Ca recommençait. Gwendäl s'était encore enfuie, comme d'habitude. Autrefois, elle ne serait jamais partie sans demander l'accord de ses tuteurs. Pourtant, les tentatives de fugues étaient, de plus, en plus courantes. La jeune femme n'avait strictement rien à reprocher à sa famille adoptive, seulement qu'elle estimait avoir le droit de visiter le "nouveau-monde", Dena. La Voldacar avait le droit, elle était majeure et libre depuis longtemps ! Après tout, il faut bien se l'avouer. L'île d'Heka a beau être vaste et inexploitée, on finit toujours par s'y ennuyer, au bout d'un moment. Toujours le même entourage, toujours les mêmes manies. Du point de vue de Gwendäl, c'était tout comme être enfermée dans une cage. Il faut savoir une chose, ce n'est pas le genre de femme à rester silencieuse et inactive toute sa vie. Si l'énergumène s'ennuie ou qu'une idée lui déplaît, elle part, tout simplement. Cette fois, ça crise était dirigé vers Heka, la patrie qui l'avait vu naître. Au bout de 22 ans, Gwendäl n'en pouvait déjà plu de vivre là-bas.

C'est ainsi qu'elle s'était dirigée vers le portail menant vers Dena, bien qu'ayant, dans la précipitation, oublier de prendre un quelconque sac. Oui, il lui fallait un sac. Cette fois, la jeune femme n'avait pas prévu de revenir tout de suite, elle comptait bien emménager là-bas. Malgré ce qu'on pourrait croire, Gwendäl ne regrettait rien. Personne ne l'avait retenue, de toute façon. Les autres avaient commencé à s'habituer à la voir partir, pour eux, c'était devenu commun. Du côté de la Voldacar, c'était beaucoup plus effrayant que ça. Elle n'était allée de ce côté du monde qu'une seule fois, pour se faire agresser directement par un monstre niveau trois. Hormis les rencontres que Gwendäl avait faites là-bas, elle en gardait un assez mauvais souvenir. Si on lui avait laissé le choix, l'Hekienne serait bien restée quelques minutes de plus à hésiter. Malheureusement, la nouvelle garde chargée de surveiller le portail était assez impatiente. L'un d'entre eux ne se gêna pas pour la pousser fermement, la faisant tomber de l'autre côté. Évidemment, à chaque fois qu'elle se rendait à Dena, il fallait que Gwendäl tombe dans la neige. Pour une fois, elle s'était vite ressaisie, partant immédiatement à la découverte de ce vaste monde. Ça commençait bien. Directement, Gwendäl avait ignoré le salut des gardes, prouvant ainsi son impolitesse à la nation adverse.

Pour une fois, Gwendäl visait beaucoup plus haut. Sa destination était la capitale, Blaoria. Son voyage était élaboré. Elle avait étudié pendant plusieurs heures l'île de Dena. Certes, les livres ne contenaient pas toutes les informations sur l'endroit, mais ça lui suffisait. Par rapport à la première fois où la nomade était venue, elle savait au moins qui était le roi, c'était déjà ça. Igniorante et insouciante en toute circonstance, c'était déjà un exploit qu'une jeune femme de son caractère se soit mis à étudier un pays étranger. C'est facile de lui donner un air de personne motivée, déterminée et ayant parfaitement retenu tout... Mais ce n'était pas son cas. Un léger sourire et peut-être que son ignorance serait vite oubliée, enfin, Gwendäl l'espérait. Il ne fallait pas s'attendre à qu'elle sache tout dans les moindres détails, justes les grandes lignes. C'est pour ça que la Voldacar savait où s'orienter ; la capitale, Blaoria. Centre de tout travail, demeure du gouvernement et du roi. Quoi de mieux pour commencer l'aventure ? Décider à partir, ce qu'elle ne tarda pas à faire, alimenter simplement par l'envie de découvrir de nouveaux horizons. En même temps, Gwendäl s'imposait un changement radical. Plus de monstres au coin de la rue, plus de meurtres toutes les heures... Une nation saine. Si elle ne le voyait pas de ses propres yeux en ce moment-même, la lunatique qu'elle est aurait cru à un conte de fées.

Heureusement pour Gwendäl, la route n'avait pas été aussi épuisante qu'elle l'aurait pensée. Seulement un peu de temps et d'argent. Un peu. Elle avait tout sauf les moyens de s'acheter de la nourriture de luxe en quantité, c'était déjà un miracle que la nomade ait pu se nourrir. Dans tous les cas, elle était finalement arrivée dans la capitale. Une capitale peuplée, c'est le moins qu'on puis ce dire. Gwendäl se fit immédiatement surpasser par les évènements, se perdant dans les rues, la tête gonflée. Les festivités ne la dérangeaient pas, bien au contraire. Un tel amas de personne, par contre... C'est infiniment plus bruyant. Se retrouvant au final dans une ruelle isolée. Pas une impasse, simplement une ruelle. Surprenant une conversation entre deux hommes, la Voldacar n'hésita pas pour les écouter discrètement, cachée par une palissade en bois. Les deux hommes parlaient d'un certain groupe, d'une certaine section. Pour une fois, Gwendäl était anormalement attentive à cette conversation. On parlait de postes disponibles, d'un potentiel travail juste devant elle ! Pourquoi se priver ?

Gwendäl déambulait plus dans les rues qu'autre chose, se rendant sur le coup vers le siège de Lohendra. Cette fois, le chemin fut laborieux. Elle ne savait absolument pas où se trouvait le bâtiment en question et l'avait confondu avec le bâtiment du roi. Autant vous dire que la nomade n'avait pas eu un accueil charmant, elle s'était faite rejetée, tout simplement. Finalement, la jeune femme avait tout de même trouvé ce qui semblait être le siège de Lohendra, accostant directement un des gardes surveillant la porte. Légèrement pressée, elle n'avait même pas pris la peine d'observer la splendeur du bâtiment, déjà en train de parler à des inconnus, comme à son habitude.

« Excusez moi, j'ai vu une annonce pour un poste dans la section Wakanda...on m'a dit de venir ici...le siège de Lohendra, je présume ? »