Début de soirée en fin de semaine, Lou s’habillait pour aller travailler. Elle venait de sortir de cours et avait juste eu le temps de repasser rapidement par chez elle avant de partir pour le bar. Elle enfila une paire de talons noirs, étant petite, elle avait bien besoin de ça pour traverser la salle entre les clients sans qu’un coup de coude maladroit ne fasse tomber son plateau et tous ses verres, elle mit un pantalon rouge plutôt serré, et un teeshirt simple et blanc. Par-dessus, une petite veste en cuir brune, et déjà, elle était dehors entrain de courir (oui oui en talons, c’est une des multiples capacités étonnantes de la femme) jusqu’à son lieu de travail.

La jeune femme arriva tout juste à l’heure pour le début de son service, passa au vestiaire pour déposer sa veste et se glissa derrière le bar. Il n’y avait pas grand monde pour le moment, un petit couple qui buvait un cocktail dans le même verre, et un groupe de jeunes hommes qui vinrent lui demander des bières. Elle les invita donc à aller s’assoir et leur dit qu’elle irait les servir. Les clients aimaient bien ça, et Lou appréciait de pouvoir bouger d’un bout à l’autre de la salle. Ce n’était pas possible en fin de soirée, elle devait rester au bar pour ne rater aucune commande et encaisser tout le monde au fur et à mesure pour éviter les oublis. Souvent, en fin de soirée, elle devenait un peu claustrophobe derrière son bar.

L’heure passait, le bar se remplissait, et c’est bon, elle était bel et bien coincée derrière son bar. Elle servait à tour de bras, faisant cocktails sur cocktails, mais personne ne restait au bar bien longtemps. La salle était grande et les clients partaient s’assoir au fur et à mesure, et il y a toujours un moment où Lou se retrouver seule et commençait à s’ennuyer.
Le premier grand rush était passé et Lou était donc seule au bar. Elle tournait le dos au comptoir, rangeant un peu, jetant les bouteilles vides et passant un coup de chiffon sur les verres. En même temps, elle se laissait entrainer par la musique, se déhanchant en rythme et chantant joyeusement.

Je sors de chez moi après une longue journée à avoir étudier. Je dois voir Ed dans un bar du centre ville. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu en plus, ça va nous faire du bien de parler en face à face. J'ai tellement de choses à lui raconter. Et lui doit en avoir plein. Parce qu'Ed est un voyageur. Il revient juste de Toki. Je n'y suis jamais allé et j'ai hâte de tout entendre à propos de cette ville.

Nous avons rendez vous à 23h dans un bar du centre ville. Et je suis très en avance. Alors je vagabonde dans les rues, toujours mon épée sur moi, juste au cas où. Alors je passe d'abord devant des boutiques. Je regarde les merveilles qui sont en vitrine. Certains magasins sont d'ailleurs encore ouverts. En même temps, c'est la capitale, plutôt dans le centre ville... Ça ne me choque pas vraiment. Du coup, j'entre dans certaines d'entre elles et ressort avec des paquets à la main. Ce n'est pas très sérieux de faire les boutiques avant de voir un ami, surtout à cette heure si mais ... Autant en profiter. Je n'aime pas vraiment faire les magasins, c'est juste que là je dois tuer le temps. Et ce n'est pas comme si je passais deux heures dans chaque boutique. Je rentre uniquement si il y a quelque chose qui me plait dans la vitrine, sinon, je passe mon chemin.

Et c'est quant même comme ça que j'ai réussit à trouver mon totem, étrange, n'est-ce pas ? Enfin, la boutique m'attirait, je ne sais pas comment expliquer ça. C'était un besoin que je rentre dedans et je ne pouvais pas l'ignorer. Alors j'ai passé la porte et j'ai cherché. Enfin, c'est plutôt lui qui m'a attiré disons. Mais si rien ne m'avait attiré à l'intérieur, jamais je n'aurais franchit cette porte. C'était le vrai bazar dans cette boutique en y repensant. Les objets s'entassaient, poussiéreux. Et la vitrine... Je ne sais même pas si on pouvait appeler ça une vitrine, elle était à l'image même du reste de la boutique.

Mais mon totem était accroché à un mur, loin de tout ce ramassis de désordre, fièrement, au dessus de tout, rien ne l'atteignant. Il était mien, il m'attendait. Depuis le début il était là pour moi.

J'arrive devant le bar où Ed est censé me rejoindre dix minutes avant l'heure prévue. Et mon téléphone sonne. Je regarde l'expéditeur, c'est Ed. Je décroche donc.

- Tu tombes bien, je suis juste devant le b...
- Je ne peux pas venir, désolé Ichigo, une urgence.
- Une autre fois p...
- Oui c'est ça, aller, à plus !

Fin de la communication. Rapide, exactement. Et oui, ce truc est un ami à moi. J'en suis étonné parfois, je l'admets. J'hésite à rentrer chez moi du coup. Je jette un coup d'oeil au bar. Il n'a pas l'air si surpeuplé que ça. Et personne n'est assis au comptoir. Alors je me lance et rentre dedans. En fait, il fait chaud. Ils auraient pu ouvrir ou mettre la climatisation, ça ferait un bien fou.

Je m'assoie donc au comptoir et aperçois une jolie chevelure rousse flamboyante. Je me racle la gorge mon signaler ma présence.

- Un coca s'il vous plait... Avec glaçons.

Quoi ? Je n'aime pas l'alcool, et alors ? Je n'ai pas le droit ? Ça m'arrive d'en boire, oui. Mais c'est plutôt rare. Ou alors il faut vraiment que je veuille me bourrer. Et c'est encore plus rare ça aussi. Ou alors on me force. C'est souvent ça d'ailleurs. Je jette un coup d'oeil à la salle remplie pour voir s'il n'y a pas une place pour moi mais tout est plein. Alors je pose mes deux coudes sur le comptoir et sourit à la jolie serveuse, la remerciant quand elle me sert, accompagné d'un sourire.

- C'est tous les soirs comme ça ?

Je me permets de lui faire la conversation, elle n'a pas l'air très occupée, pour le moment, certes. Même si la salle est bondée, personne ne lui demande rien. Et je suis seul aussi, donc autant s'occuper comme on peut.

Alors qu’elle bougeait en rythme en essuyant ses verres, une vois la fit se retourner. Elle tomba nez-à-nez avec un jeune homme aux cheveux orange. Orange ? Ca la fit sourire. Elle-même avait les cheveux rouges et savait que ce ne devait pas être évident tous les jours. De plus il lui avait demandé un coca. Lou leva les yeux vers l’horloge en face d’elle. Il était 23h, et ce jeune homme demandait du soft… D’habitude quand on lui demandait di soft c’était une personne dans un groupe, celle qui ramène les autres en fin de soirée. Enfin, s’il voulait rester au bar, elle préférait de loin qu’elle prenne un coca plutôt qu’il finisse totalement saoul et qu’il lui serve une conversation d’homme…, bah d’homme saoul…

– Un coca ? Ca marche

La jeune femme lui servit un large sourire avant de se baisser pour fouiller dans le frigo sous le bar. Elle sortit une bouteille de soda qu’elle posa sur le bar devant le jeune homme, se retourna pour chercher un des verres qu’elle venait d’essuyer, pris une paille qu’elle glissa dans le verre avant d’y mettre quelques glaçons, dégaina le décapsuleur qu’elle avait à la ceinture et décapsula d’un geste net la bouteille de cola.
Elle sourit à nouveau à son client, versa le soda dans le verre et le tendit au jeune homme.

– Et voilà. Il n’y a pas grand monde au bar, je te ferais régler quand tu partiras.

Lou avait pris l’habitude de tutoyer ses clients qui avaient l’air d’avoir moins de 70 ans. Vu le décor, elle trouvait cela plus conviviale.
Elle le vit regarder la salle avant de lui demander si c’était tous les soirs comme cela. Comme cela ? Bondé ? Comme cela, avec personne au bar ??

– Ca dépend des jours. Le mardi soir par exemple, il n’y a pas un chat, les gens sortent moins. Après ce soir, même s’il y a pas mal de monde, ils arrivent tous à se caser sur les tables, parfois il y a du monde debout jusque dans l’entrée. Là le premier grand rush est passé, du coup c’est plutôt calme…

Lou arrêta de parler, se disant qu’elle était trop bavarde, mais bon, elle s’ennuyait ferme, et ça lui faisait plaisir de parler. Elle sourit au jeune homme avant de reprendre la parole.

– Et toi ? Tu viens souvent boire un coca tout seul dans un bar ??

Elle ne voulait pas l’offenser, et avait donc demandé cela avec un sourire. Avant qu’il n’ait pu répondre, une jeune femme vint lui demander deux cocktails. Lou acquiesça avec un sourire, sortit deux verres, mis dans chacun une dose d’alcool, puis un mélange de différents jus de fruits, et enfin, délicatement, un trait de sirop. Le cocktail pris une jolie couleur dégradée, elle mit une paille et une brochette de bonbons dans chaque verre, les tendit à la jeune femme, et lui demanda de payer maintenant si elle ne restait pas au bar. Elle encaissa sa cliente et se retourna vers Ichigo, posa ses coudes sur le bar avec un sourire.

La serveuse me fait un large sourire avant de me préparer mon coca d'une main d'experte. Bon, c'est juste un coca, certes. Mais c'est déjà pas mal tout de même ! Je veux dire, ces gestes sont fluides, elle sait ce qu'elle fait. Elle sort les ingrédients dans l'ordre, on voit qu'elle a l'habitude. Et au moins, elle ne me juge pas sur mon petit coca. Et ça c'est bien. Très bien même. C'est pas parce que je n'aime pas l'alcool qu'il faut me dire que je suis ... Je sais pas en fait. Mais je sais tout de même m'amuser, quand même. Et puis, parfois je bois. Parfois. Pour faire plaisir surtout je dirais.

Et puis là, je suis seul, je ne vais pas aller boire de l'alcool, ça ferait jeune alcoolique déjà dépressif de la vie. Alors que ce n'est pas du tout le cas. Je veux dire, avec ma couleur de cheveux, c'est pas possible d'être dépressif. Voilà, c'était la blague du soir.

Elle me tend donc mon coca, et je la remercie d'un signe de tête tandis que je commence à boire avec la paille qui est fournie avec le verre. Ça, c'est du service de professionnel ou je ne m'y connais pas ! Bon, je ne m'y connais pas, mais j'ai tout de même le droit de dire ce que je veux.

– Et voilà. Il n’y a pas grand monde au bar, je te ferais régler quand tu partiras.

Autre signe de tête pour la remercier, encore. Décidément, je ne suis pas bavard aujourd'hui. En plus, je suis seul. C'est nul un peu. J'aime pas quand on me pose des lapins, surtout aussi tard. Et surtout, de la manière dont il m'a parlé au téléphone... Ravi, je suis ravi ! C'est sympa d'avoir des potes tiens. Super sympa. Surtout que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vu ! Je veux dire, c'est pas comme si on se voyait tous les jours, là, ok. Mais c'était le seul créneau qu'on avait trouvé pour se voir et ... il me raccroche au nez. Merveilleux.

– Ça dépend des jours. Le mardi soir par exemple, il n’y a pas un chat, les gens sortent moins. Après ce soir, même s’il y a pas mal de monde, ils arrivent tous à se caser sur les tables, parfois il y a du monde debout jusque dans l’entrée. Là le premier grand rush est passé, du coup c’est plutôt calme…

Elle s'arrête d'un coup de parler. Ça la gêne ? Ça devrait pas, sa voi est agréable, et je n'ai pas grand chose à raconter de mon côté. Je suis plutôt du genre silencieux et qui garde tout pour soi de toutes manières. Donc, il faut me tirer les vers du nez. Et me poser beaucoup de questions pour arriver à avoir quelque chose de moi. C'est pas forcément sympa, je sais. Mais je suis né comme ça, j'y peux rien. Enfin, non. Je ne suis pas né comme ça. Je suis devenu comme ça à la mort de ma mère. Disons surtout que c'est la mort de ma mère qui a tout changé dans mon comportement.

– Et toi ? Tu viens souvent boire un coca tout seul dans un bar ??

Elle s'excuse ensuite tandis qu'elle prépare des cocktails pour deux nouvelles arrivées. Je continue de regarder comment elle fait parce que je trouve ça ... Assez incroyable. On dirait qu'elle n'a pas besoin de réfléchir pour faire tout ça. J'aime bien. Je suis comme ça quand je me bats avec mon épée ? Bon, ça doit être beaucoup plus bourrin, certes. Mais je comprends l'idée. En même temps, c'est la mienne.

- Non, je préfère être accompagné. Un ami devait venir mais... Il avait autre chose à faire. Alors me voilà... Seul.

Comme elle peut le voir. Du coup je suis seul, et j'aimerais bien qu'elle me tienne compagnie. Son travail passe avant tout, bien entendu. Mais quand elle n'a aucun client à servir, nous pouvons discuter, n'est-ce pas ? Par contre, comme je l'ai dit, je ne suis pas bavard. Donc... Ça risque d'être compliqué.

Lui demander son âge risque d'être déplacé. Je ne suis pas là pour draguer qui que se soit. J'aime bien les fille, aucun soucis pour ça, encore une fois, mais je suis déjà bien assez occupé avec toutes mes affaires pour consacrer du temps à une copine en plus. Là, je n'ai pas le temps pour ça. Et ce n'est pas dans mes projets, je veux dire, j'ai encire toute la vie pour y penser, je suis jeune. Je n'ai même pas vingt ans, donc... Je crois que "trouver l'amour" n'est pas dans mes priorités et que j'ai encore beaucoup de temps pour ça.

- Comment tu t'appelles ?

Quitte à "passer la soirée ensemble" autant connaître son prénom, je trouve ça plus agréable. Et puis je la tutoie vu que ... Elle ne m'a pas l'air très âgée.