambre, le conseiller s’allongea sur le lit de tout son long. A son âge marché autant avec une fille qui n’en fait qu’à sa tête c’est usant, il faut le dire. Néanmoins le duc était un peu déçu…il pensait qu’Edenhyde allait passer outre ses avertissement. Au final elle était comme les autres…s’en était affligeant.

James se releva et entreprit de changer de tenu. Pour se faire, il devait tout d’abord prendre une douche avant d’aller diner et expliquer plus précisément à Edenhyde en quoi consisterait son travail au sein de Lohendra. C’est au moment où le noble pris la direction de la porte pour rejoindre les douches présentent dans le couloir. Et, pour se faire, le noble n’était vêtu que d’une serviette enroulé autour de sa taille et du matériel nécessaire à sa toilette...et c’est là qu’ELLE apparut.
Edenhyde entra dans sa chambre avec un regard en disant long sur ses intentions…

-Hors. De. Question.

Hein ? Elle lui faisait quoi à notre James là ? S’ensuivie alors un énorme discours dans lequel notre conseiller ne resplendissait pas par son intelligence. Elle avait raison sur certaines choses et tord sur d’autres. Le conseiller aurait pu en faire abstraction si sa dernière phrase n’était pas tombée…

-Vous savez ce que j'en pense, James Ruthel ? Ce que vous voulez faire là est idiot.

Outch…Le regard du noble s’obscurcie soudainement à l’évocation du mot « idiot ». Bon. Oui il voulait qu’elle réagisse et qu’elle s’oppose à lui, oui il voulait du répondent, oui il voulait une seconde intéressante  mais là ! LA ! Elle venait de dépasser les limites… Insulter un conseiller lorsqu’il est en fonction est une chose grave qui peut valoir la prison un certain nombre de temps. Mais…James n’était pas comme les autres conseillers. Il était noble. Elle venait d’insulter le plus fin analyste de Lohendra et bafouer son honneur en une phrase… Vous pensez sans doute qu’il allait l’envoyer au cachot jusqu’à la fin de ses jours. Eh bien, oui, il y pensait actuellement. Seulement… il voulait vraiment qu’elle devienne sa seconde d’autant plus que Summer en avait un peu marre d’être la seule femme à occuper une fonction importante au sein de Lohendra.  Il était un peu pris au dépourvu sur le coup…et…ça lui plaisait assez. Alors oui, il était bien entendu furieux mais également amusé car personne n’avait jamais osé s’adresser à lui sur ce ton.

-Soit.

Il prit la direction des douches et lui lança une dernière phrase avant de disparaître de sa vue jusqu’au dîner.

-J’oubliais. Si vous pourriez annoncer votre présence la prochaine fois que vous toquerez à ma porte alors que je suis à moitié nu ça m’arrangerais grandement.

C’est tout. Il ne l’avait pas puni. Il n’avait rien fait. Pourquoi ? Eh bien il y avait fort à parier que la jeune femme allait s’énerver en constatant que James ne la prenait pas au sérieux. De plus, elle devait certainement regretter une partie de ses propos. Le temps que lui laissait notre conseiller avant d’aller dîner lui servirait à réfléchir.

Le conseiller ouvrit la porte menant aux douches et s’y engouffra pour nettoyer son Auguste personne. Il réapparut dans la salle à manger deux heures plus tard car il avait dormis trente minutes. La jeune femme l’attendait. Qu’allait-il encore ce passer lors de cette mission à Aesus ?

Elle perdait un peu plus le contrôle à chaque mot qu'elle prononçait. On ne pouvait pas se méprendre en la voyant faire les cent pas : Sywen était très agitée, et cela avant même de commencer à argumenter seule - preuve en étant qu'elle était rentrée dans la chambre de James sans faire attention à sa quasi-nudité. Elle s'était contenté de déballer tout ce qui lui traversait la tête avec sa franchise habituelle mais maladroite et parfois blessante. Certainement que ce jour-là, emportée par son propre élan, notre demoiselle aux yeux bleus était allée trop loin et avait lâché une phrase en trop. Exposer son point de vue était une chose, se montrer ouvertement irrespectueuse – surtout envers une personne qui était bien plus âgée que nous et occupait un poste important - en était une autre, autant dire qu'elle risquait gros : ce ne serait pas si étonnant que cela qu'il la fasse enfermer pour une petite période à cause de cet affront. Surtout qu'elle se doutait que son patron était quelqu'un de fier, rien qu'avec les quelques bruits qui couraient sur lui et le peu de temps qu'ils avaient passé ensemble, donc quelque part elle avait tenté de l'atteindre. Parce qu'il manquait affreusement de répondant alors que sa subordonnée n'arrivait pas à se calmer et que cela ne faisait que l’énerver encore plus ? Ou simplement parce que la Lohendra était sur les nerfs et avait ressenti le besoin d'être trop directe ? Quoi qu'il en soit, à la réaction du conseiller, on comprenait qu'il n'avait pas apprécié. Enfin à la tête qu'il fit en tout cas.

C'était compréhensible en même temps. Qui apprécierait de se faire traiter d'idiot ? Certainement pas la –  trop – digne Sywen, alors dans le cas du boss qui venait de se prendre cela de la part d'une petite jeune au grade et à la naissance bien inférieurs aux siens... On pourrait croire qu'une telle insulte envers lui provoquerait une confrontation directe - et elle aurait peut-être préféré -, mais à la place l'albinos se contenta d'un laconique "soit" avant de passer à côté de la kwanita aux cheveux roses sans même lui accorder regard. Hé ? C'était tout ? Abasourdie par ce simple mot elle resta plantée comme un arbre, les poings serrés au bout de ses bras ballants, les yeux légèrement agrandis. Attendez, il allait laisser passer ça ? Impossible. Pourtant les choses allaient dans ce sens actuellement, pour son plus grand malheur : sentir qu'on lui donnait le dernier mot sans même tenter de se défendre laissait un arrière-goût amer très déplaisant de victoire non méritée... Battant des cils plusieurs fois pour chasser son hébétude et s'éveiller à la frustration, elle entendit dans son dos la voix du chef de section résonner pour lui faire la morale. Dans cette situation et après avoir magnifiquement ignoré son monologue, cela revenait à la faire passer pour l'idiote de service qui n'avait aucune manière... Et était une excellente manière de la faire piquer un fard. Son visage exprimait toute sa rage quand elle se retourna, juste à temps pour le voir fermer la porte et mettre ainsi fin à l'entrevue – mais aussi la laisser avec la sensation que quelque chose était inachevé. Et c'était frustrant, très frustrant, elle ne put donc retenir une réflexion sortir à voix haute.  
 
-Ce n'est pas comme s'il y avait grand-chose à voir de toutes façons, siffla-t-elle furieusement entre ses dents.

Sywen pivota alors pour aller s'asseoir sur le lit, ou plutôt s'y laisser tomber lourdement en lâchant un soupir. Ses coudes trouvèrent appui sur ses cuisses pour qu'elle puisse réfugier son visage dans ses mains, tandis que ses épaules s'affaissaient brusquement. Mais qu'est-ce que c'était que toute cette histoire ? Qu'est-ce qui lui prenait, au Ruthel ?

Et à elle, alors ? C'était quoi, cette réaction digne d'une gamine qu'on vient de contrarier ? Non contente d'avoir clairement annoncé qu'elle en avait contre son supérieur, la jeune femme avait insulté une personne qui ne le méritait pas. Enfin si, parce que c'était quand même un peu bête de lui offrir une promotion, mais en même temps – et même si elle avait tendance à réagir au quart de tour sans réfléchir - ce n'était vraiment pas une raison pour se laisser aller de la sorte. Elle lui aurait simplement décroché une droite que ça aurait été plus respectueux... Enfin, c'était trop tard désormais. Au stade actuel des choses, tout ce qui lui restait à part sa colère noire qui se dissipait petit à petit étaient les remords. La nouvelle gradée releva le visage pour fixer la sortie et un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres : se laver était certainement une bonne idée, peut-être que cela l'aiderait à se remettre les idées en place. Elle se leva donc à contre-cœur pour retourner à sa propre chambre, récupérer son nécessaire à toilettes et filer dans la douche, le tout en restant tellement pensive qu'elle manqua de peu de bousculer des gens dans les couloirs à l'aller puis au retour.

A quoi réfléchissait-elle ? Aux  véritables raisons qui l'avaient poussée vers un acte d'insubordination. Et ce qu'elle trouva la surprit : quitter son quotidien actuel pour celui d'un membre important de la section ne lui plaisait pas du tout, ça c'était facile à deviner, mais est-ce que ça ne traduirait pas une peur du changement ? La violence de son déni viendrait-elle d'un stress provoqué par cette peur ? Très franchement – et fait rare –, Sywen doutait. Non seulement de ses capacités et du pourquoi du comment de son impolitesse, mais aussi de sa force de caractère – surtout que l'incertitude était déjà en soi une preuve de faiblesse à ses yeux – et du bien-fondé de la décision du noble. Après sa toilette et jusqu'à l'heure du repas elle était restée allongée sur son lit, le regard dans le vague, à trier les informations qui s'étaient accumulées dans la journée.
Quand on la prévint que le dîner était prêt, notre Edenhyde ne se fit pas prier pour rejoindre la salle à manger. Son patron n'était pas encore là, elle choisit donc la table et guetta son arrivée – qui ne tarda pas. Il prit place et, quand il commença à manger, elle cala son rythme sur le sien pour qu'ils finissent à peu près en même temps. Cela fait la demoiselle le regarda sans ciller, avec une expression neutre.

-Je vous dois des excuses. Sa tête pencha sur le côté. Pour m'être montrée aussi directe. Mais sachez j'ai pensé tout ce que j'ai dit, à défaut d'avoir su retenir cette insulte alors que j'aurais dû. Navrée.  

Un sourire étrange tordit alors ses traits. La kwanita attrapa une des fraises dans les corbeilles de fruits disposées ça et là et se pencha sur la table, en posant un avant-bras sur cette dernière pour avoir un appui. Ensuite, elle pointa son vis-à-vis de son fruit, dont la couleur rappelait celle de ses yeux – que les siens ne quittèrent pas, allant même jusqu'à y implanter leur bleu et l'amusement qu'on y lisait.

-Enfin pour être encore plus franche, elle marqua une pause pour gober la fraise, je ne sais pas si vous êtes idiot, si vous avez une confiance absolue en vous-même ou si vous aimez les imprévus et les tests. Je finirai bien par le savoir, après tout désormais nous nous verrons régulièrement.

Cela dit Sywen passa son pouce sur la commissure de ses lèvre pour être sûre qu'on n'y verrait pas de trace du fruit qu'elle venait de manger, puis posa le bout des doigts sur la table et se leva et eut alors l'expression que tout un chacun arbore quand il se souvient de quelque chose.

-Ah ! J'y pense. Avant que nous retournions à la capitale, j'aimerais rendre visite à mon père et le mettre au courant qu'un homme a réussi à donner des responsabilités à sa fille. Il vous félicitera certainement. Ses lèvres s'étirèrent avec espièglerie, avant qu'elle ne s'éloigne de la table de quelques pas. À présent et si vous me le permettez, j'aimerais aller me reposer. Il me faudra être gonflée à bloc pour remplir mon rôle de chef du service des renseignements, quand nous serons de retour à Blaoria.

Sur ce la nouvelle chef de service s'inclina légèrement dans la direction du boss en lâchant un « bonne nuit », puis se tourna en faisant en sorte que sa longue chevelure, attachée en queue de cheval mi-haute, ondule amplement mais gracieusement et prit la direction de sa chambre en gardant le menton bien haut. Non, c'était hors de question de fuir. La faiblesse n'était pas permise. Maintenant que James Ruthel l'avait mise au défi, Sywen Edenhyde ne se défilerait pas – lui montrerait ce dont elle était capable. Ni lui ni elle n'auraient de regret. Et oui, voir cela comme une mise à l'épreuve était le meilleur moyen qu'elle avait trouvé pour accepter la situation, alors... Challenge accepté.

James passa donc à table en compagnie de sa jeune et turbulente subordonnée. Le repas servit était de bonne qualité pour une auberge de seconde zone mais cela convenait parfaitement à notre Lohendra. Il aimait la popularité et les égards dus à son rang mais parfois il se lassait de tout ça. Il fallait le comprendre, recevoir des compliments et des présents de personnes qu’il ne connaissait même pas ça allait bien dix ans…mais un siècle à endurer les courbettes et tout le tralala qui va avec ça avait de quoi vous rendre fous. Voilà donc pourquoi le Duc de Carda avait décidé de séjournée en ce lieu aux cours de leur mission plutôt que dans un hôtel aux multiples étoiles…

Le diner fut assez long car James aimait prendre son temps pour apprécier les bonnes choses et manger en faisait partie. Edenhyde mangea au même rythme que le conseiller ce qui le surprit un peu lui qui pensait qu’elle allait tout avaler en quatrième vitesse pour ne pas avoir à partager un repas avec lui… Enfin bref, le temps passa jusqu’à ce qu’Edenhyde s’excuse envers lui d’une drôle de façon :

-Je vous dois des excuses. Pour m'être montrée aussi directe. Mais sachez j'ai pensé tout ce que j'ai dit, à défaut d'avoir su retenir cette insulte alors que j'aurais dû. Navrée.

Ah bah le conseiller avait bien compris qu’elle pensait ses dires vus la tête qu’elle avait tirée en lui annonçant. Mais le fait qu’elle s’excuse envers lui prouvait qu’elle avait quand même un peu de respect pour ses supérieurs ce qui n’était pas trop mal vu ce qu’elle lui avait lancer à la figure dans la journée il y avait de quoi en douter. La jeune femme continua donc à parler jusqu’à révéler à son patron qu’elle acceptait de devenir sa seconde.

Un sourire satisfait apparut sur le visage du noble. Comme il l’avait prévu la jeune femme avait fini par accepter. Le fait de ne pas avoir relevé l’affront et de la laisser réfléchir avait fonctionné. Le conseiller arrivait toujours à ses fins…ça en devenait effrayant. La jeune femme quitta la salle dans un « bonne nuit » laissant Ruthel seul face à ses réflexions.

Après avoir fini son verre le conseiller quitta la table pour se rendre à l'étage. Il s'arreta devant la chambre de sa nouvelle seconde et y entra après avoir frappé et s'être annoncer il se doit. Le noble entra après avoir obtenu  le consentement de la jeune femme. Il avait quelque chose à lui dire. En effet, lorsque là jeune femme avait tiré son horrible monologue au conseiller elle lui avait posée une question à laquelle James n'avait pas répondu mais il comptait bien y répondre.

Edenhyde se tenait assise sur son lit, un ilvre à la main. Le conseiller s'adossa contre le mur en la fixant d'un regard beaucoup moins froid qu'à son habitude.

-Pourquoi vous ?

Il prit un longue inspiration avant d'ajouter:

-Parce que vous n'avez pas demandé ce poste pour le pouvoir ou pour le salaire ou encore pour je ne sais quelle raison. Je vous ai confié ce poste car vous aimez votre boulot et ça se voit ! Vous valez bien mieux que toute les énergumène prétendant à ce poste. De plus je ne suis pas contre avoir une seconde avec un caractère comme le votre ça change des gros lèche botte qu'on se trimbale à longueur de journée.

Il sourit à sa subordonnée d'un sourire sincère ce qui est très rare avant d'ajouté:

-Pour votre père c'est d'accord mais c'est bien parce que c'est la première fois que quelqu'un qui m'insulte d'idiot reste en vie...

Il quitta la pièce en laissant sa seconde réfléchir à la scène qu'il venait de se jouer. En effet c'était très rare que James s'exprime normalement...

...peut-être allait-il changer au contact de cette jeune femme ?

Sywen était du genre à s'emporter rapidement, à dire ce qui lui passait par la tête sans réfléchir aux conséquences quand on jouait avec ses nefs. Et elle le savait parfaitement, c'était peut-être ça le pire. Quand on a un caractère pareil et qu'on ne veut pas créer d'ennuis, en général, soit on apprend le self-contrôle soit on se tient à l'écart des personnes qui pourraient bien essuyer le contre-coup de son agacement. Mais non contente de se laisser facilement aller à un excès de franchise elle était aussi du genre fonceuse qui ne veut pas tourner autour du pot, n'aime pas garder les choses pour elle-même et ne veut pas prendre le temps de voir si les choses se tassent – tout simplement parce que dans sa logique, si à un moment on ne parle pas on ne le fera jamais or les non-dits pèsent plus que toutes les paroles blessantes qu'on peut prononcer. Mieux valait la jouer franc-jeu, n'avoir aucun regret et espérer que ce déballage allait assainir la situation, plutôt que de se taire en se disant que de toute façon tout ira bien, que le temps fera son office, que ce n'est qu'une mauvaise période à passer : c'est ce genre de raisonnement qui créera une barrière telle que vous vous direz qu'au final, balancer tout par la fenêtre et provoquer une casse complète et irrémédiable aurait été mieux. À force de tout garder pour soi on en oublie que nous ne pouvons pas indéfiniment nous rajouter du poids sur le cœur, mais on le sent clairement.

Cependant, si l'honnêteté n'était à la base pas une mauvaise chose, il ne fallait pas non plus en abuser. C'est exactement ce qui lui était arrivé quand Sywen avait débarqué comme une furie dans la chambre de son supérieur, prête pour la bataille. Une chance qu'il ne se soit pas montré hyper susceptible, sinon ça aurait pu mal finir pour elle. Mais de toute évidence il savait s'y prendre avec les têtes fortes et brûlées dans son genre : si on leur laissait un temps de réflexion, ils réaliseraient leurs erreurs par eux-même et demanderaient pardon quitte à ce que ce soit à reculons, c'était l'un des points positifs de la franchise dont elle était dotée. La jeune femme aimait que tout soit en règle, donc si elle devait remercier ou s'excuser ou quoi que ce soit d'autre ce serait fait – c'était mieux que de laisser passer en pensant que l'autre avait oublié ou oublierait, encore une preuve que dire ce qui nous vient à l'esprit est mieux. Au moins on ne pouvait pas dire qu'elle manquait de droiture d'esprit, c'était plutôt le contraire même. Ruthel avait donc eu droit à des excuses, mais aussi à une victoire puisque sa subordonnée acceptait de prendre du grade. Oh elle avait l'impression qu'il savait que cela allait arriver, ne serait-ce qu'au sourire qu'il avait affiché en entendant la nouvelle, mais en même temps le conseiller avait su réagir de manière à ce que la kwanita rosée se canalise, du coup elle voulait essayer de travailler sous ses ordres. De voir comment ça allait se passer, comment ils allaient s'entendre et comment il allait s'en sortir avec une seconde pareille. Et puis c'était un peu un défi personnel, d'accepter ce genre de poste qui lui faisait horreur.

Cela dit Sywen était retournée dans sa chambre, s'était changée et avait lutté pour passer un coup de peigne dans ses cheveux avant de s'affaler littéralement sur son lit, un livre à la main. Il s'agissait du troisième tome d'une série qu'elle avait découverte récemment et qui la passionnait, rien de mieux pour se détendre un peu avant de dormir. Mais alors que ses yeux suivaient avidement les lignes, un bruit la sortit de sa bulle. On venait de toquer à sa porte, et ce fut James Ruthel qui s'annonça. Intriguée de savoir ce qu'il avait à lui dire elle s'assit sur le rebord du matelas avant de lui indiquer qu'il pouvait rentrer, puis le suivit du regard sans rien dire tandis que l'homme prenait place contre le mur en une entrée toute en simplicité et en sobriété qui l'étonna un peu de sa part. Le regard qu'il lui adressa était différent de ceux qu'il avait montré jusqu'ici, il était plus chaleureux, cela la rendit encore plus curieuse.
Finalement le patron décida de lui dire pourquoi l'avoir choisie elle et pas un autre, allant jusqu'à dire que la demoiselle valait bien mieux que ses collègues, le tout dans un discours qui la gêna un peu et qu'il termina en disant que sa personnalité était originale au moins. Le sourire qu'il lui adressa alors la laissa pantoise tellement elle ne s'y attendait pas, mais il ne lui fallut pas longtemps pour y répondre – encore heureux parce qu'il avait encore quelque chose à ajouter, qui était non seulement son accord pour rendre visite à son père mais aussi un trait d'humour qui la fit sourire.

-Merci, chef.

Pour à peu près tout ce qu'il venait de dire. Et pour s'être montré aussi sincère dans son ton et dans son expression aussi, chose à laquelle Sywen ne s'y attendait pas du tout, tout comme elle n'aurait jamais imaginé que son responsable lui parlerait de manière aussi... Normale. Vous me direz : « mais qu'est-ce qu'une manière normale de parler ? », eh bien disons simplement que jusqu'ici, lors des rares fois où il avait pris la parle en sa présence, son ton était soit hautain – noble –, froid, mystérieux - laissait deviner qu'il avait une idée en tête. Du coup, le voir aussi familier était une nouveauté.
Bref, à peine avait-elle fini de parler que l'albinos s'en alla, la laissant seule avec ses pensées. Ce qui venait de se produire là était étrange et, en même temps, la faisait encore plus se demander ce qui allait se passer dans la section Wakanda et entre eux. Si cela se trouvait, ils allaient finir par bien s'entendre.

Mais passons, car c'était l'heure de se reposer. Après une nuit passée à dormir paisiblement, la nouvelle cheffe de service s'était préparée tôt pour se rendre chez son père à qui elle annonça sa promotion en lui racontant la petite histoire. Il en rit beaucoup avant d'exprimer sa fierté, puis ils continuèrent à parler de tout et de rien.
Peu de temps après les deux membres de Lohendra retournèrent à la capitale où sa nomination pour le poste vacant fut annoncée et elle prit ses fonctions le jour même. Parce que sinon, ce ne serait pas drôle hein. Adieu le petit quotidien tranquille d'employée de bas rang, désormais Sywen allait être un peu plus occupée... Et allait aussi avoir l'occasion de voir quelle attitude James avait au boulot, voilà qui allait être drôle puisqu'elle ne savait pas encore - ou plutôt pas à quel point - qu'il y avait de quoi devenir un pro pour tirer les oreilles.


[Rp terminé ! ♥]