Silence brisé
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 Silence brisé

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MessageSujet: Silence brisé   Silence brisé Icon_minitimeDim 30 Juin - 20:08

La brume matinale venait tout juste de se dissiper lorsque Pain ouvrit les yeux, lentement. Le jour peinait à se lever, la brise était fraîche, caressant avec froideur son visage encore endormi. Simplement adossé à un reste de mur d'une maison, il s'était certainement écroulé ici la veille, bien que le fait qu'il passe une nuit au village soit occasionnel. Jamais rien ne venait troubler son sommeil, si ce n'étaient les cauchemars ou les rayons du Soleil.
Prenant son temps pour réaliser qu'il était réveillé, il posa finalement une main devant lui comme appuis pour se dresser sur ses deux jambes. Après une grande inspiration, il regarda autour de lui avec lassitude, comme s'il vérifiait que tout était normal, que rien n'avait changé, qu'il était bien là où il était supposé être. Le silence l'apaisait, le ruissellement de l'eau le rassurait, il était bien « ici », et il était bien seul.

Sans même s'étirer, l'albinos entama une marche pour traverser les ruines. Une nouvelle journée avait débuté, aussi identique à la précédente qu'à la suivante, aussi vide que son existence. Pourtant il ne semblait pas s'en soucier, et avançait d'un pas machinal, les mains enfoncées au fond de ses poches, le visage fermé. Il n'avait pour le moment pas faim, bien qu'il ne cracherait pas sur un peu de viande fraîche, et se contenta alors d'aller se désaltérer à la rivière. Sans s'inquiéter de tremper ses chaussures et ses vêtements, il s'avança jusqu'au milieu du cours d'eau, puis se pencha afin de boire l'eau récupérée au creux de ses mains. Une fois, deux fois, puis il laissa retomber ses bras le long de son corps, lâchant en même temps un soupir à fendre l'âme.

Finalement, il s'assit sur un rocher dépassant de l'eau, les pieds toujours au frais. Et soudainement, ses yeux se dirigèrent vers la sortie du village, vers ce chemin de terre qui fuyait vers l'horizon, menant on-ne-sait-où. Il avait toujours cette étrange sensation lorsqu'il le regardait, comme s'il se demandait jusqu'où pouvait bien s'étendre le monde là-bas, tout en ayant peur de ce qu'il pourrait y avoir. Non, il était « bien » ici, et il ne bougerait pas. Ses yeux se détachèrent alors du sentier pour contempler l'eau glaciale qui léchait ses chevilles. Il ne les sentait déjà plus, semblant perdu dans quelque rêverie.

S'il dévorait tout ceux qu'il croisait, il était loin d'imaginer qu'un jour quelqu'un puisse venir troubler ce frêle équilibre, briser son silence. Ce à quoi il s'attendait encore moins, c'était que ce jour arriverai bientôt. Après tout, il ne pouvait pas continuer à tuer des personnes gratuitement et impunément sans que quelqu'un s'en aperçoive...


Dernière édition par Pain P. le Lun 1 Juil - 14:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Silence brisé   Silence brisé Icon_minitimeLun 1 Juil - 13:04

Un bruit sourd résonna dans le long bureau du général. S'ensuivit rapidement un lourd soupir. Depuis quelques temps, il recevait de plus en plus de missives des quatre coins de Dena. Et les bonnes nouvelles se faisaient rares. Ça lui donnait un travail considérable. Il avait besoin de vacances. Voilà.

Quelques minutes plus tard, le commandant pénétra dans la pièce, les bras chargés de paperasses. Ils devraient songer à faire des économies de papier, un de ces jours. Les archives de Lohendra constituaient à elles seules la majorité des souterrains du grand bâtiment. Qu'importe, sans prononcer un seul mot, le commandant déversa son flot de nouveaux documents sur le bureau et fit demi-tour avant de quitter la salle. Alistair n'avait levé les yeux qu'à son arrivée. Une fois seul, il s'installa dans le fond de son siège et saisit un papier au hasard. Ah tiens, cette histoire-là. Il en avait déjà entendu parlé à de nombreuses reprises. Un soit disant démon hantait un village abandonné dans les plaines. Un village tout ce qu'il y avait de plus paumé. Alistair, ayant passé sa vie entière en ville, croyait peu au folklore régional. Tout au plus devait-il s'agir d'un monstre tout ce qu'il y avait de plus banal. Mais tout ceci était étrange. Premièrement, les monstres avaient tendance à passer leurs vies dans les régions montagneuses et enneigées. De plus, les faits relatés se produisaient toujours au même endroit. Le général n'avait jamais entendu parler de monstre sédentaire. Il s'étonna encore une fois du manque d'activité de ses troupes sur l'affaire. Le commandant aurait tout aussi bien pu diriger les opérations. Peut-être souhaitait-il lui déléguer cela, en le plaçant premier sur la pile de documents. Soit, il voulait des vacances, il les aurait... à sa manière.



Habillé de sa veste blanche et jaune de général, Alistair s'était donc rendu en toute hâte sur le terrain, aux aurores du lendemain. Il n'y était pas allé depuis un certain temps, et cela le manquait énormément. Tout de même entouré d'une bonne dizaine de chevaliers chargés de "protéger sa personne", le général disposait néanmoins d'une certaine liberté. En suivant le chemin depuis plusieurs minutes à pied, le blond aperçu bientôt les toits calcinés du fameux village abandonné. Sans se préoccuper un seul instant de ce qu'il pouvait bien lui arriver, il poursuivit avec la même allure, jusqu'à pénétrer dans le village. Effectivement, le décor était digne d'un film d'horreur. Il y avait un certain nombre de cadavres au sol. Dans l'instant, il fallait barrer la zone. En se tournant vers son petit escadron de chevaliers, le général se demanda s'il était vraiment judicieux de s'occuper de telles formalités. Barrer la zone était utile en ville, mais ici, il n'y avait strictement personne. Alors, à défaut de mieux, il s'adressa à ses collègues :

-Évacuez les éventuelles personnes et cherchez-moi ce fameux démon. Si vous devez le tuer, faites-le, je ne veux plus entendre parler de cette histoire à mon retour.

Les chevaliers acquiescèrent en cœur et se scindèrent en trois groupes. Deux hommes l'accompagnèrent alors que le général pénétrait déjà dans une maison calcinée. Rien. Il n'y avait pas âme qui vive. Avec le temps, Alistair se demanda si on l'avait pas abusé sur cette affaire. Mais alors qu'il semblait avoir perdu tout espoir de découvrir un quelconque indice, il crut apercevoir quelqu'un aux abords de la rivière. En fronçant les sourcils, le blond attira l'attention de ses deux gardes du corps et les invita à le suivre.

Il fut bientôt à une bonne distance d'un homme. Un jeune homme. Les cheveux blancs, les yeux dans le vide, puisqu'il n'avait pas même l'air de le remarquer. Assis sur un rocher, il se contentait visiblement de fixer l'eau. Des yeux rouges, aussi profonds que les siens. Si Alistair ne dégaina pas tout de suite son épée, en revanche, ce ne fut pas le cas de ses deux collègues. Il les tempéra alors aussitôt, sans sourciller un seul instant. Cet homme ne semblait pas du tout effrayé par l'endroit, et c'est ce qui mettait la puce à l'oreille du général. Alors, en s'approchant un peu plus, il entra finalement dans le champ de vision de l'autre homme. Les bras croisés, planté comme un "i", il lança assez fort pour être entendu :

-Garçon, la zone est fermée, tu devrais aller rêver un peu plus loin si tu veux mon avis. Et même s'il ne t'intéresse pas, je te demanderai de quitter les lieux dans les plus brefs délais.

Alistair, lorsqu'il travaillait, n'était vraiment pas quelqu'un de bon poil. Et pour le coup, il ne cherchait pas même à être poli. Il avait prononcé ces phrases d'un air neutre, parce que c'était la seule manière de cacher ses émotions. De plus, le blond souhaitait connaître les réactions de son vis-à-vis. Il serait rapidement en possession de ses réponses en fonction des agissements du garçon.

[HRP=Voilà j'espère que ça te va !]
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MessageSujet: Re: Silence brisé   Silence brisé Icon_minitimeLun 1 Juil - 18:18

Comme coupé du monde un moment, il ne remarqua rien de ce qu'il se passait dans le village, de l'escadron qui venait de l'envahir. En même temps, ce n'était pas comme s'il concevait une seconde que cela puisse arriver. Il n'entendait même plus le fracas de l'eau, alors la voix du général résonna vaguement dans la tête de l'albinos, comme irréelle. A cet instant un maigre rictus vint étirer le coin de ses lèvres, exprimant l'ironie qu'il ressentait : voilà qu'il se mettait à entendre des voix maintenant ? La folie l'attaquait finalement plus tôt que prévu...

Dans ce qui était pour lui un geste tout à fait inutile puisque persuadé qu'il n'y avait personne d'autre que lui au village, il détourna doucement les yeux puis la tête pour regarder dans la direction d'où semblait venir la voix. Il n'eut tout d'abord pas l'air de percuter lorsqu'il vit les trois hommes postés au bord de la rivière, croyant à une autre hallucination. Pourtant, il se mit à les fixer avec insistance, pendant des secondes qui lui parurent une éternité. Le bruit de l'eau revenait doucement à ses oreilles, et avec lui, il revenait lentement à la réalité.
Si bien qu'à mesure qu'il se rendait compte qu'il y avait en effet trois chevaliers devant lui, son regard se faisait plus persistant encore, ses yeux s'ouvraient un peu plus de stupéfaction, il peinait à y croire. Qu'est-ce qu'ils foutaient là ? D'où sortaient-ils ? Il n'avait peut-être pas toute sa tête, mais encore assez pour savoir qu'il ne pourrait pas tuer ces trois-là en même temps, à moins que ce ne soient vraiment des incapables. Ce qu'il doutait bien évidemment.
Se sentant alors possiblement menacé, il se mit rapidement sur la défensive, fronçant cette fois les yeux devant ce qui devait être le chef. Il n'avait pas peur d'être tué, non, il voulait simplement garder indemne ce qu'il considérait comme sa liberté. Et s'il fallait en découdre pour ça, alors il en serait ainsi. Sans le lâcher des yeux, il posa une main derrière lui, sur le rocher, afin de se redresser face aux intrus. Il ne fit pas un pas en avant ni en arrière, se contentant pour le moment de répondre. Et Dieu sait comme le dialogue lui fut difficile. Il hésita longuement avant de sortir ses premiers mots, pas parce qu'il les choisissait, mais parce que sa voix ne s'était plus exprimée depuis si longtemps qu'il ne pensait plus en avoir.

- Dégagez. Vous avez rien à foutre ici.

Mais l'attention de Pain fut un instant détournée par les bruits de fouilles s'échappant des quelques maisons, ainsi que par le cliquetis cinglant des armures en mouvement. Il put apercevoir un ou deux hommes plus loin, qui semblaient manifestement chercher quelque chose dans les ruines. Et ça le dérangeait. L'irritait, même. Pourquoi se permettaient-ils de venir fouiner ici ? Qu'ils s'occupent de leurs affaires !
Le cannibale reporta alors son regard plus dur vers celui qui avait parlé plus tôt, celui aux yeux rouges. C'était l'unique signe distinctif qu'il percevait. Il lui devinait des cheveux d'une couleur plutôt claire, comme ses vêtements, sans pouvoir en déduire plus. Il ne cherchait de toute façon pas à l'analyser, en tout cas pas encore.

- Qu'est-ce que vous cherchez ? Y'a rien ici, alors foutez-moi la paix.

On avait connu des tons plus aimables : arrogance, irrespect, colère, voici la grande partie de ce qu'on pouvait trouver dans sa voix. Il ne restait plus qu'à voir s'ils allaient gentiment obéir, mais ça, il n'y croyait pas trop.


--
[ HRP: C'est parfait~ :D J'espère que ce que j'écris te plait aussi >< ]
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MessageSujet: Re: Silence brisé   Silence brisé Icon_minitimeMar 2 Juil - 12:16

Les deux chevaliers gardaient main sur le pommeau de leurs épées, yeux rivés sur l'homme les pieds dans l'eau de la rivière. Ce n'était en revanche pas le cas d'Alistair. Il ne craignait pas grand chose, tout du moins à son avis. C'était peut-être cette sur-protection qui l'avait fait se rendre puissant et donc à même de pouvoir faire face à une éventuelle attaque sans arme. Bon, il fallait aussi dire qu'il était conscient de sa force, ou tout du moins de son expérience. Alistair était certes devenu meilleur lecteur de dossiers que maître d'armes, mais il égalait au moins chaque capitaine. Après tout, il lui arrivait d'apparaître lors de leurs entraînements pour ne pas trop perdre la main. On avait tendance à se complaire dans un siège, confortablement installé, alors que d'autres travaillaient d'arrache-pied. Enfin, le général bossait certainement plus que n'importe lequel d'entre eux. Et puis, d'ailleurs ce n'était pas le sujet.

Il observa le jeune homme dans la rivière se lever de son rocher. Le blond s'étonnait de sa capacité à ne pas ressentir le froid. Après tout, cette eau ne devait pas être tout ce qu'il y a de plus chaud. Faisant pourtant fis de ce détail, Alistair préféra se concentrer sur les agissements du bonhomme. Mais il observait à sa plus grande déception que l'homme ne bougeait désormais plus et se contentait de le fixer les sourcils froncés. Même si le général avait pourtant l'habitude de faire de même, en revanche cette fois-ci il restait aussi neutre que possible. Sans doute un léger haussement de sourcil le fit pourtant changer d'expression. Allons bon, était-il tombé sur un muet ? Ce serait véritablement sa veine. En même temps, cela ajoutait une considérable dose de bestialité au personnage. Après tout, ce dernier n'était pas spécialement bien habillé. S'il n'était pas en haillons, en revanche ce n'était pas non plus un costard. Alistair avait parfois du mal à oublier qu'en dehors de la ville, tout le monde n'était pas forcé d'être bien habillé sur soi. Et tenter de le raisonner était perdu d'avance.

Finalement, un son s'échappa de la bouche du plus jeune. Rauque. C'est tout ce qu'Alistair put noter. C'est tout ce qu'il voulut retenir, en tout cas. Vouloir s'énerver du manque de respect dont faisait preuve l'albinos risquait de mettre en péril ses potentielles découvertes. Bref, le garçon ne semblait pas avoir parlé depuis un certain temps, à l'entendre causer. Cela conforta encore plus les opinions d'Alistair. Il ne voulait pas faire d'allusions trop rapides, cependant cet homme laissait présager qu'on ne lui avait pas adressé la parole depuis des temps mémoriaux, ou bien qu'on ne lui demandait jamais son avis. Dans tous les cas, les échanges vocaux n'étaient pas son fort. Restait à savoir comment il s'exprimait dans ce cas.

Le général croisa alors les bras et fixa longuement le jeune homme. Les chevaliers derrière lui semblaient tellement tendus qu'ils risquaient de lui transmettre cette satané émotion. Alors, d'un air presque blasé, il se tourna vers ses deux protecteurs et leur ordonna :

-Allez chercher autre part, je peux bien me débrouiller seul avec ce garçon.

Les deux hommes se regardèrent, hésitants. L'ordre ne donnait lieu à aucun bavardage, et pourtant ils devaient probablement avoir reçu l'ordre du commandant de ne pas quitter leur général. Or, hiérarchiquement parlant, c'était au général qu'ils devaient obéir. Parallèlement, s'il lui arrivait quelque chose en leurs absences, c'était sur eux que tout retomberait. Alistair le comprenait parfaitement. Mais il ne pourrait avancer qu'en délaissant ces deux-là. Alors, soutenant le regard de ses deux chevaliers, il finit par obtenir gain de cause. Soupirant tandis que les deux hommes le quittaient, il reporta son regard sur le plus jeune qui s'était exprimé quelques secondes après son intervention.

C'est qu'il était terriblement malpoli, le jeunot. Il mériterai une bonne correction. Mais encore une fois, Alistair se retint du mieux qu'il put. Ah oui, c'est vrai, ce qu'il cherchait. Eh bien, puisque le jeune homme avait l'air d'être un habitué des lieux, il pourrait potentiellement le renseigner, ou faire semblant. Le général savait que ses deux chevaliers n'avaient probablement qu'exécutés la moitié de ses ordres. Sans doute ne se trouvaient-ils qu'à quelques mètres, cachés derrière on ne sait quoi, prêts à intervenir si la situation empirait. Sachant qu'il suffisait que le garçon s'approche trop du général pour que la situation soit définie en tant que telle. Et ça agaçait le blond. Alors, il décida de prendre lui-même les choses en main. Il enfourna ses mains dans les poches de sa veste et fit quelques pas en avant, si bien qu'il fut bientôt forcé de s'arrêter à cause de la rivière.

-Je cherche le fameux démon qui terrorise tant les pauvres habitants de cette contrée. En as-tu entendu parlé ?

Oui, ça ne servait strictement à rien de lui demander s'il savait de qui il s'agissait s'il n'en avait jamais entendu parlé. S'il vivait dans une telle autarcie au point de ne discuter avec personne, probablement ne se doutait-il même pas des choses étranges se produisant aux alentours. Bien sûr, s'il en était lui-même la source, il était tout à fait normal qu'il n'en ai jamais entendu parlé. Tout du moins devait-il s'en douter s'il possédait une quelconque intelligence. Les mots qu'employaient Alistair étaient durs, et malheureusement il n'en avait aucunement conscience. Gardant cet espace entre le garçon et lui, il attendit patiemment qu'il bouge ou se fasse une nouvelle fois entendre.
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MessageSujet: Re: Silence brisé   Silence brisé Icon_minitimeJeu 4 Juil - 16:56

Il aurait presque pu avoir l'air idiot, planté ainsi comme un piquet au milieu de la rivière, si son attitude ne lui donnait pas un air dangereux, sinon sauvage. Car oui, il était plutôt aisé de le traiter « d'humain à l'état sauvage ». Ainsi, il ne bougea pas tandis que le général donnait ses ordres. Il se fichait d'ailleurs bien de ce qu'il pouvait faire, lui ou ses sous-fifres, dès l'instant où ça ne le concernait pas. Il suivit tout de même des yeux les deux hommes s'éloigner, jusqu'à ne plus être capable de les voir. Cela dit, au vu de leur attitude, il ne doutait pas qu'ils rappliqueraient fissa si leur chef se faisait attaquer. L'offensive était donc à éviter tant qu'on ne le provoquait pas. Il n'était tout de même pas assez fou pour s'en prendre à un peloton d'hommes en armure très certainement utilisateurs de magie, large avantage sur l'albinos.
Reportant finalement son regard vers le général, il l'épia alors que ce dernier s'avançait. Il sembla se méfier de ce geste pourtant on-ne-peut-plus anodin, comme s'il craignait une attaque soudaine de son interlocuteur. On ne sait jamais, il valait mieux être prudent. Alors, s'il ne fit pas un pas en arrière, il se mit cependant un peu plus encore sur ses gardes.

- … « le démon »..

Répéta-t-il dans un souffle, de manière à peine audible. Ces mots s'étaient accompagnés d'un regard vers le bas, vers l'eau qui continuait indubitablement de couler, peu importe le temps, peu importe ce que ces personnes se disaient, peu importe les événements. On aurait alors dit qu'il réfléchissait, qu'il tentait de chercher loin dans sa mémoire ce à quoi ces mots pouvaient bien lui faire penser. Comme s'il les avaient entendu quelque part, sans vraiment s'en souvenir... On aurait pu aussi croire qu'il avait soudainement cessé d'écouter, et qu'il n'était encore une fois plus là.
En réalité, il réfléchissait. Plus ou moins. Bien sûr qu'il savait ce que cela voulait dire, et bien sûr qu'il se souvenait de l'endroit où il l'avait entendu. Pourtant, il ne voulait pas y penser.. Alors il fit l'impasse, d'instinct, sans vraiment s'en rendre compte. C'est seulement en faisant le lien entre ses repas et quelqu'un qui « terrorisait » les alentours, qu'il put se douter que c'était de lui qu'on parlait. A moins qu'il se trompait et qu'il y avait bien une bestiole plus loin qui faisait des dégâts. Il ne savait pas, il était loin d'être au courant de ce qu'il se passait. Alors il préféra rester vague sur la réponse, même si ça n'avançait pas vraiment le général.. Après tout, il n'était pas là pour l'aider à résoudre sa petite enquête, et il n'avait aucune envie de dire « Oui c'est moi » pour se faire embarquer, voir exécuter. Relevant les yeux, il s'adressa à nouveau à l'homme en face de lui, se montrant encore une fois peu coopératif.

- J'en sais rien.. J'te dis qu'y'a rien ici. Dégage et va chercher ailleurs.

Un grognement aurait presque pu accompagner ses paroles, tellement la présence de tous ces hommes l'agaçait. Mais il se contenta de refermer la bouche en déglutissant légèrement maladroitement, n'ayant pas encore reprit le coup de main de la parole. Puis finalement, il fit volte-face afin de rejoindre la rive opposée, laissant ainsi le sang circuler un peu mieux dans ses pieds. Seulement, il ne pouvait pas partir comme ça en les laissant tous là, qui sait ce qu'ils pourraient faire ? Une ou deux personnes passe encore, mais eux, ils sentaient la source d'ennuis à plein nez. Alors il resta sur la rive, se tournant seulement à demi pour garder un œil sur le général, ainsi que sur les maisons où fouillaient les autres plus loin, pour voir s'ils s'en allaient ou s'ils s'entêtaient à rester sur son territoire.
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MessageSujet: Re: Silence brisé   Silence brisé Icon_minitimeMar 9 Juil - 16:51

L'eau s'écoulait tellement tranquillement qu'on eut cru que rien ne pouvait la déranger. Et c'était le cas. La nature n'en avait strictement rien à faire de tous les tracas des humains. Alistair se demandait lui-même à présent ce qui l'avait tant poussé à se rendre dans cet endroit paumé. Des vacances ? Ne le faites pas rire. Il ne connaissait plus les vacances depuis l'acquisition de son titre. Les seuls instants de silence se produisaient lorsqu'il s'endormait, et ça ne durait jamais bien longtemps. C'était à se demander comment il pouvait tenir ce rythme à son âge. Qu'importe. Les yeux rivés sur son vis-à-vis, le général analysait ce dernier. Il n'était pas particulièrement étrange. Bon certes, sa dégaine était on ne peut plus paresseuse, et cela déplaisait fortement au centenaire, mais il n'avait de toute façon pas l'air de venir des contrées bourgeoises. Tout avait même l'air de prouver le contraire.

Alors, lorsqu'il l'entendit murmurer quelque chose de son rocher, le blond fronça fortement les sourcils. Il détestait par-dessus tout ne pas entendre, et malheureusement pour lui, ça n'était pas prêt de s'améliorer. S'il n'était pas bigleux ni même sourd, en revanche malgré les nombreux sorts, son âge commençait à faire apparaître quelques signes de faiblesse assez distinctifs. Le bonhomme avait quelques pas en arrière. Ah, alors comme ça, il voulait éviter la confrontation. Bien, bien, cet homme avait au moins toute sa tête pour ne pas tenter un ultime acte d'héroïsme.

Patientant lentement jusqu'à obtenir sa réponse, Alistair caressa du pouce l'amulette incrustée dans le manche de son épée. Le jeune garçon avait l'air de mûrir sa réponse. Ou bien subissait-il une extinction de voix ? Peu importe, ce silence pesant finit par lasser le vieil homme. Il était connu pour son calme assez impassible et ses blagues assez salaces auxquels il était le seul à pouvoir rire. Mais dans cette situation, il fallait avouer que son sérieux était de rigueur. Il soupira alors au moment même où le jeune homme se décida à parler.

Si, dans l'instant, le général se retint de tout commentaire, il était pour le coup assez désorienté par l'attitude de son interlocuteur. C'était un fait, il ne se connaissaient pas. Mais le jeune homme le regretterai bien vite. Tout en serrant les dents, le général fit apparaître une veine de frustration sur sa tempe droite. Il inspira profondément en fermant les yeux. Ça n'allait pas du tout. Cet homme était en train de lui filer entre les doigts, et Alistair refusait que cela se termine ainsi. Il était temps de lui faire comprendre qu'il n'avait pas vraiment le choix de la réponse. Le bonhomme face à lui avait traversé la rivière. Il était à présent hors de portée de sa lame, et réflexion faite, c'était une bonne chose. Qui sait ce dont le général était capable une fois mis en colère. Il caressa son pommeau un peu plus fort, comme si c'était la seule chose capable de le calmer en ces instants troublés. Et mine de rien, cela suffit. Bien que tempéré, Alistair n'oubliait pas les paroles de l'albinos. Alors, d'un air assez effrayant, il prononça ces paroles.

-Il va falloir te montrer un peu plus coopératif avec moi, mon cher. Tu as l'air louche, c'est un fait. Je ne tiens pas non plus à perdre mon temps. Alors, on va faire quelque chose.

Le général leva sa main à hauteur d'épaule, paume tendue sur le côté. Aussitôt, un des chevaliers non loin accouru et déposa quelque chose dans la main du blond. Oh, cette forme était repérable entre toutes...

-Soit tu m'informes de ce que tu connais...

L'objet émit un bruit sourd, légèrement tendu vers le haut, puis le général pointa le viseur vers l'homme de l'autre côté de la rive. Alistair n'avait jamais été très bon tireur, il y avait donc peu de chance pour qu'il parvienne à toucher le jeune homme. Mais le facteur chance tournait souvent en sa faveur. Le pistolet tendu vers l'albinos, Alistair prononça ces derniers mots avec un sourire tellement démoniaque qu'il eut put parfaitement coller à la description du "monstre" qu'il était venu trouver.

-Soit tu as intérêt à courir vite. Très vite.

Car lui, après tout, les tuait sans aucune cérémonie. Derrière lui, il sentait bien les regards de ses chevaliers penchés vers le bas. Le général était le plus haut gradé et par-là même on ne s'opposait pas à son commandement, et l'on fermait les yeux sur ses agissements. Il se ferait sévèrement punir à son retour par les autres conseillers s'il parvenait à tuer ce jeune humain. Mais il s'en fichait. Il voulait ses informations et était prêt à les obtenir à n'importe quel prix. Avec un peu de chance, cet homme était vraiment celui qu'il recherchait. Cela ferait d'un pierre deux coups.

[HRP=Ok, je sais pas comment va avancer ce rp, mais ça promet... PAPA DEMON POWA]
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