Le caractère de Gher pourrait être à première vue considéré comme celui d'un paresseux classique. Ce qu'il a été pendant de nombreuses années. Mais depuis que son pouvoir s'est réveillé, il voit le monde différemment, il le comprend d'une autre manière. Et cela l'épuise énormément, ce qui a tendance à le faire sombrer dans la narcolepsie impromptue, profitant du moindre moment pour s'endormir et faire une sieste. On l'aura comprit, ce n'est pas que ce jeune homme n'aime pas le travail, c'est juste ce qu'il appellerait une incompatibilité avec son corps et son esprit. Ce n'est pas qu'il n'aime pas faire les efforts, c'est juste que ça craint de devoir faire des choses durant lesquelles il risque de s'endormir et qui au final, ne lui apporterait rien de plus que de rester allongé à contempler le ciel. Et du fait de cette nature, il n'aime pas les conflit, grand pacifiste dans l'âme, l'idée même de la guerre ou des crimes l'attriste. Comment l'homme peut-il chercher à faire mal à autrui et sacrifier ainsi sa vie alors qu'elle est déjà tellement courte qu'il ne pourrait pas découvrir la moitié des vérités sur ce monde ? Parfois poète et écrivain, il essaye pour le moment de rassembler ses idées dans une thèse qu'il écrit et qui s'intitule ''Siestes et idées éthérées de la compréhension''. Livre fétiche qu'il garde toujours sur lui pour y écrire divers idées qui lui passe par la tête.
   

Les yeux entrouvert contemplaient l'horizon. Ils étaient d'un brun profond. Ils se fermèrent. Gher était un jeune homme plutôt bien bâti. Sous ses airs paresseux et sa nonchalance de tous les jours, il passait pas mal de temps à s’entraîner et à entretenir son corps dans une forme qu'il jugeait convenable. Il était souvent revêtu de sa tunique bleue habituelle, une cape attachée négligemment autour de son cou. Un coup de vent ébouriffa ses cheveux assez long d'un brun si sombre qu'il semblait être noir la plupart du temps. Il soupira, ses doigts effleurant son totem qui reposait au creux de sa main. Il se concentra et se mit à visualiser une rune. Elle représentait la quiétude d'un endroit. Alors que l'image se formait dans son esprit, elle se dessina en lignes rouge flamboyante dans ses iris, luisant brièvement dans la nuit.
   

Qu'importe le temps qui s'écoule, toute histoire à un début et une fin. Et c'est ainsi que commença celle de Gher. Il fût élevé par ses parents en toute quiétude dans un petit village en bordure de Blaoria. Vivant dans une maison plus proche d'un manoir, le jeune garçon profitait de l'aisance de vie qu'apportait le statut de son père qui travaillait à la capitale pour les instances qui géraient la ville. Mais malgré les cours à domicile et autres plus qu'apportait un tel train de vie, le jeune homme ne tarda pas à exaspérer ses géniteurs. En effet, dès son plus jeune âge, il développa une paresse à toutes épreuves qui était en fait le seul moyen qu'il eut de se protéger des moqueries de ses camarades et ainsi que le début de ce qui allait devenir son train de vie. Et histoire de bien rassurer ses parents, il ne trouva pas son totem avant un bon bout de temps. Ce fait là en fit également un genre de paria parmi les garçons de son âge qu'il fréquentait avant. Déjà qu'étant d'une calsse sociale plus haute que la moyenne, sa différence avec les autres faisaient qu'il était encore plus seul. Mais cela n'eut pas beaucoup d'importance pour lui après tout, c'était trop fatiguant que de devoir prêter attention. C'est ce qu'il se disait. Traité de fils à son papa, de gosse de riche par les uns, d'incapable dû à l'absence de son totem, et de son manque de motivation par les autres, il s'isola bien vite, loin des soucis de ses gens qui lui semblait tellement enfermés dans leur propre principe. C'est ainsi qu'il décida de ne jamais se laisser influencer par la société dans ce qu'il serait. Et qu'il profiterait de ce qu'il avait sans se prendre la tête.

Cependant, le jeune homme souffrait intérieurement. Il avait en effet un vide en lui causé par ce manque de reconnaissance et de contacts sociaux, de tout ce qui le distinguait des autres. Il prit l'habitude de souvent s'isoler sur une petite colline un peu plus loin du village afin de paresser et de regarder le ciel. C'est ainsi qu'il passa de nombreux moment à méditer en contemplant le bleu azur de l'horizon ou les astres brillants dans le firmament. Alors qu'il continuait de grandir vint en lui l'envie caractéristique de tout homme qui atteint un certain âge. Dans le petit village, il y avait toujours cette fille. Elle l'obsédait, elle emplissait toutes ses pensées et l’empêchait de réfléchir. Mais que pouvait il dire ou faire ? Lui dont personne ne voulait, le fils d'un riche qui n'avait pas encore trouver son totem, lui le paresseux rêveur qui passait son temps à contempler un monde éthéré qu'il était le seul à percevoir ? Il n'en savait rien et digérait sa douleur dans la douceur du soir en écrivant sur papier l'assemblage que formait ses pensées éparpillées.

Un soir, alors qu'il griffonnait des notes sur un carnet à la lueur du soleil couchant, un bruit se fit entendre derrière lui. Vingt-deux ans qu'il errait dans ses rêveries. Il tourna mollement la tête se demandant quel animal venait le déranger, à moins que ce ne soit quelconque voyageur égaré. Et là il la vit, cette fille qui lui plaisait tant, avec sa belle chevelure brune , son regard un peu vague. Elle lui souriait un peu maladroitement. Ils se rapprochèrent. Elle lui dit qu'il l'intriguait à être souvent à part, il lui dit qu'elle lui plaisait. Ils finirent par passer la nuit ensemble à la belle étoile. Au matin elle lui avoua qu'elle devait quitter la ville avec ses parents et que c'était ce qui lui avait donné le courage de venir le voir. Elle lui dit adieu avec un sourire gêné. Il ne la revit plus jamais., gardant d'elle l'image d'une fille qui s'enfuyait sous le soleil levant, son odeur encore flottante dans sa tête. Il revint le lendemain soir, mais aucune trace d'elle ne subsistait,si ce n'était dans ses souvenirs. Il passa la nuit à rêver d'elle, le regard perdu dans les nébuleuses d'étoiles. Il fut néanmoins tiré de sa rêverie par un événement des moins anodins. Une étoile semblait grossir dans le ciel. Elle brillait de plus en plus. Gher ne put s’empêcher de la fixer dans son approche. Elle semblait si magnifique, d'une lueur qui oscillait entre lumière chaude et lumière froide. Il se sentit bien, comme réchauffé par sa présence... Jusqu'à ce qu'il y eu un flash de lumière et de chaleur, suivit par une onde de choc qui projeta le jeune homme un peu plus loin. Il plongea dans l'inconscience.

Son âme se mit à vibrer. Il sentait son esprit se débattre douloureusement. Comme si une vieille blessure en lui s'était mise à piquer sous l'effet d'un remède à la guérison aussi douloureuse qu'efficace. Puis vint une sensation de froid subite, suivit d'une intense vague de chaleur. Un battement de cils. Tout son corps commençait à lui répondre doucement, déchirer par une souffrance qui commençait à s'évanouir. Il s'assit et cligna des yeux, sa tête lui tournait. Que c'était-il passé ? Il contempla autour de lui d'un air hagard. Il était sûr qu'il était encore à coté de la colline où il se réfugiait, mais elle n'y était plus. À la place, un grand cratère. Fumant. Il pouvait voir quelques foyers encore entrain de mugir des flammes. Il se releva. Des courbatures de ses muscles trop sollicité après un traumatisme se firent sentir. Mais pour une fois Gher sut qu'il devait y aller. Aucune trace de son habituel flegme. Il descendit le long des parois du cratères. Quelque chose l’appelait. Et s'il était encore vivant il savait que c'était grâce à cette chose. Et là il la vit, brillante au milieu du paysage au airs apocalyptique. Un rocher gros comme un point, luisant de reflets dorés le long de sa surface noire. Au fur et à mesure qu'il s'en rapprochait, des traits lumineux se dressaient devant ses yeux. Il traversa le cercle de cendres l'entourant et tandis une main vers le rocher.

Quand il le toucha, un grand flash lumineux apparu dans son esprit avec une rune brillante comme le métal qu'il venait de toucher. Il en comprit directement le sens. Elle désignait le mot totem. Non pas juste comme le mot totem les désignait non, elle était plus loin que ça, c'était une compréhension d'un autre niveau. Et ce n'était pas n'importe quel totem. C'était son totem. L'essence même de celui-ci matérialisé dans son esprit. Il n'aurait pu l'expliquer si on lui avait demandé. Le totem n'était pas vivant, sa magie non plus, mais cela ne l’empêchait pas d'avoir comme un instinct, une volonté de le retrouver, un genre de force ayant un but, mais sans en avoir conscience, ou pas sur ce plan d’existence ci. Comme mû par leur propre volonté, les doigts de Gher tracèrent à la surface froide de la roche métallique qui reposait dans le cratère fumant. La matière se mit dès lors à luire et a frémir, ses contours se brouillèrent tandis qu'elle prenait peu à peu la forme d'un sceau hexagonal. Sur la surface miroitante de celui-ci se traça la rune que venait d'exécuter le jeune homme. Il sentit une chaleur douce et plaisante l'envahir tandis que le monde semblait changer imperceptiblement devant ses yeux. Il fixa une des flammes qui se balançait au gré du vent qui s'élevait doucement. Il se concentra sur le feu, voyant apparaître quelque chose en leur sein. Elle flamboyait là, en leur cœur, entrelacs délicat de traits d'un rouge orangé qui rugissaient d'une sauvagerie féroce. Son totem vibrait avec plus d'intensité au fur et à mesure que les lignes se gravaient dans la mémoire du jeune homme. Il leva une main et retraça le dessin qui flamboyait devant lui. À peine celui-ci finit une déflagration retentit tandis qu'un jet de flamme jaillit de la rune qu'il venait de tracer pour filer sur quelques mètres avant de s'éteindre doucement. Gher leva la tête et sourit. Il l'avait enfin trouvé. C'était son pouvoir, son totem. Et il lui ouvrait un nouveau monde...

Le jeune homme rentra chez lui en toute quiétude. Il passa devant ses parents qui semblaient tout affairés de le voir enfin rentrer après deux jours d'absence. Deux jours que Gher n'avait pas vu passé, absorbé par les découvertes qu'il faisait avec son totem. Mais il avait du rentrer. Il se sentait las, si las d'avoir appris tant de choses. Ses yeux étaient lourds. Le sommeil le menaçait à tout instant. Tant et si bien qu'à peine rentré dans sa chambre il tomba endormi comme une masse sur son lit. Il finit par se réveiller deux jours plus tard. Entouré de ses parents, toujours inquiet . Il les rassura, leur dit qu'il avait trouvé son totem et qu'il devait de ce pas aller faire fabriquer son talisman. Il passa ensuite les quatres années suivantes de sa vie à parcourir le monde pour découvrir plus de runes et atteindre une autre compréhension du monde. Mais il logeait toujours chez ses parents, et cela exaspérait son père de ne pas le voir travailler. C'est ainsi que son paternel alla trouver des relations à lui pour lui faire passer un entretien d'embauche à moitié faussé par l'influence de son géniteur. Mais pour bien lui faire comprendre, son père le menaça de le chasser de la maison s'il n'arrivait pas à avoir ce job. Gher avait bien changé durant ces années, mais pas sa flemme qui devenait légendaire tellement son manque de motivation pour le monde ''pauvre'' dans lequel les autres se tuait à essayer d'atteindre des rêves illusoires plutôt que de profiter de ce qui leur était offert. Même si les entretiens d'embauche ''ça craint'' selon lui, il s'est forcé à y aller. Parce que disons le, trouver un autre logement que le manoir familial aurait été bien plus épuisant.

C'est donc ainsi qu'il se retrouva dans un bureau du Wakanda avec ses lettres de recommandations et toute cette paperasse qui l'exaspérait à demi-mot. Mais quand il rentra dans la pièce, il remarqua directement une chose, une surprise à laquelle il ne s'attendait pas. Son futur employeur était bien mieux que ce qu'il eu pu rêver. Le jeune homme ne parvint pas à s'empêcher de rentrer tout sourire dans le bureau. Il fallait le dire, elle était bougrement mignonne, cette jolie jeune femme assise derrière le meuble en bois, mais il sentait un truc en elle, il ne su et ne sait toujours pas dire quoi. Toujours est-il qu'il fit l'effort de faire un entretient un peu convenable. C'est ainsi, au terme de cet entretient qu'il intégra cette section. Et cela fait un peu moins d'un an qu'il exaspère sa patronne. Mais il n'a toujours pas abandonné l'idée d'un jour lui montrer le monde comme il le voyait...