Mentir est peut être un défaut, mais qui peut vivre sans mensonge ? Mentir est peut être puni et l'on l'interdit aux enfants, mais quel parent ne ment pas ? Le mensonge nous permet de tenir debout, de tenir bon. Le mensonge est partie intégrante de nous; on ne pourrait donc le définir simplement comme menteur, le garçon là, qui plante son regard ciel dans les nuages. Un rêveur avant tout, nous viendrait à l'esprit. Le mensonge, ce n'est qu'une protection, mais aussi les mots qui sortent de cette bouche-la, qui n'use que rarement de réflexion avant de parler. Spontanéité et mensonges peuvent faire bon ménage, surtout chez lui. Car spontané peut être, mais s'il veut vous faire croire quelque chose, vous le croirez, s'il veut que vous ne vous doutiez pas qu'il s'en arracherait presque les ongles tant il a mal, vous ne vous douterez de rien. Cacher ce que l'on ressent est une protection comme une autre. Et les cacher derrière un grand sourire est tellement plus efficace.

Ce garçon, là, au regard rieur mais perdu, tu le connais un peu ? Non ? Alors, laisse moi te parler un peu plus de lui, d'accord ?

Ce garçon là, il s'appelle Evan. C'est quelqu'un de souriant, toujours, en toute circonstances. Ces amis le disent un peu stupide. Stupide, irréfléchi et spontané, cela va dans le même sens après tout. C'est un adolescent vif et curieux, quelqu'un de perpétuellement joyeux - trop disent certains. Il détonne un peu, dans le paysage. C'est un véritable astre à lui tout seul. Evan, il fait un peu rêver, par son innocence apparente. Apparente, parce que n'oublions pas qu'il a dix-sept ans, et qu'à dix-sept ans, on sait que le père noël n'existe pas, qu'il n'y a pas que de gentils gens sur Terre et comment on fait des bébés. Donc oui, il a tout à fait conscience qu'à dix-sept être encore puceau cela peut être sujet à la moquerie, mais franchement, c'est le cadet de ses soucis. Pas comme s'il était capable de ressentir de l'attirance physique pour qui ce soit - ou du moins, pour qui ce soit qui ne soit valable.

Evan aussi, c'est normal qu'il ait pleins de pansements partout. Il se bat tout le temps, cet idiot. Dés qu'une bagarre a lieu, il saute dans la mêlée, c'est plus fort que lui. Un désir de protéger la veuve et l'orphelin et de défendre les plus faibles, dit-il. La vérité ? Quoi, du masochisme ? Ou juste le désir de se punir, juste le besoin de se blesser pour se pardonner - un peu. Parce qu'il n'est pas parfait, Evan. Non, il ne pense pas à vous, en venant vous aider. Non, il pense à lui, avant. Peut être pas toujours consciemment, peut être parfois pour les autres réellement, peut être pour s'oublier un peu, quelques fois. C'est un égoïste, Evan. Il pense à lui, il agit pour lui, pas pour vous. Il ne songe pas à la douleur qu'il peut vous infliger - ou qu'un peu. Quand on s'attache trop à lui - et pas comme un ami - il tentera d'être délicat, de repousser tendrement, sans faire mal. Parce que la douleur qu'il vit, il ne veut pas que d'autres la ressentent aussi.

Evan ne mesure pas ce qu'il dit, ou ce qu'il fait; il ne réfléchit pas à la portée de ses actes ou ses dires, il ne songe pas une seule secondes aux conséquences. Il agit, pense, dit, dans le moment. Il vit dans l'instant. Réfléchir aux conséquences, il ne sait pas faire - ou si peu. Et quand on est égoïste comme lui par dessus le marché, on se fout de ce que les autres pensent, tant que l'on peut être heureux - ou bien; heureux, ce serait compliqué - on se fiche de savoir que l'on n'a pas le droit, et que telle ou telle personne pourrait en être blessée. On ne réfléchit pas aux autres quand c'est pour soi. Et il a conscience de ce défaut - parfois il veut y remédier, parfois pas. C'est compliqué. C'est casuistique aussi.

Evan vit à Heka; il est donc sujet de cette magnifique religion qui s'impose à tous les esprits habitant cette île. Pas fanatique, mais pas athée. Il est superstitieux, et demande souvent l'autorisation dans le vide - enfin, tout est relatif, faut déjà qu'il réfléchisse avant. Puis il est rêveur, il a la tête dans les nuages aussi, souvent, tout le temps ? Il est ailleurs, dans son monde, à rêver, à espérer; même s'il est parfaitement conscient qu'il n'en a pas le droit. Et alors ? Si c'est ce qu'il faut pour être heureux ?

Déjà Evan, tu pourrais commencer par ne plus te renfermer sur toi-même, quand tu es tout-seul; tu pourrais dire quand tu as mal, tu pourrais cesser de mentir. Tu pourrais juste poser des questions, essayer de comprendre, essayer de te comprendre. Et cesser de fuir ?

Dix-sept ans, un mètre soixante-dix, soixante quatre kilos, Evan n'est pas très grand ou imposant, surtout pour son âge. Mais il espère toujours grandir. Puis il voit que son frère ne le dépasse que de deux centimètres, et qu'il y a donc peu de chances qu'il ne grandisse beaucoup plus. En plus d'être plutôt petit, il a une allure plutôt faiblarde - il a des muscles, ce n'est pas le problème. Tout habillé, il fait juste faiblard. Surtout qu'il aime en rajouter, des couches. Sweats et shorts amples ou jeans composent majoritairement sa garde robe. Puis, on pourrait parler de son visage aussi, 'pas comme si c'était la première chose que l'on voyait chez lui - surtout ses yeux. Bleus océans - comme son frère -, toujours piqués d'une vivacité extraordinaire. Un regard rieur et doux à la fois, qui cache parfaitement bien ses émotions - incroyable, non ? C'est un si bon comédien, c'est surprenant. Et c'est parce que tout passe par le regard, qu'il s'applique à darder toujours un regard vif et intangible. Et puis, il a une peau pâle qui n'aime pas le soleil; et enfin, une chevelure chocolat qui n'aime pas lui obéir et qui dit fuck la gravité. Pour ce qui est des couleurs qu'il porte - parce qu'ordonner son propos, c'est nul - il préfère rester sobre la majorité du temps, dans les gris et noirs, mais adore rajouter du rouge partout. Par-tout. Bon il fait des efforts, parce que bon. Oui cette phrase ne voulait rien dire. Puis il adore les mitaines aussi. Et ouais, il aime vraiment ce qui est ample. Et les shorts. Oui je l'ai déjà dit. Mais comme il se bat souvent, il a souvent pleins de pansements aussi. Donc des jeans, il en porte plus souvent que des shorts. Et il a souvent des bandages aussi. Avec un sourire joyeux con. Bref. Tapez le s'il vous plaît. Qu'il comp--non il comprendrait pas.

Chacun son parcours, ses douleurs, ses joies. Pour ce qui est d'Evan, sa vie aurait pu être simple - tout est relatif, pour un habitant de Heka. (uc)